Episode 2– Droit à l’esport – Entretien avec David LANIEL

J’ai eu le plaisir d’échanger avec David LANIEL, Co-Fondateur avec Arnaud MOULET de GAMEWARD, structure référence de la scène esport en France.

Au cours de cette conversation, nous avons abordé différentes problématiques pour les structures esportives, telles que la structuration juridique d’une société, le pacte d’associés dans le cas d’une répartition égalitaires des associés, mais aussi le cumul des activités au sein d’une même société, ou encore la propriété intellectuelle d’un club esport (et notamment comment déposer sa marque).

Je tiens à remercier chaleureusement Daniel pour son partage d’expérience très précieux et pour cet entretien très enrichissant.

Très bonne écoute !

Suivez-nous sur Linkedin et Instagram.

 

Retranscription de l’épisode :

Julien : Bonjour David.

David : Bonjour Julien.

David : Merci de participer au podcast droit à l’e sport, c’est un podcast destiné à vous aider à répondre aux problématiques juridiques que vous rencontrez dans le milieu, l’écosystème de l’e sport. Et aujourd’hui, donc David Daniel, président de GAMEWARD, qui vient nous parler des problèmes juridiques que lui et son équipe ont pu rencontrer, que ce soit dans le domaine de la propriété intellectuelle et plus généralement dans le domaine de l’e sport. David Si tu peux commencer par justement, nous nous nous raconter comment tu es rentré dans le dans le secteur et qu’est ce qui t’a amené à développer cette équipe ?

David : Ouais, avec plaisir. Merci pour l’invitation, Julien. Ravi d’être là. Alors comment je suis arrivé ici ? Comme beaucoup de gens dans le milieu, je pense je suis un passionné. Déjà à la base, je suis joueur depuis ma plus tendre enfance. Ça doit remonter à peu près à mes quatre ans. Je pense pour une fois que j’ai touché un ordinateur et que j’ai commencé à jouer, et plus particulièrement, la compétition, donc la partie purement esportive. Ça a commencé à l’adolescence avec l’émergence de certains MMO qui sont arrivés, moi c’était Guild Wars à l’époque par exemple. Et en fait, c’est vraiment comme ça que j’ai mis le pied dedans et j’ai été un peu piqué par tout ce milieu qui est absolument passionnant. Et pour autant, je m’étais dit à l’époque, j’ai envie que ça reste vraiment un milieu passion, donc je ne veux pas bosser dedans. Je n’ai pas envie de de mélanger les deux. Et puis, de fil en aiguille, je me suis retrouvé à au lycée à pas trop savoir quoi faire. Du coup, j’ai fait une école de commerce. Après l’école de commerce, je ne savais pas trop quoi faire. Alors j’ai fait un cabinet de conseil, j’étais dans le conseil en stratégie chez Accenture. Et puis, comme je ne savais toujours pas quoi faire, j’avais un peu des idées entrepreneuriales, etc parce que je n’avais pas envie de m’enfermer vraiment dans un milieu et au travers de ces différentes aventure entrepreneuriale. À un moment, j’en suis arrivé à commencer à streamer. Donc sur Twitch à l’époque.

Julien : On est en quelle année à ce moment-là ?

David : en 2015 donc Twitch venait d’être racheté il y a peu par Amazon. C’était vraiment le début de l’essor de Twitch, on va dire. Et pourquoi j’avais commencé, moi, à streamer ? C’était parce qu’en tant que spectateur, moi j’adorais regarder des compétitions. Par contre, je ne comprenais pas trop les gens qui regardaient des streamers et je me suis dit alors du coup, je vais mettre de l’autre côté pour comprendre un petit peu. Et, alors ? Comme souvent, quand je fais quelque chose, je ne vais pas lancer mon live à l’arrache. J’ai passé une semaine à étudier un peu tout ce qui se faisait, à avoir les bonnes pratiques, les mauvaises pratiques, à comprendre l’angle que j’avais envie d’attaquer. Et puis ça a super bien fonctionné. Alors, à l’échelle du jeu sur lequel j’étais à l’époque, c’était Heroes of the Storm, un jeu de billard Activision. Mais ça a très bien fonctionné et en fait assez rapidement. Il y avait quelqu’un dans la communauté qui organisait des tournois sur ce même jeu qui un jour m’a dit tiens, est-ce que ça t’intéresse de commenter ce tournoi. Encore un nouveau métier, ça a quelque chose que je n’avais jamais fait non plus et j’ai accepté. Et en fait, ce quelqu’un, c’était Arnaud Muller qui est depuis six ans maintenant mon associé chez GAMEWARD. Et donc c’est vraiment comme ça que l’aventure GAMEWARD a démarrée. Et pendant deux ans, ça a été un projet purement bénévole. On faisait de la web TV, l’organisation d’événements etc. autour de Heroes of the Storm.

Julien : Au sein d’une structure justement ou pas ? Vous aviez constitué une structure ensemble ou pas ?

David : Au début non. En fait, on a fondé une association quand on a commencé à avoir des prestations. Parce qu’en fait, comme on travaillait avec Activision Blizzard sur Heroes of the Storm, en fait, à un moment, on en est venu à faire des prestations payantes pour eux. Et donc, à ce moment-là, on s’est dit bon là. Du coup, on a besoin d’une structure juridique, donc on va créer l’asso. Et encore un peu plus tard. Là, on est fin 2017, on s’est dit bon ok, on s’est bien amusé la pendant deux ans sur Heroes of the Storm. Mais ce n’est pas un projet très pérenne. Pour autant, ça nous a permis de voir qu’en fait, dans l’esport, il y a énormément de passionnés. Il y a énormément de gens qui ont envie de faire plein de choses, mais il y a très peu de cadre. On va dire ça, rester encore à l’époque, amis quand même très amateurs et en fait on s’est dit de par, moi mon expérience en tant que consultant en stratégie et Arnaud de par son expérience dans le marketing d’un grand groupe américain, on a un peu des façons de travailler et des choses à apporter au secteur pour l’aider à se structurer. Et c’est un peu comme ça qu’on s’est dit, voilà, on va se lancer dans l’eSport parce qu’on pense qu’aujourd’hui, on est capable d’emmener un club eSport assez loin, ne serait-ce que de par toute la passion qu’on va amener dans le projet et de par la structuration qu’on va pouvoir lui apporter et qui est parfois manquante dans certaines structures.

Julien : Et donc là, vous vous dites justement on va, on va passer d’une association à une société, une SAS. J’imagine que vous avez une société par actions simplifiée, vous avez constitué à deux ?

David : Tout à fait. Ouais, c’est vraiment. Ça c’est fin 2017. Du coup, on se dit bon, on peut, on ne veut pas rester en société. On veut vraiment passer le cap, notamment parce qu’on savait que c’est un milieu qui a besoin de beaucoup de financement. On allait avoir besoin d’ouvrir le capital, etcetera. Donc c’est pour ça, effectivement, en toute fin 2017, on a créé une SAS pour supporter la nouvelle activité.

Julien : Et à ce moment-là vous êtes à 50/50 sur la SAS ou justement vous mettez un déséquilibre pour qu’il puisse y avoir moins de risque de blocage.

David : Alors c’est. C’est une question très intéressante. Nous à l’époque, de manière très innocente, on s’est mis à 50/50 et effectivement.

Julien : Avec un pacte d’associés alors ?

David : Non sans pacte d’associés ni rien. Non, non, on n’y connaissait rien, donc on est vraiment partis comme ça à ce qui nous paraissait le plus fair. Et effectivement, au fur et à mesure, tout le monde nous disait Ah mais ce n’est peut-être pas terrible de se lancer à deux et de faire 50 50. Et mieux, qu’il y en ait un qui a une majorité de blocage, c’est mieux qu’etc. Et à tel point que ça, c’est une histoire qui nous a suivi assez longtemps puisque on fait partie par exemple aujourd’hui du Réseau Entreprendre 92. C’est un réseau qui aide justement des entrepreneurs du 92, comme son nom l’indique oui, à la fois par de l’accompagnement, par du prêt d’honneur, etcetera et un de leurs critères de base. C’est qu’ils ne soutiennent jamais de projet où les fondateurs sont à 50/50.

Julien : C’est pas mal.

David : Bon bah, à croire qu’on a réussi à passer outre ce critère. Mais ça a été effectivement un petit débat chez eux parce que normalement, ils n’aiment pas ça.

Julien : Oui, non, mais c’est un sujet pour eux justement. Beaucoup d’associés, de copains qui veulent monter leur boite et qui se disent ah bah oui à deux il faut qu’on fasse du 50/50, c’est normal, c’est équilibré. Et c’est vrai que du côté des juristes, des avocats, la problématique se pose toujours et donc il y a une nécessité de formation ou d’éducation sur le fait de dire voilà les risques d’un 50/50, si vous voulez le faire, vous pouvez le faire. Mais faites attention aux risques, essayez de mettre des sortes de contre-pouvoirs ou des contre possibilités de blocage par un pacte d’associés comme tu dis, par des minorités possibles, par des clauses de sortie, etcetera, etcetera. Donc c’est intéressant de voir que aussi même GAMEWARD a pu être confronté à cette à cette question-là dès le début et plus loin avec Génération 92.

David : Ouais, tout à fait. C’est vrai qu’on a vraiment. Avec Arnault, On n’était pas des entrepreneurs à la base. C’était la première fois qu’on se lançait dans un projet aussi gros. On n’y connaissait pas grand-chose et je pense que c’est un peu le c’est un peu la vie d’entrepreneur, c’est que tu ne connais rien à plein de sujets que tu vas devoir traiter sur les questions et vite devoir devenir expert ou à minima avoir une très bonne compréhension. Et donc ce sujet-là n’a pas fait exception et depuis heureusement on a été bien entouré. Justement, et notamment dans notre première grosse levée de fonds qu’on a faite, on a intégré un fonds d’investissement et donc, à partir du montant, un fonds d’investissement. Fatalement, sa structure un petit peu mieux.

Julien : Ah, c’est en quelle année ? C’est à ce moment-là, on est fin 2017 sur la création de la société.

David : Ouais.

Julien : Et fin 2019 ?

David : Fin 2019, on a fait une levée d’à peu près 1 million ou on a fait rentrer essentiellement des business Angels, mais un fonds d’investissement qui est 123 Investment managers. Et eux sont arrivés avec un pacte très costaud. Et en l’occurrence, c’est quelque chose qui est hyper intéressant pour nous aujourd’hui parce que, eux normalement ils n’investissent jamais dans des dans des boites à notre stade, là aussi je crois que c’était un peu un coup de cœur de leur côté et ils voulaient le faire même si ça sortait complètement de leur thèse d’investissement à la base. Et ce qui est intéressant, c’est que du coup, ils sont arrivés avec un pacte d’actionnaires qui est à priori plutôt adapté à des stades un peu plus lointains d’entreprises. Et ce qui fait qu’en fait.

Julien : Au niveau de la gouvernance surtout, par exemple.

David : Au niveau de la gouvernance au niveau de, tout en fait tout est vraiment hyper cadré. C’est à dire que généralement, de ce que j’en comprend, les premiers pactes d’associés sont assez light et régissent vraiment quelques premiers éléments. Nous ça régit déjà beaucoup, beaucoup de choses et ce qui fait qu’en fait quand on veut intégrer notamment des nouveaux actionnaires ou autres, maintenant c’est beaucoup plus simple parce qu’en fait y a plein de questions qui ne se posent plus, qui sont déjà réglées. Et ça, ça rapporte un gros plus pour nous.

Julien : Et donc justement, vous, dans le cadre de ce pacte-là, avec un fond. J’imagine que le côté président directeur général au niveau d’une gouvernance classique du SAS a été évacuée par un profil de président avec un comité exécutif ou avec un comité de direction qui permet d’avancer tous ensemble dans la gouvernance de la société.

David : Ouais alors effectivement dans le quotidien ça n’a pas changé grand-chose. Parce que l’avantage en fait, pourquoi ça marche Notre 50/50 avec Arnault ? C’est essentiellement parce qu’en fait on est hyper complémentaires sur quasiment tous les sujets qu’on traite et donc il n’y a quasiment jamais d’opposition frontale sur des sujets ou on est vraiment pas du tout d’accord parce que lui il est beaucoup plus sur les sujets de communication, de marque, de marketing. Il est beaucoup plus dans l’opérationnel. Moi je suis beaucoup plus dans le financier, dans le stratégique, dans les sujets un peu futurs. Et en fait il y a très très peu de sujets ou on s’over lap et ou on se dit Ah non, on n’est vraiment pas du tout d’accord. C’est quelque chose qui s’est construit hyper naturellement et aujourd’hui on a clairement chacun nos domaines d’expertise. Et quand il y en a un qui a une idée très arrêtée sur son, sur son domaine d’expertise, en fait il n’y a pas trop de sujets. Après ça n’empêche que, au travers de cette structuration, ça a quand même ramené notre, on a un comité de suivi effectivement aujourd’hui, un peu l’équivalent d’un comité stratégique ou là on a intégré deux de nos associés et donc on a un comité de suivi ou on est quatre décisionnaires. Effectivement, pour les sujets un peu majeurs.

Julien : Ça permet justement de prendre du recul. C’est ça l’importance de la structuration juridique d’une société. C’est ça protège un petit peu tout le monde à la fois du côté de du management et de la présidence et en même temps du côté des associés pour assurer un suivi.

David : Ouais, complètement, c’est assez ça. C’est hyper intéressant pour nous parce qu’effectivement c’est le type d’instance qui te permet de prendre un petit peu de recul. Le recul sur l’ensemble de l’activité et surtout nous, la façon dont on a construit un peu notre actionnariat aujourd’hui, c’est qu’on a beaucoup de gens qui sont experts sur plein de sujets qui sont hyper importants pour nous au quotidien et qui nous permettent d’avancer efficacement parce que l’expertise sur l’esport, en fait, il n’y a personne d’autre que Arnaud et moi dans notre actionnariat qui a cette expertise-là. Et ce n’est pas ce qu’on est allé chercher parce que parce qu’en fait on estime qu’on a ce qu’il faut. Par contre, l’esport, c’est quoi ? C’est aussi de l’événementiel, c’est aussi la construction de marques et aussi peut être demain des droits médias. C’est plein de parallèles avec le sport et en fait, on a vraiment construit notre actionnariat de manière à être accompagné sur tous ces sujets là et ce qui fait qu’aujourd’hui on est capables de bénéficier d’expertises hyper pointues sur énormément de sujets qui sont importants pour nous. Et ça, c’est un vrai gros plus qu’on a réussi à construire.

Julien : J’avais une question aussi sure, donc on est à ce moment-là. Fin 2019, il y a la levée de fonds. Comment vous avez été conseillée ? Justement, comment ? Là-dessus, vous vous êtes tout de suite dit on a un pacte avec un investisseur, un fonds d’investissement qui vient. Il faut qu’on soit conseillés par notre avocat. Est-ce que c’est des contacts autour de vous qui vous ont dit que ? Est-ce que vous étiez déjà suivi avant ? Comment, comment ça s’est passé au niveau de cette prise de conscience qu’il y avait des sujets juridiques et là un sujet important avec un fonds d’investissement qui arrivait.

David : Alors, c’est une très bonne question parce que je ne saurais plus faire la chronologie exacte. Ce qui est sûr, c’est qu’on a toujours essayé de structurer comme au maximum notre activité sur énormément de sujets, y compris le juridique. C’est quand même quelque chose qu’on avait en tête assez rapidement, avant même la levée de fonds. Parce que, en tant que club sport aujourd’hui, en fait, nous on voit plus comme une marque média et une marque média bah c’est quoi tes assets ? bah c’est notamment ta marque. Elle est hyper importante pour nous et donc très tôt, on a effectivement protégé notre marque, notamment au niveau de l’INPI et d’autres organismes. Notre marque et différentes IP qu’on avait, on pourra y revenir et donc je pense que c’est vraiment notre porte d’entrée sur les aspects juridiques. Et c’est à ce moment-là très probablement, qu’on a été accompagné d’une avocate un peu spécialisée. Parce qu’auparavant, je pense que la plupart des sujets juridiques, sociaux étaient plutôt gérés par notre expert-comptable qui pouvait nous accompagner sur les éléments un peu basiques. Et voilà, et au travers de ces questions autour de la marque, etcetera là on est vraiment passé par une avocate spécialisée et qui nous a accompagnés ensuite dans notre dans notre levée de fonds.

Julien : D’accord ok. Donc c’est ça, votre point d’entrée ? Ça a été au moment où vous aviez un besoin juridique fort qui était un problème de propriété intellectuelle avant que ça soit un problème de corporate et de levée de fonds.

David : Oui, complètement, complètement. C’est un sujet qu’on avait assez rapidement identifié parce qu’un des constats qu’on avait fait en fait avec Arnault, c’est qu’un des gros problèmes des clubs sport aujourd’hui, c’est que la plupart n’ont pas d’IP, ils n’ont pas de propriété intellectuelle parce qu’en fait tu ne crées rien en soit. Tu participe à des jeux, tu participe à des écosystèmes avec des éditeurs qui ont leur propre propriété intellectuelle. Mais toi en tant que club ne t’as pas grand-chose à faire valoir et en fait c’était hyper important pour nous de créer justement une vraie propriété intellectuelle autour de Game World. Ça passe par plusieurs choses. Ça passe déjà par la marque GAMEWARD en soit. Tu vois aujourd’hui le PSG, tu peux lui retirer tous ses joueurs, tu peux recommencer de zéro. Ça reste un club qui a toute une histoire, qui a connu énormément de grands talents, qui sont passés par chez eux, etcetera donc en fait, même si recommencer à zéro le PSG aujourd’hui t’aurais une marque hyper forte qui vaut une certaine valeur. Et donc nous c’est vraiment notre vision aussi c’est que on a ce besoin de créer une marque forte et donc protéger GAMEWARD entre guillemets. C’était déjà hyper important pour nous à la base et protéger Sigma eSport qui est le nom de notre société parce qu’en fait GAMEWARD c’est uniquement le nom commercial. C’est quelque chose qui s’est confirmé très tôt parce qu’on a une petite anecdote ou on a justement un jour en deux associés qui nous envoie un Screenshot en nous disant Ah les gars, ce n’est pas possible, vous ne pouvez pas communiquer comme ça sur les réseaux sociaux ? C’est quoi cette communication ? Etcetera et en fait je ne sais pas comment il était tombé sur un compte d’un réseau social d’une équipe qui s’appelait Sigma ESport qui n’est pas nous du coup

David : Et qui du coup est à un projet là pour le coup complètement amateur. Et en fait, on a eu un exemple très concret de l’impact que ça peut avoir de finalement d’avoir sa marque qui est utilisée par d’autres en faisant entre guillemets, en faisant croire que c’est la tienne. Je pense que ce n’est pas du tout volontaire en l’occurrence, mais du coup, ça a un impact très concret sur nous, notre activité au quotidien. Et étant donné que notre marque est probablement un des aspects les plus valorisables qu’on a aujourd’hui, nous, c’est des choses qu’on ne peut pas, qu’on ne peut pas laisser passer. Donc le fait d’avoir bien protégé justement la marque Sigma eSport plus tôt, ça nous a permis de faire le nécessaire pour demander à cette structure en l’occurrence de se renommer parce que parce que on ne pouvait pas.

Julien : Y avait un risque de confusion.

David : Il y avait un vrai risque de confusion.

Julien : Etant précisé et ça, c’est un point important que tu soulevais dès le début qui est : il y a une différence entre la dénomination sociale d’une société, le nom commercial d’une société, la marque qui peut être encore autre chose différente. Vous vous étiez distingué Sigma eSports et Gamers Ward. Est-ce que déjà à ce moment-là, Sigma esport vous l’utilisiez pour votre communication commerciale en entête des différents documents commerciaux, de prise de contact avec les sponsors et tout ça ou c’était déjà la marque GAMEWARD qui était en tête de.

David : Alors en vrai, c’est une distinction qui nous a plus créé de problématique qu’autre chose. On a fait ça en se disant justement en tant que structure potentiellement derrière, tu peux avoir plusieurs marques, donc c’est logique de distinguer les deux dès le début. Mais en fait, ça nous a créé quelque problématique parce que nous même, on avait un peu une double activité. On avait cette activité de club sport qui est celle que tout le monde connaît. Et en fait, en parallèle, on fait aussi des prestations d’agence. C’est à dire que toutes les compétences qu’on a en tant que club. On va les mettre aussi au service de certains partenaires pour de la marque blanche. Donc on va organiser des événements ESports par exemple ou GAMEWARD n’apparaîtra nulle part. On va faire de la production audiovisuelle, on va faire en fait tout ce qu’on sait faire nous aujourd’hui dans l’esport, on est susceptible de le faire pour des clients ou des partenaires, mais sans que la marque GAMEWARD n’apparaisse. Et on avait au début voulu bien distinguer ces deux activités. Donc on avait GAMEWARD, le club sport et cette partie agence, on avait décidé de l’appeler Sigma eSport Agency.

Julien : C’était la même société en revanche.

David : C’était la même société ! Tout à fait. C’est la même société.

Julien :  Deux activités, deux noms, mais pour une même société.

David : Exactement. Et en fait, ça, ça, c’est quelque chose qu’on avait voulu faire parce qu’on s’était dit ça n’a pas trop de sens pour une marque de communiquer avec un club et qu’en fait elle se retrouve à avoir des prestations du club mais qui ne sont pas vraiment des prestations du club parce que la marque finalement ne va pas avoir accès aux joueurs. On ne va pas avoir accès aux infrastructures, ne va pas avoir accès à tout ça. Et puis même, ça peut faire un peu peur je pense pour une marque de se dire ben en fait, pourquoi je passe par un club pour une production audiovisuelle ? c’est beaucoup plus logique de passer par une agence, c’est leur métier, etcetera Donc c’est un peu pour ça qu’on avait voulu distinguer les deux. Mais c’était assez compliqué derrière en termes de communication, parce que je pense que c’est un exercice qu’on n’a jamais très bien réussi à faire. Et avec un peu de recul, je pense que certains de nos confrères le beaucoup mieux fait. Je pense par exemple à Gamers Origin, le club et y a Gamers Origin Agency, l’agence. Je pense que c’est un petit peu plus clair. Donc ça, c’est quelque chose qui s’est un peu érodé au fil du temps. On communique plus du tout sur sur Sigma ESports Agency aujourd’hui.

David : C’est aussi lié au fait qu’on fait de moins en moins de prestations d’agences parce que nous, c’était vraiment un positionnement un peu stratégique dans la volonté de faire grossir le club. Pourquoi je dis ça ? Parce que, en fait, dès le début de notre activité, on a été amenés avec Arnaud à être en mesure de rencontrer des grands groupes, des groupes du CAC 40, etcetera pour leur parler d’esport, pour expliquer ce qu’on pouvait faire ensemble. Sauf qu’on a toujours été très objectif dans notre démarche et c’est à dire qu’en 2018, on n’allait pas dire à un grand groupe du CAC 40 Allez y sponsorisez GAMEWARD, c’est génial, ça n’avait aucun sens. On était beaucoup trop petit pour eux, ça n’allait pas voilà. Donc en fait, on part vraiment toujours des enjeux, de ne pas de nos prospects et on essaye de proposer la solution la plus adaptée. Et à cette époque-là, très souvent, c’étaient des prestations plutôt en marque blanche qui avaient plus de sens pour elles, là où c’est beaucoup moins vrai maintenant. Et en fait on peut quasiment tout faire directement via la marque GAMEWARD. Donc c’est pour ça qu’on a recentré énormément de d’énergie dessus et c’est pour ça qu’on a un petit à petit finalement mis de côté ce cette marque Sigma eSport Agency.

Julien : Mais je comprends, je comprends ce qui aurait pu être possible éventuellement. À l’époque, vous aviez sans doute envisagé de le faire, mais pour des raisons sans doute administratives et de charges qui est compliqué, mais c’était de créer en effet deux sociétés, ou alors d’avoir une filiale qui aurait été Game World, le Club et Sigma esport Agency qui était au-dessus. Mais c’est vrai que ça, c’est toujours compliqué, même pour des boites dans le commercial classique, d’avoir plusieurs activités, plusieurs fonds de commerce au sein d’une même société, de ne pas avoir créé des établissements qui permettent de distinguer les uns des autres. Enfin bref, d’un point de vue juridique et puis d’ailleurs comptable aussi sans doute. C’est toujours compliqué de mixer les activités des uns des autres.

David : Alors, d’un point de vue comptable justement, tu vois ça c’est un sujet, c’est que même nous, dès fois, la frontière entre les deux est extrêmement fine, parce que par exemple, dès fois, on a un partenaire qui est vraiment partenaire de GAMEWARD, pour qui on va faire des prestations, mais qui en fait, dès fois, ce sont des prestations qu’on pourrait faire sans qu’elle soit partenaire de GAMEWARD et sans que GAMEWARD apparaisse. Donc mettre les liens est extrêmement fins aussi entre les deux. C’est aussi ce qui fait qu’on n’a jamais voulu faire une claire distinction entre ces deux activités là et par rapport au fait de créer plusieurs entités juridiques. C’est probablement notre méconnaissance juridique qui nous a poussé à cette conclusion. Mais on a toujours pensé que ça allait rajouter de la complexité supplémentaire, justement, et qu’on préférait rester au plus simple. Parce que la question s’est posée sur plusieurs sujets justement de se dire Tiens, est ce qu’il faut qu’on crée une structure différente ? Pour quoi faire ? Quel intérêt alors et comment elle s’intègre avec la première ? Mais c’est pour l’instant, on a préféré garder une seule entité.

Julien : Je comprends. Surtout, tout le monde est réuni au même endroit, aussi au niveau des associés, etcetera c’est toujours plus, plus compliqué. Donc revenons à cette problématique qui est vraiment une problématique intéressante de propriété intellectuelle. Donc à l’époque, Sigma eSport est une marque que vous utilisez par ailleurs. Donc vous commercialiser, vous marketer, vous communiquez avec Sigma export et là grâce à un des associés. Et comme quoi les associés sont aussi présents au quotidien pour pour échanger avec, avec le management et pas forcément ce qu’on peut imaginer. L’associé de loin qui vient une fois par an à l’assemblée générale pour vérifier si tout va bien et si tu les dividendes Au contraire, maintenant, surtout avec les business angels et dans des fonds d’investissement, il y a une vraie implication de la part des associés. Donc il faut, il faut les voir comme un plus. C’est ce qui est, c’est ce qu’a priori vous avez fait. Donc un associé viens vous voir et vous dit voilà, il faut éviter de communiquer comme ça. Là, vous découvrez donc qu’il y a derrière Sigma et Sport un club ESport aussi. Une association plutôt esportive. Et alors ? Quelles sont vos démarches à ce moment-là ? Qu’est-ce que, qu’est-ce que vous dites est-ce que vous vous dites ? Qu’est ce qui se passe ? Vous commencez à regarder sur Internet, vous appelez votre avocate directement, vous prenez directement attache avec eux. Comment les choses se passent alors ?

David : Bah, très honnêtement, c’est justement un sujet qu’on ne savait pas du tout comment gérer parce que c’était la première fois qu’on était confronté à ça. Et notre conclusion, c’était C’est en tout cas un sujet sur lequel il ne faut pas qu’on se plante. Il faut qu’on arrive à éliminer ce problème entre guillemets. Et donc on a décidé tout de suite se tourner vers notre avocate en se disant au moins on entame aucune démarche qui risque d’affecter la suite du process. Donc en fait, on s’est tout de suite tourné vers notre avocate pour savoir ce qu’il fallait faire. Elle nous a dit je vais faire un courrier un peu officiel à la structure et donc c’est ce qu’on a fait. Du coup, c’était très simple à mettre en place parce que voilà très classique, très classique comme courrier, etcetera Et ça permettait d’avoir vraiment une communication très officielle. Je pense que quand ça vient d’un avocat, c’est toujours forcément plus, plus marquant. On va dire pour ceux qui le reçoivent et donc en fait le problème a été réglé tout de suite, c’est à dire que c’est ah ok enfin pas de problème, on va changer de nom etc et dans les jours qui suivaient c’était réglé. C’est en fait on va toujours mesurer un petit peu l’impact du problème s’il perdure versus ce que ça va nous coûter en temps, en énergie, en argent, de passer par une voie juridique ? Et on va un petit peu décider en fonction de ça. Donc voilà, là, en l’occurrence, le bilan était largement en faveur de faire cette petite action rapide et simple et efficace.

Julien : C’est vraiment important ce que tu dis, c’est à dire lorsqu’on est confronté à un problème et à priori un problème juridique. Vous l’avez déterminé assez vite. C’est est ce qu’on le règle nous-mêmes ou est ce qu’on va appeler notre avocat ou appeler notre expert-comptable pour avoir un avis quoi. Et c’est vrai que souvent, les clients, de manière générale ont un petit peu peur de d’appeler l’avocat en se disant tout de suite ça va me coûter quelque chose ou tout de suite il y a un risque, alors que c’est justement quelque chose qui, comme tu dis, permet de gagner du temps, permet d’aller plus vite et surtout d’être apaisé. Parce que parce que l’avocat ou le conseil derrière, il est là pour prendre sur les épaules les problèmes que toi tu as au quotidien.

David : Bien sûr, mais ce n’est effectivement pas gratuit. Donc c’est ça la problématique.

Julien : Ça j’entends, mais à mon avis, un appel à l’avocat pour dire voilà tel problème et l’avocat qui te répond tu peux t’en occuper, fait ceci ou je peux m’en occuper, c’est important. Il vaut mieux que ça soit que ça soit moi qui m’en occupe. Ça, c’est gratuit. Après que tu lui dises bon bah finalement je préfère que tu t’en occupe pour que les choses soient officielles avec une lettre et tout ça là, à ce moment-là, il y a une véritable prestation derrière.

David : Oui, tout à fait. C’est comme ça qu’on fonctionne sur beaucoup de sujets et il y en a effectivement ou on arrive à une conclusion inverse de dire en fait, c’est hyper compliqué de mettre en place une solution juridique, ça va nous coûter une fortune, ça prend des semaines ou des mois et on préfère opter pour une bonne stratégie un peu différente.

Julien : Et ça, je pense que c’est quelque chose que beaucoup de clients et beaucoup de personnes dans l’esport ne se rendent pas forcément compte. C’est que l’avocat est un prestataire important dans la partie de l’écosystème et de l’activité que vous avez et que donc les choses se passent en fait comme vous voulez qu’elles se passent. C’est à dire que si c’est un avocat que vous avez et avec un objectif de pouvoir échanger et de réfléchir à la stratégie, de pouvoir vous dire est ce que là on passe par toi ? Est-ce que là on passe par toi ? Etcetera et tout. C’est vous qui décidez de votre relation que vous voulez avec votre avocat.

David : Complètement.

Julien : Ce n’est pas l’avocat qui impose la relation au client !

David : Ouais, tout à fait. C’est je pense que ça fait partie des partenaires un peu indispensables à avoir dans son écosystème parce qu’il y a forcément tout un tas de questions. Quelle personne d’autre aura réponse ? Donc ouais, nous c’est vraiment, c’est vraiment comme ça qu’on ne l’a considéré depuis le début et sachant que ça c’est un peu dans notre ADN aussi, je parlais tout à l’heure de tous ces éléments de structuration, etcetera. Nous, on a vraiment envie de faire les choses proprement et proprement à la fois pour nous en tant que société, parce que c’est rassurant, notamment pour les associés, de savoir que c’est bien géré, mais proprement aussi pour les joueurs avec qui on travaille, pour nos salariés, enfin pour tout notre écosystème. Je pense que c’est toujours plus rassurant quand c’est bien structuré, plutôt de quand tu as l’impression que c’est un peu le Far West.

Julien : Bien sûr, bien sûr. Et on peut penser, on peut croire que l’esport, c’est le Far West, parce qu’il n’y a pas de réglementation soi-disant spécifique à ça. Mais en réalité, il y a tout un droit commun qui se rattache, qui se rattache à l’esport et aux activités du sport.

David : Tout à fait. Tout à fait. Ça, ça a vraiment été notre postulat de base. Justement, sur là aussi, tous les sujets, c’est de se dire ne prenons pas l’esport comme un nouveau secteur où il y a absolument tout à faire, etc C’est plein de compétences qui sont nécessaires dans l’esport. En fait, elles existent déjà en dehors, il faut juste les adapter un petit peu à notre secteur. Voilà tout ce genre de sujet, effectivement, on a toujours essayé de se tourner vers des gens qui ne sont pas de l’esport justement pour pouvoir faire avancer le milieu.

Julien : Bon du coup belle histoire qui se termine bien en plus sur la partie de la PI. Quel nom ils ont pris ensuite Sigma eSport.

David : Je t’avoue que je ne sais pas du tout. Parce que c’était plutôt Arnaud, mon associé, qui avait géré ça à l’époque. Et je ne saurais pas te dire.

Julien : Bon, en tout cas, les choses sont bien faites et à priori pas trop cher parce qu’il fallait juste une lettre d’un avocat. Et donc là ce n’est pas une grosse procédure. Voilà.

Julien : Alors une petite question. Ben justement, on a déjà donné quand même pas mal de conseils sur la partie juridique. Et donc qu’est-ce qu’avec cette expérience que tu as pu avoir tant dans la partie corporelle, levée de fonds, etcetera pendant la partie propriétés intellectuelles. Et j’imagine tous les autres sujets que tu peux avoir et auquel tu es confronté en qualité de président de GAMEWARD. Quels sont les conseils que tu donnerais justement à des personnes qui sont confrontées au quotidien ou à qui il arrive un sujet juridique d’un coup ? Qu’est-ce que tu leur conseille de faire ?

David : Ça rejoint effectivement un peu ce que je disais et c’est vrai sur la partie juridique et c’est vrai sur d’autres parties. C’est vraiment de s’entourer des gens qui sont experts des sujets qu’on va être amenés à traiter. Parce qu’encore une fois, quand on est entrepreneur, on a énormément de sujets à traiter et 95 % des sujets sur lesquels on ne connaîtra rien. Donc le tout, c’est de pouvoir être accompagné pour le faire efficacement. L’autre option, c’est de tout faire un petit peu soi-même. Mais c’est quand même compliqué parce que si on veut faire de l’auto-éducation, etcetera et des sujets qui peuvent prendre très très longtemps, donc à minima avoir des experts autour de soi qui permettent de conseiller. Parce que comme tu dis, dès fois, c’est juste un coup de fil de cinq minutes et tu as des réponses qui t’auraient pris des heures à trouver autrement. Donc ouai vraiment avoir un avocat, une avocate avec qui on a une bonne relation de confiance, avec qui on est capable d’échanger et qui est capable de nous accompagner sur la majorité on va dire des sujets juridiques, parce qu’après, il y a un peu des domaines de spécialisation aussi. Mais en fonction de la relation, c’est aussi quelqu’un qui va pouvoir nous réorienter justement vers les autres experts juridiques qui sont nécessaires.

David : Donc ça, oui. Je pense que c’est vraiment mon premier conseil parce que c’est quand même hyper rassurant. Bah on est sur des sujets parfois fins, ça peut aller loin, il y a des sujets qui peuvent relever du pénal, etcetera donc on ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi. Il faut vraiment être bien accompagné et pas prendre de risques. Donc vraiment s’entourer, s’entourer comme il faut et pas avoir peur de demander des conseils et de la même manière ne pas hésiter à poser des questions à ses pairs aussi. Enfin, je pense que nous, sur plein de sujets, on a aussi beaucoup appris en parlant avec d’autres entrepreneurs. C’est un peu le tu vois par exemple, Réseau Entreprendre 92, c’est un peu, c’est un peu une des utilités. C’est que tu as plein d’entrepreneurs qui sont à un même stade de développement avec qui on échange régulièrement. Et en fait bah tout le monde a les mêmes problématiques au même moment. Globalement certains y sont passés un peu avant, donc ils vont pouvoir nous conseiller, donner des contacts, donner des solutions, donc vraiment à échanger avec, avec des experts, avec des pairs. Je pense que ce sont les meilleures solutions pour avancer efficacement.

Julien : Oui, des associations comme Entreprendre 92, voilà justement. C’est un des endroits aussi ou on peut parler plus librement et poser des questions et avoir aussi également des contacts. C’est à dire que si on n’a pas de contacts d’expert-comptable ou d’avocats ou autres autour de soi, ce genre de réseau permet, permet d’en avoir ?

David : Oui, tout à fait. Et puis probablement d’autres réseaux par lesquels on n’en est pas du tout passer. Mais parce que Réseau Entreprendre a émis il y a tout un process, on n’est pas sûrs d’être pris, etcetera mais je pense qu’il y a aussi après des organismes comme la CCI ou d’autres qui sont un petit peu fait aussi Justement des associations.

Julien : Bon conseil. Dernière question pour notre entretien quels sont un peu tes attentes sur l’esport et encore une fois, d’un point de vue plus juridique et législatif, qu’est ce qui doit changer rapidement ? Et qu’est-ce que tu espères ?

David : Ce qui est extrêmement compliqué, c’est que, comme tu l évoquait, tu as déjà toute une base juridique qui s’applique à du sport qui est la même que dans n’importe quel autre secteur. Et en fait, est ce que cette base est, Elle est parfaitement adaptée ? Bah probablement pas sur tout. Et en fait c’est un peu le problème. C’est comme nous, on est dans un secteur qui est extrêmement international ou on est en concurrence pas seulement avec d’autres français mais vraiment avec des clubs de partout, ce qui est vrai aussi dans plein d’autres, dans plein d’autres industries, avec une contrainte en plus chez nous, c’est qu’il n’y a même pas de frontière physique, c’est à dire que dans d’autres industries tu as un emplacement physique qui fait qui fait que ça a sacré quand même certaines barrières. Chez nous potentiellement, si je pense au joueur par exemple, le joueur peut très bien être recruté par une équipe chinoise, américaine, française, russe, ce qu’on veut et le joueur y sera au même endroit. Ça ne changera absolument rien pour lui et participera aux mêmes compétitions et il fera exactement le même métier. Et donc c’est vrai qu’on a une concurrence qui est complètement internationale et ce n’est pas un sujet qui est toujours simple à gérer. Je pense qu’encore une fois, elle n’est pas simple à gérer dans beaucoup de secteurs, mais dans le nôtre, c’est peut-être encore un petit peu décuplé. Bah ça je pense qu’on n’a pas forcément encore les réponses justement de comment gérer tout ça efficacement. Donc ouais, très probablement des sujets, un petit peu de structuration encore de l’écosystème à avoir pour trouver les bonnes réponses à ces problématiques.

Julien : D’accord, avec une dominante quand même qui est liée à la partie relation club joueurs et les concurrences et la concurrence internationale qu’il peut y avoir là-dessus ?

David : Oui tout à fait. Je pense beaucoup de sujets autour du droit du travail, dans la façon de gérer ses relations, exactement.

Julien : ça, c’est quelque chose que, en tant que président de club, tu attends une évolution que tu espères justement rapide pour te permettre au quotidien d’avancer plus sereinement pour l’équipe.

David : Ouais tout à fait et puis parce que tu vois nous par exemple, toujours dans ces optiques de structuration, nous, on a vraiment envie de pouvoir nous inscrire sur la, sur la durée avec nos joueurs. Et ça veut dire que pour ça, on a besoin de tout un cadre. Si je prends par exemple, alors ce n’est pas que des questions complètement juridiques, mais si je prends l’exemple du sport aujourd’hui, si tu es sportif pro, il y a de grandes chances pour que tu sois rentré dans l’écosystème, on va dire à partir de dix ans, douze ans, quatorze ans, on aura suivi tout un procès, etc. Parce que l’État a aussi structuré comme il fallait toute la filière de formation dans le sport. Ils ont fait en sorte que les contrats soient adaptés. Enfin voilà, encore une fois, ce n’est pas que des questions juridiques parce que ça dépend beaucoup de probablement des éditeurs aussi et d’un certain nombre d’acteurs du milieu. Mais je pense que c’est une vraie nécessité si on veut pérenniser l’écosystème de l’esport et surtout le faire évoluer de manière assez saine. Il y a besoin de construire tout ça et certains clubs, certains clubs à leur niveau justement, essayent de faire ce qu’il faut pour faire avancer ce secteur. On essaye aussi nous de notre côté. Mais c’est vrai qu’à un moment, il y a aussi besoin que ça vienne un peu plus d’en haut pour pouvoir structurer des choses qu’on n’est pas capable de faire en tant qu’acteur individuel dans l’écosystème.

Julien : Non, non, c’est certain, c’est certain. Mais je pense que tout l’écosystème, surtout au niveau professionnel, le voit comme une vraie contrainte. Merci beaucoup David pour cet échange.

David : Merci à toi, avec grand plaisir.

Julien : On continue, on continue donc à suivre GAMEWARD au quotidien, sur sur les différents jeux et donc à les soutenir avec plaisir. A bientôt.

David : Merci Julien

 

Voir plus d’épisodes du podcast Droit à l’esport

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *