Episode 5 – Droit à l’esport – Entretien avec Enki DUFOYER

Durant cet épisode, j’ai été accompagné par Enki Dufoyer, joueur esportif professionnel sur Super Smash Bros et ancien joueur de l’AS Monaco et d’Izidream.

A la suite des nouvelles directives de Nintendo afin d’encadrer les tournois communautaires sur Smash Bros, j’ai pu échanger avec Enki sur l’aspect professionnel du jeu ainsi que sur le contrat conclu entre le joueur professionnel et son club.

Au cours de cet entretien passionnant, Enki est justement revenu sur les différences existantes entre les clubs sportifs et esportifs professionnels ainsi que sur celles opposant les clubs esportifs « amateurs » et les clubs esportifs « professionnels » en matière de conclusion d’un contrat et d’obligations réciproques entre les parties.

De même, Enki a partagé son expérience en matière de négociation contractuelle et de gestion de la période de fin de contrat, en rappelant notamment l’importance d’anticiper les diverses échéances en la matière.

Enfin, nous avons évoqué le contenu du contrat du joueur esportif professionnel en insistant sur l’importance de contractualiser la relation entre le joueur et son club ou son agent ainsi que sur la nécessité de recourir à diverses clauses, notamment en matière de défraiement ou de rémunération, afin de prévenir les aléas pouvant découler de l’exécution du contrat.

Pour ce faire, Enki a notamment insisté sur la possibilité d’édicter des contrats spécifiques à la pratique de chaque jeu vidéo afin de sécuriser au maximum la relation entre le club et son joueur.

Je tiens à remercier Enki pour m’avoir accordé de son temps précieux ainsi que pour m’avoir apporté son expertise de joueur esportif professionnel !

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Retranscription de l’épisode :

Julien LOMBARD :  Et passons maintenant à notre entretien, notre entretien aujourd’hui avec Enki DUFOYER, le meilleur Pikachu d’Europe. En tout cas ces dernières années, c’était sûr. Maintenant, ça va se confirmer dans les prochains mois sans aucun doute. Enki est aujourd’hui avec nous pour nous parler de son expérience en tant que joueur sur la scène Smash Bros. Il faut savoir que Enki est notre premier joueur qui nous rejoint sur ce podcast de droit à l’esport. Encore une fois, un podcast qui a vocation à répondre aux problématiques rencontrées par les joueurs rencontrés, par les équipes rencontrées, par les organisateurs d’événements dans le milieu sportif. On est très très très heureux de recevoir Enki aujourd’hui. Merci beaucoup d’être là.

Enki DUFOYER : Merci beaucoup Julien. Très heureux de venir ici pour parler un peu de choses sérieuses.

Julien LOMBARD : Exactement ! Ça sera. Ça sera assez sérieux finalement comparé à certains, comment dire, podcast qui ont plus vocation à parler de l’actualité sportive, de parler des résultats, de parler un petit peu, d’interviewer un peu les uns et les autres sur leur, sur leur avenir. C’est vrai que l’objectif du podcast, c’est véritablement d’essayer de comprendre comment juridiquement les choses peuvent se dérouler et comment elles peuvent être organisées et protéger, à la fois protéger pour les équipes et pour les organisateurs qui ont toujours besoin de contrats, mais surtout, et c’est l’objet de notre podcast aujourd’hui, sur les joueurs.

Enki DUFOYER : Les joueurs, même les sensibiliser à savoir quels sont les je veux dire les bullet points à faire attention et même aussi rassurer leur entourage. Parce que avant tout, il y a aussi l’entourage qui des joueurs qui est aussi important. On parle beaucoup de de joueurs jeunes entre 17 et 21. Après il y en a, il y en a des plus âgés. Mais c’est vrai que c’est plutôt ces questions là où on est peu informé et je pense que c’est un peu le but du podcast.

Julien LOMBARD : Exactement. C’est une très très bonne introduction. Merci Enki. Pour commencer, justement, est ce que tu peux un peu nous parler de ton parcours, de comment tu es rentré, comment tu es rentré dans l’esport et et comment ça s’est passé pour toi dans ce rapport à la fois en tant que joueur et le rapport avec ta famille et ton entourage ?

Enki DUFOYER : Alors oui, tout d’abord, moi j’ai été baigné dans les jeux vidéo depuis que j’ai l’âge de trois ans. Mon père jouait à des jeux vidéo. C’est lui-même qui m’a acheté un PC, j’avais trois ans et il me faisait jouer avec lui. Et du coup, au fil des années, j’ai j’ai continué à jouer. Donc j’ai commencé la compétition d’abord sur les cartes Pokémon et un jour il y avait une compétition Smash, donc je devais être. Je devais être en sixième. Donc à l’âge de douze ans, j’ai commencé ma première compétition sur Super Smash Bros Brawl, donc c’était sur l’opus de la Wii et déjà à l’époque, il n’y avait pas les réseaux sociaux, c’est à dire que c’était des blogs.

Julien LOMBARD : On est en quelle année à ce moment là ?

Enki DUFOYER : On est en 2011 2012, j’avais douze ans, je suis né en 97. Ouais, ça va être 2009 2010, donc ça va être plus dans ces eaux-là. Et donc je trouve sur un blog et je vois qu’il y a un tournoi. Donc j’habitais vers Port de Saint-Ouen, au nord de Paris, et je dois aller à. Je dois aller dans le sud, donc vers Porte de Vanves voir un peu plus, un peu plus loin. Et j’ai commencé la compétition comme ça. Donc c’était vraiment j’avais douze ans, donc c’était vraiment un hobby. Ça, j’ai adoré le contact avec l’humain parce qu’on a la chance avec Smash. Enfin, on a la chance et la malchance, c’est qu’on ne peut pas jouer en ligne, mais on doit organiser des événements en personne. Et par contre, justement, ça crée des liens, ça crée une atmosphère. On voit les gens. À l’époque, la scène était petite, on était 20 30, on les voyait une fois par mois et c’était très très cool. Voilà. Maintenant la scène, elle a évolué, donc j’ai continué jusqu’à jusqu’à la troisième. Et parce que oui, mon rapport aux jeux vidéo avec mes parents, bah ils ont voulu que j’arrête au niveau du brevet pour me concentrer et du coup j’ai arrêté et j’ai profité donc du nouveau opus qui sort, qui est sorti quand j’étais en seconde.

Enki DUFOYER : Si je dis pas de bêtises en 2016, si je dis pas de bêtises. J’avais seize ans où je pouvais aller au tournois tout seul parce que je rappelle. Oui, avant j’allais en tournoi mais j’étais accompagné donc je devais venir avec ma mère et je devais rentrer avec ma mère bien évidemment. Donc je te laisse deviner que pour les parents, c’est pas forcément le plus passionnant de regarder son fils jouer à un jeu. Les parents, ils savent même pas qu’est-ce que c’est. Et donc du coup, à mes seize ans, c’est d’ailleurs à ce moment là où je change mon pseudo. Du coup c’est Enki, ça l’était pas, c’était un pseudo Lucar, Voilà pour x raisons. Mais voilà. Donc je décide de changer vraiment pour être la coupure. Je reviens avec un nouveau pseudo sur l’opus 3DS-Wii U et j’ai commencé du coup la compétition. Je faisais de très bons résultats et c’est là où j’ai commencé à être abordé par des équipes qu’on va appeler du coup semi-professionnel. Donc on commence à porter des maillots, on commence à avoir des des petits tags avant notre pseudo et c’est.

Julien LOMBARD : Juste est ce que tu savais ou est-ce que tu es ce que tu savais ? Ou est-ce que tu sais aujourd’hui déjà quel quel type de structure c’étaient ces équipes que tu appelles semi-professionnel ? Est-ce que c’étaient des associations ?

Enki DUFOYER : C’était des associations.

Julien LOMBARD : Ah d’accord. Voilà

Enki DUFOYER : Voilà, c’était même ils avaient ils avaient des petits sites pour commencer, c’est des associations depuis telle année. Donc c’était forcément un groupe de potes en général qui ont décidé de créer des petites équipes, de soutenir avec leurs moyens, parce que ça reste leur propre moyen à eux. Il n’y a pas de, il n’y a pas de sponsors comme maintenant etc. Ou les sponsors, c’était les boîtes des CEO et donc du coup voilà, ça a commencé comme ça, j’étais chez une team qui s’appelait Nuit Blanche. Ce qui est très marrant, c’est qu’on voit beaucoup de personnes à l’heure actuelle de l’esport qui sont dans de grosses structures. Mais je les connais parce qu’on a commencé dans cette petite association. Après, bien sûr, ils avaient plusieurs jeux. Parce que vu qu’en terme de coût ça demandait, en fait c’était juste un maillot et un tag. C’est à dire que même pour les tournois, on les faisait à nos frais. En fait il y avait pas spécialement d’aide ou quoi que ce soit. Et voilà, ça a commencé comme ça. Et lors de. C’était en 2018. Décembre 2018, 7 décembre 2018. Nouvel opus de Super Smash Bros Ultimate. Donc j’étais free agent à ce moment-là. Je fais la compétition. J’avais déjà un plan précis de mon expérience de Super Smash Smash IV, je vais l’appeler comme ça, et je suis parti à l’étranger et on m’a contacté pour la première fois début 2019 par le club de foot AS Monaco qui me propose de justement créer une équipe esportive. Voilà. Et donc me voici jusqu’à jusqu’à 2023, toujours joueur pro. Donc on va dire que ma carrière de joueur pro, elle a commencé en 2019.

Julien LOMBARD : Ok. Déjà ce qu’on peut, ce qu’on peut retenir dans les étapes, la chronologie, un peu de ton parcours, c’est jusqu’à 2019. Un côté amateur que tu appelles aussi un peu semi amateur.

Enki DUFOYER : Voilà, c’est ça. Pour moi le semi amateur, il est à un moment où on représente une équipe et on a une aide un peu financière sur certains événements, mais voilà, sans qu’il y ait une régularité.

Julien LOMBARD : Non mais ça c’est très intéressant parce qu’on entend souvent les joueurs et même certains clubs de dire on est semi amateur, etc. Ce qui n’a pas de sens juridique, c’est à dire que soit on est amateur dans le sens où on est, on est une association sans but lucratif et on a peut-être comme tu dis des et encore des aides qui peuvent être données pour les joueurs. Soit on est professionnel et à ce moment-là on a un statut avec en étant auto-entrepreneur ou en ayant une société, on y reviendra sur les différentes formes. On est déjà revenu sur d’autres épisodes du podcast, mais on reviendra sur ton cas particulier. Mais ce flou un petit peu de semi amateur, toi tu le définis assez bien, c’est de dire en fait ce n’est pas juste du passe-temps, c’est. Enfin, c’est aussi, mais ce n’est pas que du passe-temps dans le sens où il y a un côté où on est un peu mis en avant dans le cadre d’une association et que donc on va avoir du défraiement, de la mise en avant, peut être avec des maillots, avec, avec, comment dire, une sorte d’équipe, un,

Enki DUFOYER : C’est ça. On a des petites demandes, tout simplement passer du temps avec l’équipe, faire des streams pour la, avant c’était l’essor. D’ailleurs à l’époque où j’étais dans donc du coup, dans mon équipe semi amateur semi-professionnel, c’est c’était l’essor des Web TV. Donc forcément sur une semaine on devait faire remplir des créneaux sur la Web TV de de l’équipe ou de l’association.

Julien LOMBARD : Et ça tu avais signé un contrat à cette époque-là ou pas ?

Enki DUFOYER : Je crois que ça s’est fait un accord verbal. J’ai vraiment pas de souvenir de.

Julien LOMBARD : Certaines associations qui demandent de signer des contrats alors que c’est extrêmement limite. Déjà parce que souvent les joueurs sont à ce moment-là mineurs. Et donc sans l’accord des parents, ça n’a aucune valeur juridique. Et ensuite parce qu’il y a des grosses contraintes qui sont soi-disant données en disant il faut passer tant d’heures à streamer, etc. Alors qu’en réalité ce pouvoir-là de l’association ne devrait pas exister.

Enki DUFOYER : Il ne devrait oui. Ben justement, il me semble, ça m’aurait marqué si je si j’avais dû signer un contrat. Et il me semble que ça s’est fait vraiment à l’amiable. Et c’était un peu aussi le le principe justement de, alors il y en a, ils jouent sur ça, mais là ça n’a pas été le cas dans mon dans mon équipe de faire vraiment équipe d’amis, un peu famille et des gens à l’heure actuelle que je vois toujours et c’est toujours un plaisir de les voir.

Julien LOMBARD : Là on est dans cet entre-deux, justement avant, avant 2019 et 2019, à ce moment-là, on vient de chercher, l’AS Monaco qui te contacte. Et donc voilà comment, comment les choses se passent, toi, de ton point de vue de joueur ?

Enki DUFOYER : Alors déjà, je peux expliquer un peu comment ça s’est fait l’approche tout d’abord ?

Julien LOMBARD : Bien sûr !

Enki DUFOYER : Donc c’est donc moi j’avais déjà mon plan précis, c’est à dire que moi je voulais arriver sur Smash Bros Ultimate avec de l’avance. Par mon expérience, j’avais déjà voyagé sur Smash IV avec mes frais à l’étranger, au niveau des réseaux sociaux, au niveau du stream, j’avais déjà… Voilà, je voulais vraiment être le premier à communiquer parce que moi j’ai fait des études de commerce, donc je sais que comment, j’avais des clés de comment mettre en avant et parce que l’algorithme ce n’est pas la même chose que maintenant. Et du coup j’avais pris déjà l’initiative. Donc le jeu sort le 7 décembre 2018. La semaine de la sortie, je pars en Angleterre donc je vais envahir un pays sur un jeu qui vient de sortir il y a une semaine et faire mes marques. Donc j’ai fait ce que j’ai fait neuvième ou Top 8. En tout cas, j’avais battu le meilleur joueur là-bas, donc ça fait déjà fait du bruit parce qu’il y a déjà un Français, il part à l’étranger, il fait des bons résultats.

Enki DUFOYER : Et en janvier donc, il y avait un tournoi qui s’appelle le Valhalla au Danemark. Donc c’est une série de tournois. On fonctionne beaucoup sur Smash par des séries, des… En fait, on fonctionne par des séries de tournois et via leur renommée ou pas, on sait que c’est un bon tournoi ou pas. Du coup, le Valhalla, c’est le tournoi au Danemark du pays et on connaît. On peut pas connaître depuis la version Ultimate parce qu’il venait de sortir mais depuis Smash IV.

Enki DUFOYER : Du coup, on savait directement qu’on voulait y aller et on a gagné le double. Du coup, c’est le premier tournoi où il y a des Français, ils vont aussi encore à l’étranger, plus de plus d’un quoi, on a hésité avec Gluttony. On a gagné le double en battant tout le monde et ça a eu beaucoup de visu parce qu’il y avait des gens aussi connus. Parce qu’en fait Ultimate, c’était un peu au début, c’est est ce que ça va rassembler toutes les communautés Smash IV et Melee ? Il y a un peu une scission.

Julien LOMBARD : On est à cette époque-là.

Enki DUFOYER : Voilà, c’est vraiment le début, donc très très suivi. On gagne. Je me fais contacter sur Discord par un des managers du coup de AS Monaco, donc celui qui va s’occuper de la partie un peu esportive. Et là bonjour, hop, je me présente et voilà : qu’est-ce que tu voudrais en termes de rémunération ? Quelles sont tes attentes en fait ? On arrive sur, déjà je peux dire mes envies alors qu’avant c’était plus est ce que ça te dirait ça ? On te propose directement quelque chose alors que là on te demande qu’est-ce que tu veux ? Donc c’est déjà de la négociation que je connais un peu parce que j’ai fait des études de commerce, donc je me précipite.

Julien LOMBARD : Sachat que tu as 22 ans-23 ans.

Enki DUFOYER : J’ai 21, 21.

Julien LOMBARD : 21 ans.

Enki DUFOYER : 2013. Oui, c’est ça, c’est ça. Et du coup, premier réflexe, je vais voir mes contacts. J’ai la chance d’être très bien entouré, j’ai des avocats dans mon entourage, j’ai des personnes qui connaissent la scène. Je demande. C’est quoi les prix du marché ? C’est le début. Est-ce que je peux me permettre de demander ça ? À l’époque, 400 €, c’était énorme. J’avais rien. J’avais zéro euro. J’avais un maillot et des encouragements. C’était très très bien. Donc voilà, je discute, je donne mes, mes, mes chiffres. Même si mon entourage qui connaît le milieu m’ont donné des chiffres, ça me paraissait tellement énorme pour moi que j’ai baissé. Et voilà, ça s’est fait. Donc on a parlé. C’est quoi les attentes ? C’est quoi les projets ? Ça, je suis vraiment content d’avoir été prêt à l’époque pour dire un peu ce que je voulais et du coup, ça s’est fait plutôt naturellement. Les négociations, c’est un truc qui a été nouveau, c’est que ça s’est fait sur un mois pour moi, un mois c’est long. Donc on a parlé en janvier, on a signé en mars si je ne dis pas de bêtises, mars début février. Et il y a eu aussi ce côté de faire une auto-entreprise.

Julien LOMBARD : Ça c’était un marqueur justement pour.

Enki DUFOYER : Ça a été le marqueur. C’est pour ça que moi j’estime que je suis passez joueur pro à la date de la création de mon auto-entreprise. Parce que moi, du coup, j’avais travaillé, moi j’ai fait, j’ai fait des stages, j’ai travaillé dans la mode, j’avais bossé chez chez Boss, Hugo Boss anciennement, il n’y avait pas ça en fait. C’est, t’envoyais ton RIB et c’est fini. Voilà les fiches de paye. Et là, auto-entrepreneur, il m’explique que je peux avoir droit à l’acre. J’ai aucune idée qu’est-ce que c’est…

Enki DUFOYER : On met des nouvelles choses, en fait des nouvelles notions. Moi je vais vous dire ça notions concepts pour moi qui me semble toute nouvelle. Et voilà. Et derrière il y a une partie dont j’ai les contrats. Je comprends rien. On va pas se mentir, je comprends rien. Donc je fais confiance à mes contacts. Je demande : est-ce que tu peux m’expliquer ? Est-ce que ça te parait bien ? Parce qu’il y a beaucoup, j’ai déjà.

Julien LOMBARD : Tes contacts avocats et conseils et tes parents et ta.

Enki DUFOYER : Nan, ma famille, rien.

Julien LOMBARD : D’accord.

Enki DUFOYER : C’est à dire que.

Julien LOMBARD : Tu avais exclu, entre guillemets, tu avais exclu de cette discussion et cette négociation ta famille là, ça devenait un projet professionnel. Et donc à ce moment-là, tu es allé voir des conseils professionnels,

Enki DUFOYER : Des personnes qui sont dans ce milieu en fait, c’est… Ma famille à l’heure actuelle, ne savent vaguement toujours ce que je fais. C’est très vaguement comme je fais beaucoup de choses. Voilà. Au niveau de. Donc ils m’expliquent qu’il faut faire attention. Ces clauses, il faut les protéger. Moi, je fais confiance, même si j’essaie de comprendre, mais c’est ça reste quand même flou. Et finalement on arrive sur un accord. Et par exemple, je me souviens très bien, ça m’avait marqué, on devait parler des tournois qu’on voulait faire et dans le contrat il avait marqué l’accord du, à l’accord de l’équipe, etc. Mais il me semble que justement il m’avait demandé, mon contact m’avait dit il faut que tu dises les tournois exacts, la période que tu veux avoir, je sais pas si on l’avait changé.

Julien LOMBARD : C’est pour éviter que justement il y ait de la négociation qui vienne après et que, en fonction du rapport de force qu’il y a au moment où tu négocie, ça complique les choses. Alors que si tu les prévois en amont et que tu les fixes en amont, au moins sur ces tournois-là, ils sont spécifiques, ils sont.

Enki DUFOYER : On ne peut pas retourner en arrière.

Julien LOMBARD : Exactement. Sans aller plus loin, on passera ensuite sur sur les clubs un peu spécifiques esportifs avec qui tu t’es lié par la suite. Est-ce que par rapport à ton expérience avec l’AS Monaco, tant dans la conclusion du contrat qu’ensuite dans l’exécution du contrat, est ce que tu as senti une différence ? Est-ce que tu as senti un rapport avec le monde de l’esport qui est justement différent ? Parce que pour le coup, l’AS Monaco est un club sportif à la base ?

Enki DUFOYER : Oui, j’ai senti une différence. J’ai eu aucun club qui a une ressemblance avec l’AS Monaco. C’est à dire que déjà, sur le suivi, dans l’approche médiatique, on est sur quelque chose de différent. Je vais commencer de manière chronologique. Au début, on arrive vraiment sur une cérémonie d’ouverture à Monaco. On aurait pu très bien aller à Monaco. Non. On a fait un partenariat avec une marque de musique où on a pris les locaux dans le milieu et on a invité plein d’entreprises, plein d’acteurs du milieu, juste pour voilà. C’était vraiment une cérémonie d’ouverture en mode regardez l’AS Monaco se lance dans l’esport. Donc voilà, n’hésitez pas à parler sur les réseaux, des photos avec des gens. Je prenais des photos avec des gens que je connaissais pas, que j’ai jamais vu. Il y avait des Américains, il y avait enfin.

Julien LOMBARD : Juste pour le contexte. Lorsque l’AS Monaco a lancé cette partie esportive et ce qu’il l’avait fait que sur Smash où il y avait aussi d’autres jeux ?

Enki DUFOYER : Nan c’est tout en même temps, c’était ça aussi la particularité, c’est qu’on arrive.

Julien LOMBARD : Donc ils ont lancé FIFA.

Enki DUFOYER : Ils ont lancé FIFA, ils ont lancé… Non, ils ont lancé PES.

Julien LOMBARD : Ils ont lancé PES.

Enki DUFOYER : Ils ont lancé des jeux mobiles, Clash Royale, NBA. En fait, ils ont pris des modèles sportifs et d’autres jeux. Et du coup, on arrive, on est tous ensemble, donc on découvre, on se découvre tous, on fait connaissance. Donc ça, ça c’était cool parce que c’était un événement un peu rassembleur. Et là il y a un truc qui a beaucoup changé, c’est qui était très lié au foot, c’est le numéro sur le maillot. On devait choisir un numéro sur nos maillots avec du. En fait, on a le même maillot que les sportifs, donc ça c’est tout nouveau et on a une tenue entière. Et voilà, on était vraiment dans un vrai collectif et donc ça a beaucoup changé. Et après, dans tout ce qui est média, c’est les clauses au niveau des droits de l’image, au niveau du suivi. C’est à dire qu’on devait tout le temps passer par le manager pour avoir une interview, pour avoir ne serait-ce pour dire quoi que ce soit en fait. C’était très très contrôlé et je pense que ça marche peut-être pour des personnes plus âgées ou dans le monde du sport qui qui n’a pas besoin de ça, mais là, on s’occupe de personnes qui sort de leur chambre et et qui vont en compétition. Donc ça peut. Moi c’est vrai que ça m’avait un peu.

Enki DUFOYER : C’est le sentiment que tu as eu lorsque tu as été chez eux, c’est un côté peut être un peu plus “processisée”, un peu plus rigide, que.

Enki DUFOYER : C’était vraiment rigide et stricte, pas forcément de la mauvaise manière.

Julien LOMBARD : Non non, c’est pas.

Enki DUFOYER : Mais moi je sais que tout le monde n’a pas la même approche. C’est à dire il y en a qui ont besoin de ça. Et moi je suis un peu fébrile face à l’autorité, c’est à dire, autorité c’est peut-être un mot fort, mais par exemple, on me demande une interview après un match, le fait que je peux pas juste dire répondre à deux questions parce que je dois, je dois contacter un manager. J’avoue que ça m’a un peu perturbé. Après, c’est peut-être aussi le côté sportif où il y a une médiatisation, il veut éviter des débordements, des débordements. Donc ça je comprends. Par contre il y a un très bon suivi et je les remercie. J’ai eu la chance de de partir un mois aux Etats-Unis avec un plan, des missions à faire, etc. Donc ça c’était ma première expérience aux Etats-Unis aussi longtemps, donc ça c’était extra. Et aussi on a un côté aussi activation et là on est sur un côté activation, sport/esport. Moi je ne l’ai pas fait, mais je sais qu’on a des personnes qui ont dû aller au club de Monaco pour jouer avec des jeunes de la région. Donc on faisait par exemple une activité sportive comme le foot et derrière il y avait une demi-heure de foot, une demi-heure d’activité jeux vidéo. Donc voilà, c’est vraiment totalement différent.

Julien LOMBARD : Et donc sur ces obligations-là, tu as les obligations contractuelles que tu pouvais avoir. Finalement, vous vous étiez mis d’accord sur les compétitions que tu pouvais faire.

Enki DUFOYER : C’est ça.

Julien LOMBARD : Donc ça, c’était la partie justement compétition et sur les obligations que tu avais à côté, est ce que tu as senti encore une fois, a posteriori, par rapport aux clubs esportifs que tu as pu faire par la suite, des spécificités par rapport à l’AS Monaco ?

Enki DUFOYER : Je dirais plus l’AS Monaco spécifique aux autres. C’est à dire que bah, il n’y avait pas d’improvisation, on savait tout, quel tournoi, on allait le faire. Et c’est peut-être la première fois aussi où on a eu des non à des tournois, c’est à dire qu’à l’époque on pouvait faire tous les tournois qu’on voulait parce qu’on n’avait pas d’aide aux tournois ou ou quoi que ce soit.

Julien LOMBARD : C’est vous qui financiez vos propres simulateurs de tournois.

Enki DUFOYER : Mais même pour un petit tournoi, on avait le droit à non, vous devez vous reposer. C’est vraiment on s’occupe. Il y a vraiment un suivi, ça fait beaucoup. Reposez-vous. Et ça, on, j’avais jamais vécu ça. C’est pas une interdiction…

Julien LOMBARD : Bien sûr.

Enki DUFOYER : Il y a vraiment une volonté de bien faire. Et c’est vrai que c’est perturbant.

Julien LOMBARD : Surtout quand on est jeune comme tu dis, que tu as 21 ans, que tout ce que tu as envie c’est de jouer, c’est de faire des compétitions, c’est faire tout ça et qu’on essaie de te donner un cadre assez strict. Et le cadre strict ne ressort pas forcément du contrat en tant que tel sur lequel on va donner des contours généraux. Ça, c’est on va donner les principes, mais après tu as les modalités pratiques et donc la relation que tu peux avoir avec le manager.

Enki DUFOYER : Je sais qu’aussi, ça c’était aussi quelque chose où je n’étais pas habitué, j’avais pas le droit de parler de marques. Par exemple, si je disais que j’adorais le café, et j’adore le café Nespresso, je n’avais pas le droit de le dire.

Julien LOMBARD : D’accord.

Enki DUFOYER : Ça c’était nouveau aussi parce que on est souvent, dans la vie de tous les jours, moi je suis très très cash, très franc, très transparent.

Julien LOMBARD : C’était indiqué dans ton contrat ou c’était…

Enki DUFOYER : Non, non, j’ai pas de souvenirs. J’ai pas le souvenir en tout cas. Mais par exemple, vous pouvez pas dire j’adore le café Nespresso, mais on n’a pas de partenariat avec ou quoi que ce soit.

Julien LOMBARD : Ok.

Enki DUFOYER : Donc voilà, ça c’était peut-être une des choses qui m’avaient aussi un peu…

Julien LOMBARD : Un peu marqué ?

Enki DUFOYER : Je recevais un message attention, il ne faut pas.

Julien LOMBARD : C’est à la suite d’un événement ?

Enki DUFOYER : Oui, c’est la suite.

Julien LOMBARD : C’est à la suite d’un événement où tu as été interviewé pour…

Enki DUFOYER : Oui, il n’y a pas eu de dispute, il n’y a pas eu de reproches.

Julien LOMBARD : Nan nan bien sûr.

Enki DUFOYER : Mais voilà, il y a eu un encadrement, il y a vraiment un suivi. C’est à dire que si je streamais, il regardait et on a tendance à pas à pas se dire que comme c’est d’autres entités un peu plus supérieures entre guillemets, on se dit ils ont autre chose à faire. Et en fait non, il y avait vraiment un très bon suivi. Dès fois ça suit beaucoup, on a l’impression d’être un peu tracé sur des tweets, sur sur plein de choses.

Julien LOMBARD : Il y avait une exclusivité justement dans ton contrat par rapport à ça, au niveau des streams, au niveau de, au niveau de ta participation à…

Enki DUFOYER : Oui oui, je devais stream sur la TV de l’AS Monaco un certain nombre de fois, donc je devais mélanger la mienne, personnelle, et celle de l’AS Monaco.

Julien LOMBARD : Et il t’était interdit de streamer sur sur justement d’autres, d’autres plateformes où encore une fois, c’était un côté un peu non-dit ?

Enki DUFOYER : En fait, c’est un côté non-dit encore. L’avantage, c’est qu’on avait un retour très rapide, donc du coup on parlait avec eux : est-ce que je peux faire ça ? Et ils me disaient dans l’heure, ça c’était vraiment agréable. Mais oui, il y avait beaucoup de choses. En fait, on découvre sur le tas, c’est en faisant qu’on découvre.

Julien LOMBARD : Mais même eux, de toute façon devaient découvrir sur le tas.

Enki DUFOYER : Oui je pense. On est sur des personnes qui arrivent dans le milieu esportif, un milieu qui n’est même pas encore bien construit et du coup on peaufinait ensemble, on peaufinait ensemble.

Julien LOMBARD : Et c’était justement fait de concert. Et c’est là où en fait ton expérience est, était vraiment bonne et vraiment vraiment agréable, c’est qu’il y a eu avec l’AS Monaco la possibilité d’échanger en continu, d’avoir un vrai suivi qui permettait que, et bien les choses pouvaient se passer de manière assez fluide.

Enki DUFOYER : Il n’y avait pas de surprise globalement et. Et c’est vrai que aussi, même en termes d’image, pour le grand public, c’est c’était beaucoup plus facile quand on a un lien avec le côté sportif, les gens ils connaissent pas mais AS Monaco, ça aurait pu être PSG. Peu importe quel jeu tu fais, tu es directement lié, donc on est plus sur un peut être sur d’autres milieux esportifs ou en termes de renommée, ce n’est pas la même chose. On est rattaché à quelque chose, à quelque chose, à une entité plus grosse que nous. Donc ça, c’était vraiment la partie agréable d’être chez Monaco, même la tenue.

Julien LOMBARD : Et donc cette expérience, elle dure six mois.

Enki DUFOYER : Elle dure six mois. J’ai pris la décision de ne plus renouveler le contrat parce que j’avais beaucoup de pression. C’est à dire que je suis arrivé à une phase où j’étais tellement suivi. En tout cas, moi, j’ai eu du mal à. Je me mettais de la pression parce qu’à force d’être tout le temps sur soi, en fait, on se met la pression. Est ce qu’on va resigner ? Il faudrait que tu fasses ça, il faudrait que tu fasses ça. Et j’avais un côté de… C’est la partie un peu difficile de la compétition, c’est qu’on est rattaché à la performance. Mais moi je m’amuse plus. En fait, je reviens. En fait pour te redonner le contexte, on était trois joueurs, j’étais le capitaine donc je choisissais les joueurs, j’avais ce luxe là et je pars. Donc je suis le seul des trois joueurs à partir aux Etats-Unis. Pendant un mois, je suis suivi, etc. Je me dis si je rentre. Donc je me disais ça, si je rentre mais que je fais moins de bonne performance que les autres joueurs alors que l’équipe a investi de l’argent pour que je parte aux Etats-Unis, comment ça va se passer ? On se met la pression, on se met la pression. Du coup, je rentre des Etats-Unis un mois. On a une grosse compétition de 1000 personnes à Londres, dans le stade sportif de l’Emirates, donc parfait pour l’AS Monaco. Et je me mets la pression. Donc on arrive sur un moment où je fais treizième sur 1000 personnes. J’ai pris zéro plaisir sur le week end, j’étais en burn out. J’avais un Invitationnal le week-end d’après et j’ai dit non, je veux pas y aller, je veux pas y aller. Alors qu’il y avait par exemple en termes de rémunération, aucun joueur aurait dit non. Moi j’étais sur un mois de compétition suivis.

Julien LOMBARD : Tu avais fait quoi aux Etats-Unis pour l’AS Monaco ?

Enki DUFOYER : J’avais fait. J’étais parti à New York, en Floride, à Los Angeles, sur un mois. En fait, j’avais fait des compètes partout, quasiment tous les deux jours et sur un mois. Et c’était c’était nouveau pour moi. Donc il y avait ce côté j’ai faim d’apprendre, j’ai faim de progresser. Vraiment, c’était too much. Pression plus intensité. C’était too much. J’ai fait, “je veux rester”. J’ai un ami à Londres. Je suis resté. Je me repose. Du coup, j’ai décidé de ne plus renouveler.

Julien LOMBARD : Comment s’est passée la fin justement de cette relation ? Ça a été juste la question de ne pas renouveler donc donc en fait c’était la fin du contrat qui était…

Enki DUFOYER : Ça s’est très bien fini. Ça s’est très bien fini, on a parlé, on s’est compris, il y a eu.

Julien LOMBARD : C’était pas d’un commun accord que je veux dire, c’est que c’était une durée déterminée. La durée était de six mois, donc le contrat se termine. Et donc après.

Enki DUFOYER : En fait le souci aussi c’est qu’on arrive, du coup moi je rentre des Etats-Unis, la fin du contrat, elle est le week-end de la compétition. Sauf que c’est délicat de demander. En fait, on arrive à ce moment où, est ce que le renouvellement dépend de notre performance là ? On se met la pression. Alors que dans, moi ce que je conseille aux gens, c’est de s’informer un mois avant la fin du contrat, deux mois avant pour savoir, et ça met la pression. Et au final, c’est moi qui ai explosé et j’ai dit non, je ne veux plus. En fait, comme ça je ne me pose plus la question, c’est on arrête.

Julien LOMBARD : Ok, donc on est après sur cette expérience avec l’AS Monaco là. Ensuite tu suis avec deux deux expériences, alors on va tomber un peu avec la période du covid puisque c’est…

Enki DUFOYER : Oui c’est la période du covid.

Julien LOMBARD : On est avec une première expérience avec Otter World en 2019 qui va durer six mois et ensuite avec Glorious en 2020 qui va durer, fin 2020, en octobre 2020, qui va durer six mois, Là, donc, il y a eu un temps entre Monaco et ces deux clubs, déjà, ces deux clubs esportifs pour le coup. Donc, quelle a été la différence, encore une fois, d’un point de vue contractuelle, juridique que tu as pu avoir avec avec ces deux clubs là et aussi avec au niveau du quotidien et du suivi dont tu parlais, qui était très fort avec l’AS Monaco ?

Enki DUFOYER : D’un point de vue totalement juridique, ça c’est fait du coup directement avec un contrat. C’est eux qui ont proposé, qui ont dit voilà, nous on propose ça. C’est une période un peu difficile parce que covid tout simplement. Donc j’avais mes rémunérations avec le salaire des équipes plus les événements dans ce qu’on appelle les weekly, dans les bars, dans les restaurants, ça commence à se fermer, on a plus de revenus, on a des circuits qui se ferment et qui s’annulent. Donc on est un peu en position de faiblesse nous en tant que joueur, donc j’ai pas mon mot à dire. Merci de vous me proposez ça, je vais prendre. Et bah pareil. Par contre, j’ai toujours la même approche, on regarde à chaque fois qu’on propose un contrat, je regarde mais les clauses etc avec mes contacts.

Julien LOMBARD : Est-ce que sur ces, est-ce que sur ces contrats là il y avait des spécificités, c’est à dire que notamment est ce qu’il y avait par rapport par rapport à l’AS Monaco, est ce qu’il y avait plus de choses sur les obligations à la fois au niveau du stream, à la fois au niveau de ?

Enki DUFOYER : Il n’y avait rien justement, il y avait rien justement. Je suis en mode, je je ne connais pas ma référence en fait, je sais pas sur quel pied danser. Est-ce que Monaco c’était trop strict ou est-ce que c’est un peu too light ? Il y a beaucoup de non-dits. Peut-être. Justement, moi j’étais plus dans cette approche. Il faut peut-être rajouter des choses, non ? Et c’est ce qui s’est passé. Enfin, c’est ce que je me disais faut j’étais tout le temps dans le il faut rajouter quelque chose, il y a un truc à préciser, il y a un non-dit, un quelque chose de caché. Et moi ça s’est fait vraiment beaucoup sur les défraiements. Après l’AS Monaco, parce que autant l’AS Monaco, ça se fait sur un accord à l’amiable et je parlais avec un manager. Autant là je parlais avec le CEO et donc du coup c’était totalement différent. Et aussi un rapport de force où la personne est plus jeune que moi, donc c’est pas la même chose. Par contre on s’est quand même vu en vrai pour discuter. Mais oui, par exemple l’AS Monaco, on a vraiment un suivi, même au niveau du salaire, toutes les fins de mois, n’oubliez pas d’envoyer vos factures alors que les autres, c’était en fait on va payer. Mais s’il ne le dit pas, tant mieux.

Julien LOMBARD : Sur la partie structure, on revient un peu en arrière,

Enki DUFOYER : On revient en arrière.

Julien LOMBARD : On revient, on revient un peu sur sur du club comme tu l’appelais tout à l’heure, un peu semi-amateur, c’est à dire avec une gestion déjà moins quotidienne, plus plus difficile pour toi en tant que joueur, parce que tu dois à la fois gérer tes entraînements, tes compétitions, ta vie de tous les jours. Mais. Mais en plus, tu dois pallier un peu à l’absence de club qui encore une fois, peut-être pas dans le suivi, mais en tout cas dans la partie, dans la partie juridique, dans la partie comment ça se passe au niveau des facturations ? Est-ce que les obligations sont bien respectées de part et d’autre ? Comment ça se passe au niveau du repos ?

Enki DUFOYER : En fait, on est sur l’AS Monaco, on a un suivi où on a des nutritionnistes, des conseils, un coach mental. Là, j’avais aucune demande pour parler à quelqu’un, J’avais une semaine voir deux semaines pour avoir une réponse. J’avais vécu genre Fortnite et moi je connaissais pas les personnes. La connaissance s’est faite sur un follow Twitter donc c’est rien. On est vraiment mené à nous-même et j’avais même pas de maillot, j’avais pas de maillot. Donc en fait c’est là où justement c’est la partie la plus, comment dire, c’est limite dans l’oubli pour moi, j’ai même pas l’impression d’avoir été chez eux, ça ne m’a pas marqué. En plus c’était une période covid.

Julien LOMBARD : Et ça donc, ça t’a donné aussi des enseignements pour la suite et pour et pour le club d’après sur les choses qui étaient importantes de bien inscrire sur le contrat. Tu as eu cet exemple AS Monaco qui était un peu exceptionnel comme tu disais, parce que c’était encore une fois un club sportif qui grosso modo avait déjà l’habitude de traiter avec des joueurs en plus le faisait avec d’autres, d’autres jeux, donc d’autres scènes et donc avec une volonté de bien faire. Donc on était sur une volonté d’apprendre l’un de l’autre. Enfin, tout ça a été peut être pas coller à l’esport classique, mais en tout cas avec une volonté de bien faire. Là, il n’y avait pas une volonté de mal faire dans les deux autres clubs, mais c’est juste qu’il n’y avait pas cette organisation, il n’y avait pas cette structuration comme tu pouvais, comme tu avais pu le vivre.

Enki DUFOYER : Et c’était important parce que c’est la première fois où j’habite tout seul. C’est à un moment où j’ai décidé d’habiter à Paris, donc c’était mon salaire etc. Et du coup, fin du contrat vers février-mars. Et là il y a un problème, c’est qu’il n’y a plus de bars, restaurants où je peux avoir une rémunération, j’ai plus d’équipe. Là il faut réfléchir, sinon on va être endetté parce que les loyers ne sont pas figés. Donc j’arrête, je retourne chez mes parents, donc j’ai vécu ça comme un gros gros échec.

Julien LOMBARD : Bien sûr, c’est revenir en arrière.

Enki DUFOYER : Du coup on réfléchit parce que j’avais quoi, 23 ans à ce moment-là ? 23-24. Et en octobre, si je dis pas de bêtises ou novembre, enfin, je suis contacté pour rejoindre une équipe pendant trois mois, trois mois du coup avec un salaire et c’était une équipe suisse. Encore une fois,

Julien LOMBARD : Ouais ça c’est la fameuse Glorious.

Enki DUFOYER : Voilà Glorious. C’est, en gros, c’est à partir du moment où j’ai quitté l’appartement que j’ai commencé à consolider tout ce qui activités annexes avec le stream. Ça a été un moment fort où je suis parti en individuel et ça m’a permis justement d’avoir été contacté par une équipe parce que j’étais le seul qui faisait de l’activité pendant la période de covid. Donc voilà, ça a duré trois mois, forcément, parce qu’on essaie et pour X raisons, chacun à un manque de moyens.

Julien LOMBARD : Là on arrive sur Izidream.

Enki DUFOYER : Voilà donc Izidream le moment marquant, c’est parce que je suis parti aux Etats-Unis en décembre et j’ai fait un des meilleurs résultats français à l’étranger. Et donc du coup, j’ai été contacté, mi-début décembre pour signer début janvier. Et là j’ai retrouvé une structure, une structure organisationnelle où je parle encore avec le CEO, on va préparer… Là, il me redemande la même chose comme à l’AS Monaco, qu’est-ce que tu aimerais, ce que moi j’attends ? Parce que moi j’ai appris de. C’est pour ça que moi j’avais dit je veux pas six mois, trois mois. Quand on regarde l’historique, c’est ce qui s’est passé avec Otter World et Glorious, trois mois et six mois. Là, je veux pas six mois parce que j’ai mal vécu cette période. On veut de la stabilité. Du coup, ils me proposent un an avec précision. C’est à dire qu’on était sur un modèle de League of Legends pour la répartition des…

Julien LOMBARD : Parce que Izidream est un club qui justement avait déjà une équipe LOL qui était.

Enki DUFOYER : En fait pour moi en tant que joueur esport. C’est un peu mon critère. Une équipe est sérieuse quand elle a une équipe League of Legends reconnue en fait.

Julien LOMBARD : C’est intéressant pour justement les.

Enki DUFOYER : Moi en tant que joueur externe de League of Legends, c’est mon critère.

Julien LOMBARD : Mais c’est ça qui est intéressant encore une fois, à la fois pour les parents, pour les joueurs. Enfin d’avoir toi, ton point de vue, avec l’expérience que tu as, qui est quand même une expérience assez longue déjà dans le secteur. Tu es un vétéran en fait quand même du…

Enki DUFOYER : Un vieux de la vieille.

Julien LOMBARD : Un vieux de la vieille. Et justement, un de tes critères un petit peu subjectif, c’est parce que.

Enki DUFOYER : C’est ça, parce que ça veut dire quoi ? Ça veut dire beaucoup de choses. League of Legends, c’est des moyens. Je ne connais pas les prix exactement, mais c’est quand même ça demande une gestion de cinq personnes, un manager et plein d’autres encore, le prix du slot. Enfin, il y a une stabilité quand on est dessus, on ne peut pas, même d’un point de vue, on est avec un éditeur donc on ne peut pas faire n’importe quoi.

Julien LOMBARD : C’est à un moment pour les auditeurs important me semble-t-il, parce que c’est pour bien faire comprendre à tout le monde que les choses sont complètement différentes en fonction des jeux et en fonction de l’écosystème, etc. Et donc là, par rapport à un jeu comme Smash Bros, c’est pas le même monde, à la fois économique, à la fois organisationnel, à la fois structurel, qu’un monde comme LOL ou que même un monde comme CS.

Enki DUFOYER : On n’est pas que joueur dans Smash, on est beaucoup de choses, beaucoup, beaucoup de choses. Et si on ne prend pas ses réflexes de prendre des initiatives tout simplement. Chose qui peut être utile dans partout dans la vie de tous les jours, on se perd, on se fait, on se fait bouffer. Moi ça a été un moment important parce que c’était à un moment, je me souviens où j’ai mal vécu le covid et j’allais arrêter les jeux vidéo. Clos. Complètement. Et quand je pars aux États-Unis, c’était la clôture, c’était voyage de fin. Merci. Voilà. Et là on me contacte.

Julien LOMBARD : Tu l’avais fait avec l’AS Monaco, Tu le refais là des années plus tard et tu te dis ok, j’ai fini, je fais ma.

Enki DUFOYER : J’ai fini la boucle. Il s’avère que non. On me contacte, on propose un an. Même là, je commence à en parler à mes parents parce qu’on est sur un an. Je commence à leur dire j’ai un contrat. Tac tac tac. Avec une rémunération même. Voilà un suivi parce que je parle à plein de personnes. Donc il y a aussi ça qui qui est important, c’est j’avais deux équipes où je rencontrais des gens, mais il n’y avait pas d’organisation. Là, j’avais manager. On va faire des rendez-vous toutes les semaines et là je retrouve ce suivi. Donc je me dis il y a du sérieux, ne serait-ce pour raconter des choses bateau, mais il y a un suivi toutes les semaines, comment tu te sens, les performances blablabla. Proposition d’un coach mental, gaming house, ça veut dire beaucoup de choses aussi. Donc j’ai vraiment eu ça. Donc on a fait un an. Ça s’est très bien passé, on a proposé six mois et après trois mois. Du coup on a fini en septembre 2023 et il n’y a jamais eu de problème. Peut-être justement encore un peu de non-dits sur les qu’est ce qui est pris en charge lors des voyages ? Parce que du coup je me suis retrouvée à avancer ou payer des choses. Parce qu’on ne se doute pas, en fait qu’on n’a jamais voyagé à l’étranger, on se doute pas des frais.

Enki DUFOYER : Par exemple, je prends le cas des Etats-Unis, tu ne peux rien faire à part si tu es à New York, mais sans voiture, donc tu payes des Uber, donc tu retrouves facilement sur des Uber à 40-50€ juste pour faire un aller-retour, plus pour aller te déplacer pour manger. Enfin à Paris, on peut très bien manger par exemple pour 30 € par jour là-bas, 30 € tu manges un repas à part si tu manges fast food tous les jours. Mais si on veut parler de performance, tu ne vas pas faire manger ton joueur des fast food tous les jours. Même le jet lag. On se dit on se dit ouais, le tournoi c’est sur deux jours, on va payer trois nuits. Ben non, si tu veux la performance, il faut prendre plus longtemps, etc. C’est vrai que du coup il y a des choses où j’ai payé, où j’ai avancé et j’ai pu me permettre aussi. Et au final ça n’a pas été remboursé parce que ça n’a pas été dit. Mais ça, il faut, on n’a pas convenu avant. Donc ça, c’est des choses que je pense qu’au niveau des clubs, c’est très important de le préciser, parce que, autant moi, j’avais, j’avais le droit à des jeunes, ils ne peuvent pas. Mais si tu ne prévois pas ça, on n’a pas d’argent. On fait comment ?

Julien LOMBARD : Les clauses essentielles pour toi dans le contrat, c’est la question de l’objet du contrat/obligations des parties. Pour que les choses soient extrêmement claires sur ce qu’il faut faire, combien de temps, l’étendue des obligations, etc. Ça, c’est vraiment un truc important.

Enki DUFOYER : C’est important parce que si au final, on te reproche quelque chose qui n’a pas été précisé, comment toi tu peux le savoir, oui, bien sûr, il y a des prises d’initiatives, mais tout le monde n’a pas ces prises d’initiative, tout le monde ne voit pas les choses de la même manière et même en termes d’expérience pour les deux parties, c’est pas bon. Ça fait qu’être négatif. Alors que si on te dit exactement je veux ça, ça, ça, je suis satisfait, à partir de ce moment-là, le joueur ou autre fait ça et tout ce qu’il y a à côté, c’est le bonus. C’est positif dans les deux manières parce que dans tous les cas, le club ou l’équipe est satisfaite et s’il y a d’autres choses, on a une bonne image du joueur. C’est bénéfique pour l’équipe.

Julien LOMBARD : La question du temps de repos était aussi traitée dans ton contrat ?

Enki DUFOYER : Alors moi, ça jamais. Non, ça n’a jamais été, ça n’a jamais été marqué. Mais pareil, ça s’est fait toujours avec l’accord avec le manager.

Julien LOMBARD : C’est quelque chose que tu regrettes et qu’il aurait fallu mettre dans le contrat justement ?

Enki DUFOYER : Je pense que c’est important oui. Donc nous, on a sur Smash, on a des super majors, des majors, des nationaux, des weekly. Voilà, préciser par exemple, les weekly, c’est des entraînements, donc on ne va pas faire payer, nous, en tant qu’équipe. Ces weekly, donc si vous y allez, c’est de votre propre moyen et c’est des erreurs qui s’est passée avec d’autres joueurs, donc je pense que c’est important de le préciser. En fait, il ne faut pas avoir de surprise. C’est ça qu’on attend d’un contrat. On ne veut pas être surpris de la mauvaise manière.

Julien LOMBARD : La première chose sur les obligations de chacun. Ensuite sur la rémunération et la rémunération. Qu’on parle de rémunération, on parle de. Il y a trois sous catégories, me semble-t-il. Il y a la question de la rémunération en tant que tel, c’est à dire la contrepartie financière fixe que tu peux, que tu peux avoir, mais la contrepartie financière en fait, j’allais dire il y a trois sous parties avec la contrepartie financière qui est à la fois fixe, à la fois variable en fonction des tournois. Il y a la question des modalités de paiement, c’est à dire quand est-ce que tu vas être payé.

Enki DUFOYER : Combien de temps ? C’est quoi la limite.

Julien LOMBARD : Voilà combien de temps. Et la question des défraiements.

Enki DUFOYER : Défraiement très importants ou c’est quoi la hauteur ? Est-ce que c’est du coup l’inscription, est ce que c’est le trajet, c’est le logement ? Il ne faut pas oublier des trucs annexes. Par exemple, c’est marrant d’en parler parce que j’ai été scandalisé il y a pas très longtemps. J’étais aux Etats-Unis, je payais 25 € six bouteilles d’eau. C’est un budget en fait, il faut prévoir. Ici c’est gratuit, mais. Mais voilà, des choses comme ça.

Julien LOMBARD : Donc sur la partie rémunération, la partie fixe-variable. Toi, tu n’as pas eu trop de difficulté dans les discussions que tu avais eu avec.

Enki DUFOYER : J’ai eu de la chance, je n’ai jamais eu de problème. C’est vrai qu’on parle beaucoup de modèle de League of Legends où on est plusieurs, il y a un staff, c’est normal, il faut les rémunérer et tout ce qui était cash prize on divise parce que c’est une victoire de groupe, pas seulement des joueurs. Mais dans Smash justement, on est tout le temps, on doit tout faire. Donc il me semble pour moi normal d’avoir 100 % des cash prize pour les joueurs, sachant que rien n’est acquis et surtout que si tu n’es pas top 8, tu touches rien et même en étant top 8, tu rembourses à peine ton inscription. Donc pour moi c’était essentiel. C’était vraiment essentiel.

Julien LOMBARD : Ok, donc ça c’est la partie, la partie. Alors, tu as une partie fixe quand même qui était donnée par le club.

Enki DUFOYER : Rémunération et voilà

Julien LOMBARD : Après la rémunération sur les cash prize.

Enki DUFOYER : Bien sûr. Et aussi même parler de la partie activation si on a des activations individuelles, pour moi il est nécessaire qu’elles soient entièrement pour le joueur. Par contre, si on a des activations avec l’équipe, via l’équipe, c’est normal qu’il y ait une répartition. Mais voilà, c’est des choses qu’on en fait, on ne s’en rend pas compte jusqu’au moment où ça arrive. Et moi, via mon expérience, c’est ce que du coup j’apporterai. Parce que ça m’est déjà arrivé là, ce que j’en ai parlé avec ma prochaine équipe. Est-ce que ça vous dérange si j’ai des partenariats ? Comment ça se passe ? Et voilà. Parce que je veux être protégé. Je veux aussi que ce soit bien pour eux, que ce soit clair. D’ailleurs, je pense qu’ils ont été étonnamment, agréablement surpris de tout ce qui est prévention.

Julien LOMBARD : Ils ont été agréablement surpris de ce que tu as voulu justement apporter comme précision pour qu’il n’y ait pas de mauvaise surprise.

Enki DUFOYER : Pour pas être surpris. Ils ne vont pas avoir de mauvaise surprise avec moi. Tout aura été dit au préalable.

Julien LOMBARD : Sur les conditions de paiement, c’est à dire les conditions et les délais de paiement. Donc généralement c’est des sommes qui sont payées par virement sur facture par tes soins. Donc toi t’émets ta facture et ensuite il te règle. Délais de paiement généralement 30 jours, okay ? Et ensuite, est ce que vous aviez envisagé les conditions en cas de défaut de paiement ?

Enki DUFOYER : Non, ça je n’ai jamais eu ça au niveau du paiement et je pense que ça peut être très important que tu en fais bien d’en parler. Je pense que ça peut être très important pour donner de la sécurité et qu’il n’y ait pas d’abus, parce que moi, je connais des gens qui ont été abusés, qui n’ont jamais été payés. Je connais des joueurs qui n’ont pas été payés pendant cinq mois et ils leur devaient 5000, 6 000 € et ça a été compliqué dans sa vie personnelle. Et je suis très content que maintenant ça enfin, il s’en sort. Je ne vais pas donner de noms.

Julien LOMBARD : Non non mais justement, ça peut avoir un impact très très important et de ne pas penser que c’est de notre faute de ne pas être payé. C’est à dire qu’on a on a fait une prestation, on a été présent sur les événements, sur les compétitions, sur les activations, sur le streaming, toutes les obligations qu’on a pu avoir. Il est normal qu’on soit réglé en temps et en heure.

Enki DUFOYER : Bah oui, parce que, alors dans la vie de tous les jours, on doit payer des choses. Le monde ne s’arrête pas, il faut pouvoir procéder en temps et en heure et même c’est contreproductif de payer en retard parce qu’on a un manque de confiance, on est peut-être stressé pour X raison et au final, ce n’est pas bénéfique pour le club.

Julien LOMBARD : Non, non mais c’est important. Mais tu as raison, c’est en effet quelque chose à préciser. Et sur les et sur les défraiements, c’est quoi tes recommandations ? C’est de lister toutes les…

Enki DUFOYER : Les parties. Donc si c’est défraiement transport pour aller au tournoi, si c’est défraiement de voyage, si c’est logement, si c’est repas, c’est important les repas. Repas, préciser, le midi, le soir, le petit déj on prend pas. Enfin en fait ça peut paraître extrême, mais moi si j’étais dans la partie organisationnelle aussi, il faut penser que les joueurs sont jeunes, donc pour les parents ça peut. En fait, le but pour les deux parties, c’est que ce soit le plus correct possible, le plus équitable. On ne peut pas reprocher à l’autre de ne pas avoir fait ceci, si tout a été marqué. Alors qu’on peut reprocher à l’autre qu’il y ait des non-dits. Donc voilà de dire on a, on te prend les trajets du Uber de l’hôtel au tournoi, pas plus, à l’aéroport. Donc toi, si t’as envie d’aller voir, je sais pas, aller au parc, au parc d’attractions à côté parce que tu avais envie, c’est à tes frais. Faut que tu sois conscient parce que des fois on sait pas, on sait pas si tu as envie d’aller à tel restaurant.

Julien LOMBARD :  Et que ça dépasse le budget que tu avais.

Enki DUFOYER : Même, faut aussi. Là, je défends beaucoup les joueurs, mais on va passer de l’autre côté. Il faut aussi que les joueurs apprennent à budgétiser. Si on te dit qu’on a 50 € à manger par jour et que vous avez convenu au préalable que c’était bon, là, le joueur il peut pas dire c’est pas assez. C’est à dire que si t’as fait plus, bah voilà, tu dois, tu dois faire attention parce que moi je connais des joueurs, ils abusent de ça et c’est normal que l’équipe au bout d’un moment et c’est bon bah tu vas au restaurant, tu prends un menu entrée plat dessert café 35-50 €. Tu es tournoi…

Julien LOMBARD : Je suis assez d’accord, ça va toujours dans les deux sens…

Enki DUFOYER : Oui ça va toujours dans les deux sens. Ça c’est pour ça. Moi je suis très transparent là-dessus et j’essaie d’être le plus objectif possible.

Julien LOMBARD : Le troisième point qui semble aussi important, après donc les obligations des parties et la rémunération, il y a la question de des manquements et de la résiliation du contrat. Est-ce que toi, comment tu as pu anticiper, alors de ce que tu expliques toi tous tes contrats se sont terminés plutôt de manière amiable et convenue avec avec les clubs, est ce que, mais est ce que d’autres expériences avec d’autres joueurs justement te te font prendre garde à ce type de clause de résiliation de fin de contrat ?

Enki DUFOYER : Déjà résiliation, oui, tout simplement. Il faudrait que dans les. En tout cas, par exemple, on prend le cas du joueur. J’ai déjà eu des joueurs qui ont eu un contrat de six mois, devaient être payés. Ils ont rompu pour X raisons en plein milieu. Ils ont jamais payé et moi par exemple, on doit au moins assurer. Tous les paiements doivent être faits déjà. Et dans le cas inverse.

Julien LOMBARD : Sur le passé. Tous les paiements doivent être faits sur les prestations déjà réalisées.

Enki DUFOYER : Dans le cas inverse, si en tant que joueur, on a précisé qu’on allait être telle période et qu’on part, on essaie de rompre la clause parce qu’on a un meilleur salaire. Il faut au moins respecter cette période, c’est normal. Et si tu veux partir, il faut payer. Et donc du coup pour moi il y a vraiment un à respecter les deux. Donc si le joueur il manque à ses obligations, il doit être puni. Donc ça se passe beaucoup par une rémunération. Mais même clauses de contrat je connais pas, je connais pas, j’ai pas envie de dire de bêtises. Peut-être donner une norme à tous les contrats esport, ou peut-être en fonction des tiers des jeux.

Julien LOMBARD : En fait, encore une fois, il faut entendre aussi dans ton expérience, c’est que c’est une expérience sur la scène Smash. Elle peut être transposée sur d’autres scènes, mais elle semble difficilement transposable sur une scène CS ou une scène ou une scène LOL ou en tout cas sur LOL en particulier ou Valorant d’ailleurs, où on a un éditeur qui est extrêmement présent dans la relation entre les clubs et les joueurs, puisque l’éditeur impose que certaines clauses soient mises au sein des au sein des différents contrats et donc ce n’est pas la même chose, là.

Enki DUFOYER : Nous, on n’a pas d’éditeur.

Julien LOMBARD : Oui, c’est ça. Est-ce-que juste avant qu’on passe sur sur les dernières questions, est ce que toi tu as un avis sur les agents de joueurs ?

Enki DUFOYER : Les agents de joueurs ? C’est compliqué parce que moi mon expérience, elle est biaisée. J’ai eu de la chance d’avoir des personnes qui ne profitent pas de moi et qui m’ont entouré, qui ont été très bienveillants, donc j’ai pas eu de souci par rapport à ça.

Julien LOMBARD : Il y a des expériences autour de toi sur justement que ça soit positif ou négatif, mais sur des relations entre des joueurs et des agents et l’importance de contractualiser aussi cette relation entre le joueur et l’agent.

Enki DUFOYER : Je pense que c’est important parce qu’il y a des abus et je pense que, en vrai, toute réunion avec l’agent, il y a au moins une réunion où ils sont tous ensemble. Parce que moi, l’abus que je peux envisager, je sais pas si ça a déjà existé ou pas, c’est les personnes qui prennent un peu le contrôle sur des jeunes et on leur dit ne t’inquiète pas, je m’occupe de toi, pas besoin d’en parler aux autres, ça reste entre nous. Un peu de chantage, un peu de pression pour justement abuser. Il choisit, il s’occupe de tout, mais ça va être dans son intérêt et le fait d’être réunis ensemble. Ça va au moins lui permettre de comprendre ce qui se passe. Enfin, je sais pas. Je trouve que c’est bien de ne pas avoir que des individualités et en général on peut pas trop cacher des choses quand on est en groupe. Je sais pas si tu vois ce que je veux dire.

Julien LOMBARD : Si, si je vois ce que tu veux dire.

Enki DUFOYER : Et l’agent, il ne vient pas tout seul et à un moment au moins il vient avec le joueur et on parle tous. Et comme ça l’équipe. Si à un moment pendant la réunion il veut dire qu’est-ce que tu en penses toi, le joueur.

Julien LOMBARD : Lui laisser la parole.

Enki DUFOYER: Ouais, lui laisser la parole.

Julien LOMBARD : Et pas en vérité qu’il disparaisse des négociations juste parce qu’il est représenté par son agent.

Enki DUFOYER: Oui, non, ça pour moi, c’est ça la protection. Voilà, je pense. Je parle beaucoup du joueur. Après, en tant qu’équipe aussi, je ne m’y connais pas assez de ce côté-là. Je pense qu’il y a d’autres personnes plus amenées à parler de ça. En fait, les agents, c’est bien aussi parce qu’il y a des abus des équipes alors que l’agent est censé connaître, en tout cas, un vrai agent est censé connaître les prix du marché et pas connaître les abus.

Julien LOMBARD : Non, non, c’est vrai. Deux dernières questions, ce sont les questions un peu habituelles de fin de podcast, c’est : quelles sont tes recommandations justement auprès d’un joueur lorsqu’il fait face à une problématique juridique qu’il peut rencontrer.

Enki DUFOYER : Avant le contrat ou après le contrat ?

Julien LOMBARD : Non lorsqu’un joueur va rencontrer une problématique juridique ou lorsqu’il est confronté à une problématique juridique, quels sont les conseils que tu donnes ? C’est, est ce que c’est d’en parler autour de soi ? Est-ce que c’est de se documenter soit même ? Est-ce que c’est d’aller voir des groupements, des associations, d’aller voir des professionnels ?

Enki DUFOYER : Alors, déjà, si vous avez des personnes dans votre entourage qui connaissent le milieu, la scène, allez-y, parlez-en à vos proches parce que c’est ceux qui sont là pour vous. Ne parlez pas à une seule personne. C’est important de parler à plusieurs personnes parce que c’est comme un échantillonnage. Plus il y aura de monde, plus ce sera précis et peut être correct. Enfin pas tout le temps, mais voilà. N’hésitez pas à parler aux professionnels, à vous informer. Prenez des initiatives dans tout. C’est très important de prendre l’initiative. C’est comme ça que moi j’ai fonctionné. J’ai eu de la chance, je n’ai pas eu de mauvaises expériences par rapport à ça. Mais oui, renseignez-vous, posez-vous des questions, mettez-vous. En fait, il faut être très pessimiste dans votre approche parce que faut être prévoyant. En fait, même s’il y a une chance sur 100 que ça arrive, prévoyez cette éventualité et ça peut être que bénéfique. Parce que si vous êtes dans ce mindset, dans cette mentalité, bah si ça arrive, je suis prêt. Si ça arrive pas, tant mieux. Voilà. La balance, elle est en votre faveur. Alors que si vous ne prévoyez pas, vous êtes normal. S’il n’y a rien et si ça arrive, vous êtes perdu. Moi c’est ma manière de voir les choses.

Julien LOMBARD : Elle est très bien elle, elle me convient parfaitement comme recommandation. Merci encore Enki. Dernière question, qu’est-ce que tu souhaites voir comme évolution justement au niveau de, au niveau de l’esport, au niveau du secteur, dans cette partie juridique ou législative ou organisationnelle ? Quelles sont tes attentes dans les années à venir pour l’esport?

Enki DUFOYER : Moi, j’aimerais bien une homogénéisation des contrats, je pense. Comme ça il n’y aura pas d’écarts, il n’y aura pas de magouilles parce que je pense qu’il y en a encore, ça protègera les deux parties. J’espère aussi en fait des détails, c’est à dire différencier les contrats, c’est normal en fonction des tiers, on ne peut pas faire les mêmes contrats. Peut-être différencier…

Julien LOMBARD : Quand tu veux dire les tiers, juste pour les auditeurs qui ne savent pas, c’est les tiers de jeu.

Enki DUFOYER : Voilà c’est les tiers de jeu en fonction de leur popularité, en fonction de l’aide, tout ce que ça peut rapporter au niveau des éditeurs et pourquoi pas avoir aussi des contrats, même pour les si. Je suis encore un peu dubitatif par rapport aux contrats de semi-amateur parce qu’il faut que ce soit encore le côté le côté un peu fun, mais dès fois je sais qu’il y a des abus, je sais qu’il y a des abus et le but c’est de protéger.

Julien LOMBARD : La question des défraiement à mon avis est vraiment un des trucs. C’est une des modalités centrales à mettre en œuvre au sein des associations par rapport à ces joueurs semi-amateur ou semi-professionnel.

Enki DUFOYER : En fait, le fait de faire ces contrats, ça va rassurer les gens, ça va crédibiliser le milieu. Enfin moi j’aime bien dire ça quand c’est un peu pas très sérieux, on ne fait pas les choses à la main, c’est pas Disneyland, on fait des choses, c’est précis, c’est concis. Et moi, moi, moi j’ai des personnes, des personnes dans mon entourage qui grâce à comment j’explique les choses, comprennent et le fait d’avoir quelque chose de juridique avec des lois, ça va nous permettre de crédibiliser la chose et faire aussi la France, une puissance mondiale de l’esport. C’est le but, le but final. Donc voilà aussi sensibiliser. Donc pour moi homogénéiser les contrats plus détailler en fonction des types de jeu, pourquoi pas aussi, même si, ça facilite tout le monde en fait, même au niveau des équipes, au niveau…

Julien LOMBARD : Ouais, vraiment centrer la problématique sur sur le contrat.

Enki DUFOYER : Pour moi c’est le premier truc qui me vient en tête.

Julien LOMBARD : Merci beaucoup Enki. C’était passionnant, c’était très. J’espère que ça sera aussi utile pour les auditeurs que pour moi. En tout cas, c’est vraiment une discussion passionnante. Exceptionnel parcours, encore une fois. Et on a hâte de te suivre dans ta prochaine équipe en 2024.

Enki DUFOYER : 2024 oui. Début 1ᵉʳ janvier 2024. Ça commence et ça commence fort parce que je pars un mois et demi au Japon, puis j’enchaîne avec les États-Unis. Ça va être un peu. C’est un nouveau challenge pour moi parce que je commence, je ne sais même pas dans mon pays natal et…

Julien LOMBARD : On va pouvoir te suivre à distance quand même ?

Enki DUFOYER : Bien sûr, c’est le but, c’est qu’il y a l’actualité quasiment tous les deux jours, tous les jours en direct du Japon. Donc ça me demandait de bien travailler et d’être organisé. C’est très important.

Julien LOMBARD : Encore une nouvelle casquette à mettre en place.

Enki DUFOYER : Ça fait beaucoup de casquettes.

Julien LOMBARD : Merci encore.

Enki DUFOYER : Merci encore Julien.

Julien LOMBARD : Salut, à bientôt.

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