Episode 1 – Droit à l’esport –Entretien avec Annabel BOEHRER

J’ai eu le plaisir d’échanger avec Annabel BOEHRER, maman de l’un des plus jeunes joueurs professionnels en France : DKS, âgé de 15 ans, esportif sur le jeu vidéo Fortnite, édité par EPIC GAMES.

Au cours de cette conversation, nous avons abordé de nombreuses problématiques pour les jeunes professionnels, telles que la rémunération, la gestion des contrats, l’accompagnement de la structure esportive, ou encore la conciliation avec la scolarité de l’enfant.

Plus généralement, nous avons évoqué les défis auxquels les esportifs et leurs familles sont confrontés, ainsi que les solutions possibles pour les aider à les surmonter.

Alors que le Président Emmanuel MACRON a récemment pu faire un lien entre les émeutes actuelles en France et les jeux vidéo (cliquer pour aller sur ce lien), cet entretien, clairement positif, est particulièrement instructif sur ce qu’est l’esport au quotidien et ce qu’il peut apporter aux joueurs en termes d’encadrement, d’épanouissement personnel et professionnel, et de sociabilité avec le monde qui nous entoure.

Il y a notamment 8 minutes à écouter absolument à partir de la 27ème minute.

Je tiens à remercier chaleureusement Annabel pour son partage d’expérience très précieux.

Très bonne écoute !

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Retranscription de l’épisode :

Julien : Bonjour Annabel.

Annabel : Bonjour.

Julien : Merci de participer au podcast droit à l’esport. Donc l’idée de ce podcast, c’est de partager les différentes expériences des acteurs au sein du secteur et de pouvoir permettre aux auditeurs de répondre aux questions qui peuvent se poser dans le domaine juridique, principalement par les solutions que tu as pu trouver à travers le temps et l’implication que tu as pu avoir. Des solutions qui peuvent leur permettre eux aussi de pouvoir de pouvoir avancer. Comment es-tu, toi, rentrée dans ce secteur de l’esport ?

Annabel : Déjà, je suis la mère de DKS qui est joueur professionnel fortnite et sous structure chez MCES. Alors en fait, je suis rentrée dans le domaine de l’esport en mai 2020. Jusqu’à mai 2020, je n’y connaissais absolument rien. Pour moi, c’était un monde particulier et en fait DKS jouait sur PS4. Il vient me voir en demandant de lui acheter un PC parce qu’il souhaitait se mettre sur PC pour être plus performant sur fortnite.

Julien : Il à quel âge à ce moment-là ?

Annabel : Quatorze ans. Non, il avait douze ans et demi.

Julien : il avait douze ans et demi.

Annabel : Donc on lui achète un PC et un matin, on est en plein confinement. Un matin du mois de mai. Il me dit Maman, faut que je te parle. Il ne dit pas. J’ai fait une Cup hier et j’ai été contacté par une équipe qui veut me recruter dans son équipe. Ok, très bien, je dis mais comment je vais entrer en contact avec eux ? T’inquiète, ils vont te contacter par discordes. Déjà discordes okay d’accord. Qu’est-ce que c’est ? je dis bah écoute. Ok, on verra ça. Et puis j’ai effectivement été contacté, donc c’était dual média. Donc j’ai eu un entretien avec le coach et le directeur de la structure. Un entretien donc, via discordes. Donc c’est là que j’ai fait la connaissance de discorde.

Annabel : Et on a parlé. Et donc il a eu un c’était un peu. Ce n’était pas du tout un contrat professionnel, c’était un petit contrat. De toute façon il n’avait pas l’âge donc c’était un petit contrat pour se familiariser avec le milieu de l’esport.

Julien : Il ressemblait à quoi ce contrat justement ?

Annabel : Je t’avoue, je ne sais même plus trop. C’était bon. C’était un contrat qu’on avait signé ou c’était un contrat, une collaboration. Voilà, c’est un contrat de collaboration donc qui se terminait. C’était un contrat de six mois, donc il se terminait en novembre. À la fin de ce contrat, il revient me voir donc c’était en novembre. Il revient me voir en me disant Maman, j’ai été contacté par une nouvelle structure. Donc entre temps, j’avais un petit peu regardé. Je m’étais un petit peu familiarisé avec le milieu et il me dit J’ai été contacté par une nouvelle structure c’est MCES. Alors là, j’ai fait OK. Donc je connais puisque j’ai commencé à suivre. Voilà, je m’étais un peu familiarisé et je dis OK MCES ben super quoi. Recontacte via discorde et tout ça. Il a eu treize ans donc en novembre 2020 et son premier contrat professionnel a été signé à ses treize ans. À ce moment-là.

Julien : Et donc là, comment ça se passe justement sur ce deuxième contrat ? C’est à dire que tu reçois le contrat, donc tu avais déjà le contrat de collaboration à l’origine qui te servait un petit peu de modèle en tout cas, ou d’historique.

Annabel : Alors là, il était totalement différent. En fait, c’était un contrat de cession de droits à l’image. D’accord, là, il est donc en contrat, donc de cession de droits à l’image pour MCES.

Julien : Et dans le cadre de ce contrat, comment toi tu l’analyse ? Comment tu ? Comment tu regardes les différentes clauses ? Alors il faut. Il faut rappeler quand même le parcours que toi tu as aussi à titre personnel, c’est à dire que tu n’es pas étrangère au monde juridique.

Annabel : Oui, moi je suis juriste, diplômé, huissier de justice. Donc c’est vrai que j’ai quand même regardé un peu. Je me suis documenté, je suis allé sur Internet parce que ce n’est pas, ce n’est pas du tout mon monde professionnel. J’ai regardé. Au niveau du contrat, j’ai regardé ce qui se faisait, j’ai vu que c’était un peu particulier, pas vraiment légiféré et que la matière n’était pas spécifiquement légiférée. Donc j’ai dit bon, on va voir. Donc j’ai lu le contrat. J’ai eu des échanges tant avec le manager que la directrice de la structure. On a eu des visios. Donc il y a eu énormément d’échanges. Donc voilà, s’il y avait un souci au niveau du contrat, on pouvait discuter, donc.

Julien : Discuter librement. Sachant que sur un contrat de cession droit à l’image, on est sur du droit classique, on est sûr de la propriété intellectuelle qui est donc encadrée, qui existe. Il y a un code de la propriété intellectuelle, il y a des règles, il y a de la jurisprudence. On n’est pas sur un terrain totalement inconnu malgré tout.

Annabel : C’était un contrat de cession à l’image classique, donc il joue sous la bannière MCES. Et puis il a des opérations de représentation de sa structure qui diffuse sur ses réseaux sociaux, donc des séances de shooting et tout ça.

Julien : C’est ça. C’est à dire que, encore une fois, l’idée de ce contrat-là, c’est véritablement de pouvoir structurer à la fois les droits et les obligations du joueur et également de l’équipe, et donc de pouvoir prévoir toutes les différentes étapes un peu pratiques au jour le jour de ce qui doit être fait, de ce qui ne peut pas être fait, de ce qui est autorisé, de ce qui est interdit, etcetera, etcetera.

Annabel : Complètement. Et ça, ça protège quand même les deux parties puisqu’eux s’engagent aussi, comme il y a une diffusion sur les réseaux sociaux et sur la chaîne Twitch. Tout ce qui pourrait porter atteinte à l’intégrité et à l’image de DKS est protégé. Non, ça, c’est bien encadré.

Julien : Et donc, Et après, dans les clauses, dans les clauses classiques aussi. Donc, il y a les objets, il y a les droits et obligations. Et puis il y a aussi des clauses de rémunération, des clauses de sortie, de résiliation du contrat en cas de manquement, etc, etcetera mais des clauses de durée aussi.

Annabel : Il y a des clauses de durée. Il y a des clauses de rémunération, il y a des clauses d’évolution, éventuellement du contrat. Des clauses de sortie, tout ça.

Julien : Tout était bien encadré justement. Et tu as été rassuré grâce à la fois à ce que tu as pu te documenter, toi de ton côté, mais aussi par les échanges que tu avais avec l’équipe.

Annabel : Alors on a eu ces échanges là et ensuite donc voilà la signature.

Julien : Et l’aventure se poursuit.

Annabel: L’aventure se poursuit. Et en fait, sachant que comme il est jeune, il est très encadré. C’est à dire que tous les mois, on a une réunion en visio avec le manager et les coachs d’MCES ou on parle des prochaines compétitions et ils sont tout à fait disponibles. On peut les contacter quand on a besoin pour quelque question que ce soit en fait.

Julien : Ouais donc en plus y a un suivi aussi au quotidien, ce n’est pas juste. On a signé un contrat, chacun fait son travail et puis ça se termine. Non, il y a aussi de vérifier, que tout se passe bien, que tout le monde est content. Alors justement, pour rebondir un peu là-dessus, et notamment la problématique du fait qu’il y a un enfant mineur qui a maintenant treize ans et demi ou quatorze ans.

Annabel : Oui, c’est ça, c’est ça. Donc là, il a quatorze ans et demi, voilà.

Julien : Donc de manière générale, à la fois au niveau du fait qu’il soit mineur et également pour pouvoir recevoir le contrat, le signer, etcetera. On tombe un petit peu sur les problématiques juridiques que tu as pu rencontrer d’ailleurs au quotidien depuis cette époque de mars 2020. Je te laisse le soin de nous présenter un peu les sujets sur lesquels tu as pu tomber et comment tu as pu essayer de les résoudre.

Annabel : Déjà effectivement, les contrats, ils ont été signés par moi et mon conjoint. Donc de toutes les façons, nous sommes ses représentants légaux. Nous avons signé le contrat, on représente notre fils, il a signé le contrat, mais il le signe pas tout seul.

Julien : Oui, c’est ça.

Annabel : La problématique que j’ai, c’est que donc DKS est l’un des joueurs les plus jeunes en France. Et en France, un mineur ne peut pas disposer de l’argent qu’il gagne et les parents non plus. C’est cette problématique-là. C’est que, en fait, tout l’argent qu’il gagne tant de ses compétitions que de sa rémunération au titre de son droit à l’image. Eh bien, ni lui ni nous ne pouvons en disposer. Donc nous sommes tenus de consigner cet argent à la Caisse des dépôts et consignations, donc jusqu’à 2020, le principe de la conciliation à la Caisse des dépôts pour les joueurs compétitifs de jeu vidéo, ça n’existait pas. Il ne connaissait même pas et on ne pouvait pas comme ça consigner de l’argent. Une loi a été adoptée et je crois que c’est de mémoire, c’est une loi de 2020, c’est légiféré par le code de la sécurité intérieure. Voilà qui dit que les récompenses monétaires perçues donc par les enfants de moins de seize ans qui sont obligés d’aller à l’école, doivent être versées à la Caisse des dépôts et consignations par l’organisateur de la compétition. Donc en fait, il y a deux problèmes pour les joueurs compétitifs de jeux vidéo. C’est à la fois la rémunération qu’ils touchent, leurs cashprize en fait, leur leur gain en compétition et la rémunération de la structure. Sachant qu’en principe, Epic Games devrait consigner directement l’argent des gains perçus par le joueur. J’ai été en contact avec la Caisse des dépôts et Consignations. Je sais que l’Epic Game ne le fait pas. Je sais qu’ils sont en pourparlers. J’ai comment dire. J’ai eu un entretien avec l’une des gestionnaires de la Caisse des dépôts qui me dit oui, je sais, on est en contact avec Epic Games. Les avocats se parlent, mais pour l’instant. Epic Games ne consigne pas. Et il y a là également la consignation de la rémunération du droit à l’image.

Julien : Sur la première partie, sur Epic Games. Ou est-ce que va l’argent alors des compétitions ?

Annabel : Et bien là, à l’heure actuelle, il a un compte exclusif qui lui est ouvert, sur lequel il ne perçoit que les gains d’Epic Games. Donc en fait, il a un compte bancaire. Chaque fois que Epic Games verse le gain. Alors en plus, la particularité c’est que comme il est mineur, c’est à dire que Epic Games me règle, moi je dois donner un compte bancaire d’une personne majeure. Donc Epic Games me verse l’argent, je vire spécifiquement le montant reçu. Donc tout ça par transparence. J’imprime tout.

Julien : Sur le compte de ton fils.

Annabel : Voilà, alors, qui est administré par moi puisqu’il est mineur. Mais sur ce compte-là, il n’y a que les cash prize qu’il a touché d’Epic Games puisque Epic Games, de son côté, ne consigne pas.

Julien : Oui, tout à fait. Et parce que Epic Games est en négociation avec la Caisse des Dépôts pour justement essayer de trouver une solution à cette problématique.

Annabel : Exactement donc en fait il est. Il a treize ans, donc il a le droit de jouer dans la réglementation, dans le règlement intérieur d’Epic Games. Bien sûr, il a le droit de percevoir des gains en fonction de ses performances. Ses gains n’étant pas virés d’Epic Games à la Caisse des Dépôts et Consignations. Ils nous sont virés, ils me sont virés à moi et je les reverse sur ce compte qui est spécifiquement affecté à ça. Il n’y a pas le moindre centime autre. Les grands parents qui y versent, qui donnent de l’argent pour Noël, Non.

Julien : Bien sûr, non. Pour bien distinguer les choses.

Annabel : Vraiment pour bien distinguer les choses.

Julien : Ok et donc au titre du contrat avec MCES sur le droit à l’image.

Annabel : On a créé une société qui gère l’activité esportive de DKS et je facture la société facture à MCES tous les mois, la rémunération mensuelle.

Julien : Donc c’est là c’est la SAS, la société par actions simplifiée qui elle a un compte bancaire aussi et qui donc perçoit les sommes.

Annabel : Voilà qui est au nom de DKS. Il y a, il y a plusieurs associés, donc ses parents, lui, il est associé puisqu’il est en âge d’être associé dans une société à partir du moment où il n’en est pas le dirigeant. Donc je suis la dirigeante et en fait voilà, c’est une vie de société classique mais avec un objet social large, c’est à dire la gestion de l’activité sportive de DKS. Du coup, quelle que soit la rémunération de son activité sportive, vont sur le compte de la société et ensuite c’est consigné à la Caisse des dépôts et Consignations.

Julien : Donc là, justement, c’est dans un deuxième temps. C’est à dire que là, là, pour le coup, c’est d’abord ça passe sur la société et ensuite ça va à la Caisse des Dépôts et Consignations. Voilà ce qui entraine une lourdeur administrative difficile à gérer au quotidien.

Annabel : Oui, un peu. Oui, un peu. Faut aimer les formalités.

Julien : Voilà, c’est ça, c’est ça ? Nan mais déjà que c’est difficile sur le principe. Heureusement que toi, tu as une certaine appétence ou en tout cas une certaine culture de justement l’administratif. Pour pouvoir gérer ce genre de choses.

Annabel : Il y a ça. Après, il faut aussi s’entourer. Je ne vais pas me cacher. On a un avocat spécialisé en esport ou on a un expert-comptable spécialisé dans l’esport. Si vraiment des joueurs veulent se lancer des joueurs mineurs donc, qui seront assistés par leurs parents. L’ensemble des formalités seront faites par leurs parents. Eh bien, il faut quand même s’entourer de professionnels spécialisés dans l’esport qui connaissent la matière pour pouvoir bien structurer la chose de manière à ce que ce soit carrée notamment due à l’âge. Voilà, c’est surtout ça, c’est l’âge, c’est l’âge qui fait que.

Julien : Oui, c’est la grande difficulté que vous avez et notamment. Et ça, ça doit être un des points importants de ton témoignage. C’est la transparence aussi à l’égard de ton fils, qui qui est le joueur et qui est l’acteur moteur de cette opération, mais aussi à l’égard de la Caisse des dépôts et Consignations puisque justement, comme il y a une règle qui est mise en place et en même temps une pratique qui fonctionne pour l’instant de manière encore un petit peu flou. Ce qui est important, c’est d’arriver à justement essayer de faire avancer les choses et de pouvoir, vis à vis de la Caisse des dépôts et consignations, montrer complètement patte blanche de ton côté. Quitte à ce que la Caisse des Dépôts puisse elle aussi avancer avec Epic et avec les autres acteurs du secteur.

Annabel : Exactement. Une première consignation a été effectuée. Elle est en attente de validation parce qu’eux-mêmes ont un peu de pas de mal. Mais je pense que l’esport pour la Caisse des dépôts et Consignations, c’est un peu encore un domaine qui les dépasse.

Julien : Ouais, c’est ce que j’allais te demander. C’est quoi l’évolution que t’as senti au niveau des échanges que tu as depuis fin 2020 à Aujourd’hui sur justement la prise en compte par la Caisse des dépôts de cette problématique qui se répète quand même de plus en plus.

Annabel : Sincèrement, je pense que je dois être une des premières à consigner parce que de l’échange que j’ai eu avec la gestionnaire, je lui ai posé la question. Je lui ai dit mais est-ce que vous avez eu d’autres cas de consignation ? Elle m’a dit Bah, écoutez, moi, personnellement, c’est ma première consignation, donc je me demande si je ne suis pas la première à consigner. Si je peux faire avancer les choses avec.

Julien : Oui, je comprends. Mais dans ce cadre-là, c’est à dire dans ce système spécifique avec Epic Games et Epic Games, étant une société étrangère sur lequel qui organise aussi de nombreuses compétitions principalement en ligne, et qui donc rend les choses encore plus complexes vis à vis de vous vis à vis de la Caisse des dépôts, pour pouvoir arriver à trouver un accord et fixer un process pour que les choses fonctionnent. A priori sur les organisateurs d’événements esportifs physiques, les choses sont un peu plus simples dans le sens où ils sont déjà présents. Ils sont déjà présents en France, ce développement existe déjà. Enfin, cette obligation au niveau de la Caisse des dépôts existe déjà depuis quelques années. Ça fonctionne à priori mieux.

Annabel : Là, pour l’instant, c’est un peu en standby. Voilà, mais je pense qu’ils ont une. Ils ont une difficulté d’interprétation. On m’a dit on attend la parution des décrets. Pourtant, il me semblait que les décrets d’application étaient sortis. Moi, je fais les choses en toute transparence. On me demande des justificatifs ou on me demande des précisions, voire même des explications ou même mon avis sur la question. Je suis à disposition.

Julien : Bien sûr.

Annabel : Pour faire avancer les choses. Alors non pas vis à vis d’Epic, parce que Epic, ce n’est pas en soi, ce n’est pas mon problème. Je laisse le dossier aux avocats de la Caisse des dépôts et Consignations pour discuter avec les Américains. Mais voilà, le jour ou EPIC consignera. Bon ben très bien, il n’y a aucun souci. Moi c’est surtout la rémunération que mon fils perçoit de sa structure. Donc je suis la plus transparente possible et je fais les choses vraiment en règle. Si j’ai un conseil à donner, il faut vraiment faire. Certes, ça prend énormément de temps. Il faut aimer être dans la paperasse, dans les formalités et tout ça. Mais il faut faire quand même les choses déjà de façon la plus transparente et le plus légalement possible. Il faut vraiment encadrer parce qu’il y a une notion d’argent et qui plus est avec un mineur. Donc il faut être vraiment le plus transparent possible.

Julien : Et vigilant par rapport à ça. Et d’ailleurs, même s’il est possible que des parents ou même des joueurs n’aient pas envie de s’occuper de cette paperasse. Comme tu le dis, on peut aussi s’entourer. C’est et c’est ce que tu as fait avec un avocat et avec et avec un expert-comptable qui permette au moins déjà de mieux encadrer les choses et sans doute aussi de pouvoir gérer un peu la paperasse.

Annabel : Oui, oui, parce que voilà, il y a des choses qui moi-même sont encore un peu, comment dire, abstraites. Il faut se faire encadrer. De toutes les façons, il faut, compte tenu de l’âge, il faut vraiment se faire se faire encadrer. Se faire aider, surtout se faire aider par des professionnels en la matière qui connaissent ce milieu de l’esport parce que on est vite dépassé. Et puis la minorité du joueur et l’argent. Et en France, c’est malgré tout extrêmement encadré. Il faut vraiment faire les choses dans la plus stricte transparence et c’est la raison pour laquelle la société a été créée comme ça tout est transparent.

Julien : Il y a une vraie séparation des patrimoines entre les uns et les autres.

Annabel : Exactement. L’argent est protégé, c’est la société qui le perçoit, dans laquelle il est associé et qui.

Julien : Est-ce que tu as eu d’autres sujets justement au quotidien, sur la création de la société ou la signature des contrats, ou les compétitions que tu as pu avoir, que ton fils a pu avoir en ligne ou des choses comme ça qui t’ont un peu marqué et qui t’ont dit qu’il fallait que les choses évoluent ou que les choses soient un petit peu plus précis.

Annabel : Alors, au niveau de la création de la société, c’est une SAS. Donc c’est une société classique. Mais c’est effectivement, je pense, un très bon, un très bon procédé.

Julien : Un très bon point de départ.

Annabel : Exactement. Pour ce qui est des contrats, là aussi, il faut quand même se faire se faire aider, soit par, soit par effectivement un avocat qui est spécialisé en la matière, qui a l’habitude de voir les contrats. Après, il existe aussi des personnes qui sont dans le domaine de sport et qui savent lire les contrats. Mais là aussi oui, pour les contrats, il faut se faire, il faut se faire aider, il faut se faire assister à plus forte raison si on n’est pas du tout de ce milieu-là, si on n’est pas de ce milieu, si on n’est pas du milieu de l’export, si on n’a pas de connaissances juridiques, il ne faut surtout pas signer. Enfin, c’est comme tout contrat. Voilà, ne faut pas signer un contrat, sans avoir bien compris tous les tenants et les aboutissants du contrat.

Julien : Comment ça s’est passé de ton côté sur les démarches pour trouver les bonnes personnes ? Est-ce que vous avez été approché par exemple, par des agents ou ?

Annabel : Pour l’instant pas d’agent. Mon fils pour son contrat a été aidé par quelqu’un qui est dans le milieu de l’esport, qui est manager d’une structure. Il a pu me donner des conseils et il a pu me dire bon ben voilà, sur tel point, il faut faire ci sur tel point il faut faire ça. Et après, au niveau de l’avocat, je me suis renseigné, j’ai fait des recherches, j’ai trouvé comme ça un avocat spécialisé en la matière.

Julien : Ouais, c’est toi qui as fait justement les démarches ?

Annabel : Oui.

Julien : Donc ça, c’est un petit peu les conseils que tu donnerais justement à toute personne. C’est vraiment d’essayer de comprendre de quoi on parle de s’acculturer au secteur par Internet, tout simplement comme tu as pu le faire. Vous avez pris attache avec des associations peut être locales ou non ou nationales, ou ça a été très très personnel.

Annabel : Ouais, ouais, ça a été très personnel après. Bon, après, c’est peut-être aussi la formation professionnelle. Moi, je cherche beaucoup. Donc j’ai ciblé et j’ai dit voilà, c’est du droit à l’image, c’est de l’esport. Il faut que je trouve un spécialiste en la matière pour m’aider dans tous ce formalisme et dans toutes ces difficultés, parce que c’est très flou à l’heure actuelle. Sur, il ne faut pas se cacher, c’est flou sur la consignation, au niveau des contrats, je pense qu’il doit y avoir un peu de tout. Il y a quand même beaucoup de structures, donc il doit y avoir un peu de tout. Il faudrait en fait, c’est parce qu’il faudrait un contrat type dans ce domaine-là. Il faudrait qu’un contrat type soit créé et qui s’applique à l’ensemble, à l’ensemble des structures françaises.

Julien: C’est une bonne transition, c’est à dire que même sur les aspects futurs, un petit peu de l’esport et à la fois d’un point de vue juridique et d’un point de vue législation toi, dès le départ, tu arrives à déterminer que l’une des problématiques principales est l’absence de contrat type ou de modèle de contrat, que ça soit un contrat de travail ou un contrat de prestation de service, ou peu importe quel que soit le titre qu’on lui donnerait, c’est en fait d’avoir une sorte de modèle qui soit rassurant pour tout le monde.

Annabel : Qui protège l’ensemble des parties, que ce soit la structure et le joueur. Voilà quelque chose qui préexiste et qui dise voilà nous structures, on souhaite toi joueur, te recruter. Voilà le contrat qui existe en droit français. On te propose tel contrat modulable bien évidemment en fonction de la notoriété du joueur, en fonction de ses performances bien évidemment. Mais oui, effectivement comme un contrat, que ce soit un contrat de travail, soit un contrat de prestation de service, mais quelque chose qui s’applique en France, voire même à l’étranger. Parce que, ne faut pas se le cacher, un joueur français peut être recruté par une structure étrangère, qu’elle soit européenne ou internationale. Ça existe d’ailleurs actuellement sur Fortnite, des joueurs français, qui jouent pour des structures qui ne sont pas françaises. Donc il faudrait effectivement que l’on ait quelque chose.

Julien : La question devient quelle est la loi applicable et est-ce que c’est la loi justement du club ? Est-ce que c’est la loi du lieu de la prestation si le joueur est toujours en France ou pas ?

Annabel : C’est très pointu, Voilà, c’est plein de problématiques, c’est extrêmement pointu. Après, est ce que ça aboutira un jour ? Franchement, je l’espère. Parce que c’est vrai que moi, je suis juriste, donc j’aime les choses qui sont bien carrées, encadrées. Je pense que pour le bien de tous, ce serait mieux qu’il existe effectivement un écrit.

Julien : C’est le sujet que tu identifies le sujet principal que tu identifies.

Annabel : Parce qu’après pour ce qui est de la gestion en tant que parent, la gestion du joueur. Alors là je vais peut-être changer de sujet. Moi, souvent, on me pose la question. Quand je parle de mon fils, on me dit Mais qu’est-ce qu’il fait ? Est ce qu’il va encore à l’école ? Donc si je peux me permettre une transition, chaque fois, je dis oui, il va. Il est toujours scolarisé en présentiel, il est toujours scolarisé. Et comment il fait pour gérer les deux ? Parce que c’est clair que mon fils, il a un mauvais emploi. Du temps, c’est la journée. L’école le soir il joue, entraînement ou compétition ? En fait, il a un double agenda. Pour les joueurs qui ont donc moins de seize ans, qui sont soumis à l’obligation scolaire. Il faut se poser effectivement la question. Il est vrai que certains joueurs passent en école à la maison assez tôt. Nous, pour l’instant, là, il est en troisième. On a tenu à ce qu’il termine son collège en présentiel, mais vraisemblablement à partir de la seconde, il sera mis en école à la maison parce que c’est très très compliqué pour un joueur professionnel. C’est très compliqué d’assumer les deux, de suivre les deux. D’autant qu’il est sous structure. Donc il a, il a des entraînements, il a des entraînements, il a des débriefings de Cup avec son coach. Il faut pouvoir tout assumer.

Julien : Il a plusieurs vies. Exact à plusieurs vies de son fils. Il a la vie scolaire, il a la vie professionnelle, il a la vie familiale.

Annabel : La vie familiale, elle passe un peu au second plan. Mais il ne faut pas se le cacher, hein ?

Julien : Ouais, ouais.

Annabel : Il mange plus trop avec nous, mais après voilà, il a une passion. Donc on a décidé de lui laisser vivre sa passion.

Julien : Mais, mais en l’encadrant et en en encadrant, tout à fait.

Annabel : En soutenant, en discutant. Parce qu’un joueur mineur compétitif, donc professionnel. Il y a l’adolescence, il y a le jeu, il y a le stress des compétitions, il y a la recherche de performances. Il a une vie particulière. Il a une vie différente de ses copains avec lesquels il est au collège. Donc il a une vie différente. Et tout ça, il faut vraiment l’encadrer parce que c’est compliqué.

Julien : Mais c’est la même chose qu’on pourrait avoir pour des sportifs de haut niveau mineures, ou alors pour des talents, que ce soient des chanteurs, des comédiens mineurs aussi, avec des emplois du temps particuliers et une organisation de vie différente. Donc ça, c’est sûr que ce qui est intéressant, c’est que pour les sportifs ou pour les talents, il y a une législation qui est spécifique et qui s’applique. Et qu’en revanche, à ce jour, pour le joueur esportif, il n’y a rien du tout, c’est à dire que c’est vraiment l’encadrement de la famille et c’est pour ça que c’est toujours intéressant d’avoir des parents pour nos entretiens, nos discussions. Parce que ça, ça montre véritablement que l’importance, le fait que ce soit essentiel d’être bien entouré pour, pour pouvoir à la fois percer dans le secteur d’un point de vue professionnel, mais également aussi pour le bien-être de l’enfant et cet encadrement là à la fois familial et à la fois au niveau du club. Parce que ce que je comprends de ce que tu dis, c’est que le club aussi a une attention particulière à donner une attention particulière à ça et au suivi par des échanges réguliers qu’ils peuvent avoir avec toi. Et donc, ce qui manque entre guillemets, c’est la structure juridique qui permet d’englober tout ça et de le rassurer aussi.

Annabel : C’est ça. Mais après, voilà, nous, on a fait le choix de les lui laisser vivre sa passion. Voilà, on ne sait pas combien de temps ça va durer. Il faut pouvoir assumer. Après, voilà, c’est quand même une belle, une belle aventure. Quand il fait des performances en compétition, tout le monde est content. Quand ça se passe moins bien, c’est un petit peu plus difficile mais voilà, donc toute la famille est derrière lui.

Julien : Non mais c’est une expérience de vie. De toute façon, c’est une expérience de vie. Ce genre de choses, c’est assez exceptionnel. Et donc, c’est justement la raison pour laquelle les parents peuvent décider de vouloir donner la chance à l’enfant d’avoir aussi cette cette passion. Slash profession là.

Annabel : Oui, et en plus moi je cherche vraiment à rassurer les parents parce que à partir du moment où on encadre bien son enfant, il y a aucun souci. Par exemple, mon fils, il sait qu’il a, il va toujours au collège, il sait qu’il allait devoir à faire, donc il fait ses devoirs. Il a de très bonnes notes d’ailleurs. Il ne faut pas avoir peur de lui laisser vivre sa passion tout en l’encadrant. Parce que je comprends que certains jeunes aient envie de jouer et ont envie d’intégrer une structure, de devenir professionnel. Et certains n’osent pas parce qu’ils pensent que leurs parents ne seront pas forcément d’accord. Pensent qu’il va être sorti de la société qui n’aura plus de lien social alors qu’en fait pas du tout. Je veux dire mon fils est très épanoui, il est très heureux. Il ne s’est jamais fait autant de relations que depuis qu’il joue, finalement, parce qu’il a beaucoup plus de relations via le jeu que dans la vie réelle, comme on dit. Voilà. Donc il ne faut pas, il ne faut pas avoir peur de tout ça. A partir du moment où la famille est derrière et encadre, en accompagnant et en intervenant, quand on voit que ça part un peu, voilà, c’est là que c’est un peu cool cool. Il ne faut pas avoir peur de l’accompagner et de lui laisser sa chance. Je connais d’autres mamans de joueurs qui ont le même discours, qui laissent vivre la passion à leurs enfants. Et tout se passe, tout se passe très bien et nos enfants sont très, sont très heureux. Il n’y a aucun problème à ce niveau-là, donc il ne faut pas avoir peur. Il ne faut pas avoir peur de l’eSport. Il ne faut pas avoir peur de laisser son enfant jouer derrière un écran. Ce n’est pas parce que mon fils passe du temps derrière un écran qu’il ne va pas sortir. Dimanche, il est allé faire un foot avec ses copains. Donc voilà, je veux dire ils ont une vie normale. Finalement.

Julien : Tout à fait.

Annabel : Mais tout en exerçant leur passion. Bon, là, il se trouve que c’est au niveau professionnel. Mais voilà, c’est un message important à donner. Il ne faut pas avoir peur.

Julien : Et C’est un message positif. C’est un message important et surtout positif.

Annabel : Voilà bien parce que je pense qu’il y a beaucoup de jeunes qui qui voudraient, qui sans doute ont les capacités de se faire repérer et qui n’y parviennent pas. Parce que les parents, je ne critique pas. Chacun fait ce qu’il veut. Mais parce que les parents voient peut-être encore l’esport comme un tabou. Il ne faut pas avoir peur de laisser jouer son fils, il ne faut pas avoir peur de lui signer un contrat. Il ne faut pas avoir peur de voir son fils gagner de l’argent. Voilà, parce qu’il ne faut pas se le cacher. Effectivement, il est mineur, il gagne de l’argent, mais tout est encadré. Tout est fait dans les règles de l’art. Tout est fait légalement et voilà. Oui, il faut accorder beaucoup de temps, mais bon, c’est pour le bien, c’est pour le bien de l’enfant.

Julien : Exactement, c’est ça. On revient sur. Le plus important pour les parents, c’est que ça soit le bien, le bien de son enfant, de le faire pour le bien de son enfant.

Annabel : Il a une passion, on lui laisse sa passion. Et même pour la petite anecdote. A la rentrée dernière, en septembre, mon fils est au collège et comme il est amené à quelquefois être absent, j’ai pris rendez-vous avec la principale du collège. Oui, il est dans un collège privé et souvent les règles sont un petit peu plus draconiennes. Donc je suis, je suis allé la voir pour lui exposer la situation en disant Ecoutez, mon fils sera amené dans l’année à être absent. Oui, parce qu’il a des boot camp avec sa structure. Chaque fois qu’il y a une compétition européenne importante, la structure organise un boot camp. Il ne peut pas être au collège lorsqu’il se rend dans les locaux de la structure. Et j’ai obtenu de la principale un aménagement de son, de son emploi du temps. Donc, en fait, il a un emploi du temps aménagé. S’il est absent, s’il doit s’absenter deux ou trois jours parce qu’il part, eh bien il n’y a aucun souci. La structure me fait un pas, un mot d’excuse mais me fait une attestation de boot camp. Je me souviendrai toujours de cette principale qui me dit “Écoutez, franchement, votre fils a une passion, vous lui laisser vivre sa passion. Je trouve que c’est super. Il n’y a aucun problème pour moi de lui aménager son emploi du temps. Ouais donc là aussi, les esprits s’ouvrent.

Julien : Exactement et voilà comment, en bonne intelligence, les choses peuvent avancer et être et être positives pour tout le monde.

Annabel : Voilà, il faut tout. C’est vrai qu’il faut tout structurer et tout encadrer. Après ça roule.

Julien : Après ça roule. Non, non, c’était parfait.

Annabel : Le plus important, c’est la Caisse des dépôts et consignations.

Julien : Je comprends, je comprends. Ça va, ça va avancer.

Annabel : Ça roulera quand ce point sera définitivement. Tranché, voilà. Réglé. Mais bon il faut rester positifs.

Julien : Il n’y a pas de raison maintenant. Oui, tout à fait. Voilà, de toute façon les choses vont dans ce sens-là. Donc au bout d’un moment, ça se sera réglé.

Annabel : Les choses prennent un petit peu de temps.

Julien : Oui, c’est vrai et c’est ça qui est un petit peu difficile. Et c’est ça qui n’est parfois pas forcément très agréable à vivre, à vivre au quotidien, c’est sûr.

Annabel : Faut être patient.

Julien : Oui, c’est ça qu’il faut patient.

Annabel : Faut être patient. Ouais.

Julien : Merci beaucoup, Annabelle, d’avoir pris le temps de pouvoir échanger et de pouvoir partager ces expériences-là qui était à mon avis très intéressante et surtout sur une note quand même assez positive. Donc c’est toujours agréable, oui.

Annabel : Oui, oui, il faut être positif.

Julien : Merci beaucoup. Merci.

Annabel : Merci. Au revoir.

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