Episode 7 – Droit à l’esport – Entretien avec Gaëlle HOUSSEIN

Durant ce nouvel épisode, j’ai eu la chance de pouvoir interviewer Gaëlle Houssein, la maman de plusieurs joueurs esportifs et créateurs de contenu reconnus tels que Corentin « Gotaga » Houssein, Ronan « Carbon » Houssein ou encore Mélina Houssein.

Au cours de cette conversation, Gaëlle a relevé l’ensemble des moyens existants afin de protéger juridiquement un joueur esportif professionnel qui souhaite se développer.

Ainsi, nous avons discuté du passage de l’auto-entrepreneuriat à la forme sociétale comme ce fût le cas pour Gotaga avec la création de la Gotaga Corp, de la protection de la marque et de l’image du joueur ou encore de la négociation des contrats de sponsoring, tout en insistant sur la nécessité de s’entourer de professionnels.

A la suite de cela, Gaëlle a évoqué plus globalement le sujet des jeux vidéo en soulignant l’importance de réaliser des campagnes de prévention et d’information que ce soit auprès des enfants amateurs de jeux vidéo, des esportifs professionnels ou de leurs parents. En effet, il est indispensable de se familiariser et de se former à ces problématiques.

Enfin, Gaëlle s’est étendue sur sa volonté de voir une charte d’éthique être édictée au sein de l’esport afin de renforcer le cadre juridique régissant les relations entre un joueur et son club.

Merci encore à Gaëlle pour le temps qu’elle m’a accordé ainsi que pour cet échange absolument passionnant !

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Retranscription de l’épisode :

Julien LOMBARD : Bonjour Gaëlle.

Gaëlle HOUSSEIN : Bonjour Julien.

Julien LOMBARD : Merci de participer au podcast droit à l’esport. L’idée en effet de ce podcast, c’est de pouvoir partager les expériences juridiques que les acteurs de l’esport rencontrent. Et je pense que tu es quand même toute désignée pour pour nous aider et aider les auditeurs. Parce que ça fait déjà un petit bout de temps que tu es dans le secteur. Est-ce que tu veux commencer par te présenter et nous expliquer un petit peu comment tu es rentré dans ce monde-là ?

Gaëlle HOUSSEIN : Oui, d’accord. Donc je suis Gaëlle Morvan Housseine De base je suis en électroradiologie médicale, j’ai mon mari qui est ingénieur informaticien et nous avons cinq enfants et qui sont tous dans le milieu de l’esport. Voilà, et ce n’était pas prévu au départ puisque moi je viens d’un milieu tennistique, à Roland Garros, et que voilà, on vient du milieu du sport. Moi plutôt d’un milieu paramédical. Mon mari milieu informaticien. Ce n’est pas, ce n’était pas prévu au départ que nous soyons connectés à l’esport. Voilà, c’est arrivé suite à une maladie chez notre fils aîné et un peu de harcèlement, donc en quatrième, troisième. Et il a suffi qu’un Noël, on lui offre justement pour qu’il sorte un petit peu de ce contexte de maladie, qu’on lui offre une console, une Xbox et tout est parti de là. On l’a entendu rire, on l’a entendu exploser de joie dès fois ragequit, c’est leur terme ragequit. Et finalement on lui a dit écoute, fais tes preuves et puis on t’accompagnera comme on pourra.

Julien LOMBARD : Et ensuite ? Donc ça a commencé à fonctionner pour lui.

Gaëlle HOUSSEIN : Oui, c’est à dire qu’il commençait à avoir vraiment tout un réseau social et qui était très important pour nous parce qu’avec sa maladie, il s’était vraiment renfermé sur lui-même. Donc il y a eu un côté thérapeutique aussi de ce côté-là. Donc on a rencontré aussi des joueurs avec leurs parents, on les a envoyés en LAN assez tôt, assez jeunes, avec un sac à dos et une console sur le dos. Ce n’était pas évident pour nous de le lâcher dans la nature, mais on l’a fait. Ensuite, on l’accompagnait dans différentes LAN. Même jusqu’à Amsterdam. Il n’y a pas eu de soucis de ce côté-là.

Julien LOMBARD : Il avait quel âge à ce moment-là ? Il avait quatorze ans, quinze ans ?

Gaëlle HOUSSEIN : Il avait peut-être treize ans, douze, treize ans. Et ensuite, voilà, c’est à l’âge de quinze seize ans qu’il a commencé à porter ce nom Gotaga. Et c’est à partir de là que j’ai décidé de créer sa société parce qu’il commençait à avoir des revenus.

Julien LOMBARD : Donc à quinze seize ans, tu l’accompagnes avec une première étape juridique tout simplement, qui est la création d’une société pour lui permettre de contractualiser en fait ces événements et donc d’officialiser ses revenus.

Gaëlle HOUSSEIN : Tout à fait. Même s’il continuait ses études, on avait dû le sortir du système lycée avec le CNED et ensuite il a réintégré le lycée. Pendant un moment, il a fallu l’accompagner parce que le côté éducation nationale n’appréciait pas trop qu’il soit absent pour des LAN à l’étranger du vendredi au lundi, ce n’était pas évident. Ce n’était pas évident au départ et il était contre cette création de société. À cet âge-là, on est un petit peu contre toutes les obligations.

Julien LOMBARD : Ouais, ouais, bien sûr, bien sûr. C’était quoi ? C’était une SARL qui avait été constituée ?

Gaëlle HOUSSEIN : J’ai constitué une SARL avec lui. Oui.

Julien LOMBARD : C’est toi qui étais la gérante ?

Gaëlle HOUSSEIN : Oui. Enfin, c’est lui qui était gérant prioritaire. Moi je ne voulais pas que mon nom apparaisse et donc automatiquement moi je m’occupais de tous ces papiers et j’ai pris une dispo pour pouvoir m’occuper de tous ces papiers, contrats et sponsors.

Julien LOMBARD : Et donc dans le cadre dans le cadre de cette société, c’est là où tu as pu commencer à faire signer les contrats, négocier les contrats, à la fois pour les événements, à la fois pour le sponsoring, à la fois pour pour quoi d’autre ?

Gaëlle HOUSSEIN : Pour le droit à l’image aussi,

Julien LOMBARD : Le droit à l’image oui.

Gaëlle HOUSSEIN : Parce qu’il a fallu protéger sa marque également. Parce que certaines structures ou autres souhaitaient utiliser son pseudo pour créer leur marque. Et là, ça a été un petit peu compliqué parce qu’on ne leur a pas donné. C’est pour ça qu’on s’est renseigné, mais on n’y connaissait rien dans ce domaine.

Julien LOMBARD : Comment tu t’es renseignée ?

Gaëlle HOUSSEIN : On s’est renseigné avec mon mari via internet pour savoir comment protéger une marque au niveau des contrats, ce n’était vraiment pas facile du tout parce qu’il y a beaucoup d’alinéas. Il y a beaucoup de petites lignes qu’on ne voit pas forcément au départ. Et parfois aussi des contrats qui étaient en anglais et c’est pas évident non plus de ce côté-là. Des fois ils peuvent faire dix pages, quinze pages, de tout lire, d’être sûr qu’on ne fasse pas d’erreur. C’est là où je me disais j’aurais bien voulu que ces contrats passent par des avocats. A ce moment-là, il y a une dizaine d’années, on n’avait pas beaucoup d’avocats qui étaient vraiment connaisseurs de l’esport. L’esport a flambé là en quelques années. Il y a dix ans, ce n’était pas le cas.

Julien LOMBARD : Parce que là on parle de quelle époque justement ? Tu parles ? De 2000, 2010, 2011 ?

Gaëlle HOUSSEIN : De 2013, 2015, 2017, là où il y a eu les plus gros contrats et le lancement aussi dans une structure. Et c’est à cette période-là, j’avais contacté un avocat qui ne connaissait pas du tout l’esport, donc il essayait de faire en sorte que le contrat passe bien, mais ce n’était pas évident. On ne pouvait pas signer pour 50 ans, ce n’était pas possible.

Julien LOMBARD : Et en fait, il était là plus pour vous assister ou il était aussi dans la négociation directement ?

Gaëlle HOUSSEIN : Nan pas du tout finalement. Non, il est intervenu qu’une seule fois parce qu’il y avait certains lignes…

Julien LOMBARD : Ce n’est pas son monde.

Gaëlle HOUSSEIN : Oui, il ne connaissait pas vraiment ce côté-là.

Julien LOMBARD : Donc c’est vraiment une formation personnelle que vous avez dû développer tout au long de ces années. Mais j’imagine de l’autre côté aussi, c’est à dire, est ce que les sponsors étaient déjà au fait de l’esport ? Est ce qu’ils se rendraient compte des différentes clauses qu’il fallait inclure dans les contrats ou c’était une sorte de formation mutuelle ? Tu avais l’impression.

Gaëlle HOUSSEIN : J’ai l’impression que certains sponsors étaient. C’était le côté balbutiement quoi. C’est le côté où cela débutait ici en France surtout. Les contrats n’étaient pas forcément corrects à la base.

Julien LOMBARD : Quand tu dis correct, tu parles du côté des critères financiers ou autres, ou même de la rédaction des clauses elles-mêmes dans la façon ?

Gaëlle HOUSSEIN : La rédaction aussi des clauses, on avait du mal à les comprendre vraiment clairement avec le temps qu’on s’est aperçu qu’il y avait eu quand même quelques erreurs au départ. À ce moment-là, ce n’était que ce n’était que des petits contrats, des petits sponsors.

Julien LOMBARD : C’était quoi comme erreur ? Par exemple, qu’est-ce que tu as vu a posteriori sur la durée du contrat, sur la résiliation du contrat, sur les obligations des parties ?

Gaëlle HOUSSEIN : Surtout sur les obligations. Finalement, c’étaient des contrats à durée déterminée, à chaque fois, c’est renouvelable voilà, sur tant d’années, ça on ne le savait pas. Mais bon, on a très vite compris. Et puis l’évolution aussi, financière. Et suivant le nombre de viewers, il y avait des choses qui n’étaient pas bien stipulées. Et puis par exemple, le nombre de fois où il devait par exemple streamer avec tel sponsor ou le nombre de présence en public, ce n’était pas évident, ce n’était pas si clair que cela.

Julien LOMBARD : Donc c’était en fait mal formulé.

Gaëlle HOUSSEIN : Oui. Après, nous n’étions pas aussi des grands connaisseurs. On sentait qu’ensuite il y avait des répercussions où on nous disait on nous envoyait un mail en disant oui, mais il n’a pas streamé, là, cette semaine là où il n’a pas mis en avant cette marque-là. Je dis “écoutez, c’est marqué où sur le contrat” ? Il a le droit de porter aussi une autre marque. Voilà. Donc c’était un petit peu compliqué à ce niveau-là.

Julien LOMBARD : Ce qu’on aurait pu se dire, c’est que les professionnels, entre guillemets, c’étaient les personnes d’en face, c’est à dire les cocontractants qui vous soumettaient, j’imagine, des contrats en vous disant voilà comment ça se passe, voilà les obligations. Et en fait, vous vous rendiez compte que dans la pratique, c’était en effet pas bien rédigé et ça ne répondait pas à la vie courante ou la vie quotidienne de votre fils.

Gaëlle HOUSSEIN : Oui et c’est pour ça que certains sponsors, on a arrêté les contrats sans souci. Parce que rien n’était plus ou moins réglementé.

Julien LOMBARD : Et aujourd’hui, si on fait un bond en avant, tu sens que les contrats maintenant sont quand même plus calés, plus clairs et que maintenant il y a moins de mauvaises surprises où ça existe toujours ?

Gaëlle HOUSSEIN : Ça existe toujours chez le troisième aussi qui est sous contrat. Ils sont tous sous contrat.

Julien LOMBARD : Les cinq sont sous contrat maintenant ? Non…

Gaëlle HOUSSEIN : Non non, J’en ai trois qui sont sous contrat.

Julien LOMBARD : Quand tu dis sous contrat, c’est avec avec des équipes ?

Gaëlle HOUSSEIN : C’est avec des marques, ça peut être voilà, c’est Red Bull, Winamax machin. Et effectivement, par exemple, le troisième sur un de ses contrats, par rapport au nombre de fois où il doit streamer, ou il doit faire tel lancement à telle heure, tel jour par exemple, il peut le savoir que la veille ou le jour même, alors que normalement ça devrait être vraiment bien stipulé, ça arrive à telle date. Tu dois streamer par exemple ce vendredi là, ce vendredi-là. Voilà, c’est aussi pour pouvoir faire cette publicité aussi. C’est pour pouvoir lancer l’affaire.

Julien LOMBARD : Bien sûr nan et puis c’est une question d’organisation, même pour pour tes enfants. C’est à dire qu’ils ne soient pas contraints à chaque fois de s’adapter à ce qu’on leur dit à la dernière minute, mais plutôt qu’eux-mêmes… Et c’est dans le côté streamer ?

Gaëlle HOUSSEIN : Aujourd’hui, ils sont plus sur le côté créateur de contenus. Effectivement, ils sont plus streamer, ils ont lâché un petit peu, enfin tout le côté pro gamer, ça c’est évident puisqu’ils ne sont plus dans la compétition, ils ne sont plus en LAN ou autre. Sauf que j’en ai un quatrième qui est déjà, je crois presque diamant sur League of Legends, mais il est très encadré avec la famille, il a ses études, on est tous sur son dos et quand il rage dans sa chambre, on est tous en train de le calmer aussi.

Julien LOMBARD : Ouais, c’est ça entre guillemets le pauvre. Parce que finalement il a…

Gaëlle HOUSSEIN : Il a du poids sur les épaules.

Julien LOMBARD : C’est ça. Il doit assumer toute l’expérience que vous avez amassé ces dernières années et qui vous permettent de.

Gaëlle HOUSSEIN : Ouais, mais il a il a le même caractère que le grand, donc…

Julien LOMBARD : C’est vrai, d’accord…

Gaëlle HOUSSEIN : Mais très très sympa, très généreux. Mais il a le même caractère, il ne voudra pas perdre, C’est quelque chose, il tient, il tient de la compétition, Il y a un petit côté génétique je pense.

Julien LOMBARD : Ouais, tout à fait, tout à fait. Et dans ce cadre-là, encore une fois, sur une partie juridique, pour les trois premiers, voire même pour le quatrième, chacun a sa société où vous avez créé une sorte de holding familial, ou comment vous avez organisé ça ?

Gaëlle HOUSSEIN : Donc au départ, on a on a créé la SARL Gotaga. Ensuite mes deux autres enfants se sont mis en auto-entrepreneur. Mais il se trouve que ma fille aînée, je lui ai laissé entre guillemets le bébé, la société et finalement, moi j’avais eu un accident. Donc je dis est ce que tu peux prendre la relève à un moment donné ? C’était en 2017-2018, même si je travaille encore avec elle sur certains points, mais je lui ai donné le plus gros du travail. Donc c’est elle aujourd’hui qui gère la société. Mais on a transformé toutes ces sociétés. Il y a cette partie SARL Gotaga, mais on a créé aussi des SCI.

Julien LOMBARD : Des SCI, des sociétés civiles immobilières vous avez créé ?

Gaëlle HOUSSEIN : Et donc aujourd’hui je me trouve gérant de ce côté-là. Et donc j’ai ma fille aînée qui elle est gérante d’une société également aujourd’hui.

Julien LOMBARD : D’accord. Vous restez en famille.

Gaëlle HOUSSEIN : On a confiance qu’en la famille.

Julien LOMBARD : Oui, je comprends.

Gaëlle HOUSSEIN : Et j’ai mon mari qui est ingénieur informaticien qui est indépendant, mais à côté, il travaille également pour mon fils parce que quand un serveur est down sur une chaine ou autre, il faut qu’il soit disponible jour et nuit. Donc ça c’est important.

Julien LOMBARD : C’est important pour vous justement de rester en famille, d’avoir en même temps de capitaliser sur toute l’expérience que vous avez vécu ces dix dernières années aussi. C’est pas, c’est pas, c’est pas anormal et que, en fait, vous vous êtes formés vous-même, vous avez réussi vous-même à ce que chacun des enfants puissent se développer professionnellement dans leur dans leur domaine et donc c’est pas anormal et même au contraire, c’est plutôt c’est plutôt judicieux que vous restiez sur cette même relation qui fonctionne.

Gaëlle HOUSSEIN : On essaye parce que dans le côté pro gamer, je vois tellement d’enfants ou de parents qui me disent mon fils veut être pro gramer, j’ai envie de leur dire faut avoir beaucoup de patience, de tolérance et il faut énormément travailler.

Julien LOMBARD : En tant que parent, tu veux dire aussi…

Gaëlle HOUSSEIN : En tant que parent aussi parce qu’il faut laisser les vacances de côté, parce que c’est, ce sont même les week ends qui sont quand même pris. Il n’y a pas, il n’y a pas d’arrêt, c’est non-stop, c’est non-stop. Donc c’est vrai qu’on a fait des sacrifices. Mon fils aussi a fait beaucoup de sacrifices de son côté. Et en attendant, quand on est au départ pro gamer à l’âge de quinze, seize ans, dix-huit, vingt ans, il y a beaucoup de demandes et peu d’élus dans ce milieu. J’ai envie de dire, on ne sait pas du tout ce qui va se passer dans les dix prochaines années. Donc effectivement, Corentin a développé sa société, ça a bien fonctionné, mais il travaille, c’est pas 35 h par par semaine, il prend une semaine de vacances chaque année seulement. Donc il travaille, il suffit de regarder sur Twitch le nombre d’heures qu’il peut faire. C’est impressionnant quoi. C’est un robot.

Julien LOMBARD : Il faut bien s’en rendre compte oui.

Gaëlle HOUSSEIN : Donc aujourd’hui, c’est vrai qu’il avait gagné, c’est vrai, effectivement une certaine somme d’argent et il a décidé que voilà d’investir parce qu’il sait pas ce qui va arriver plus tard. Il ne sait pas dans combien de temps et il se dit après qu’est-ce que je vais faire ?

Julien LOMBARD : C’est les aléas de l’entrepreneuriat aussi, c’est à dire qu’il faut anticiper…

Gaëlle HOUSSEIN : Il faut anticiper.

Julien LOMBARD : Donc. Donc lui on va dire Gotaga avec sa SARL, il a déjà une sorte d’activité globale qu’il gère, qu’il contractualise entre guillemets, qui roule tout seul on va dire d’un point de vue, d’un point de vue juridique.

Gaëlle HOUSSEIN : Il y a beaucoup de travail, il est très bien suivi avec des avocats, des experts comptables…

Julien LOMBARD : Ça y est, il y a des avocats maintenant et des experts comptables.

Gaëlle HOUSSEIN : Ah oui, il est très bien suivi et pour gérer tous les contrats, les sponsors ou autres, ça c’est évident. Parce qu’aujourd’hui il a, son entreprise, a quand même bien évolué, parce qu’il a énormément de monde aussi, qui travaille pour lui, il a des CDD, il a des cdi, il a des contrats de qualif, il a des indépendants qui travaillent aussi, il a beaucoup de monde sous son… Comme il dit, “moi j’ai tellement de charges derrière” et je parle pas des charges, les impôts etc. Mais il a énormément de charges, il y a déjà les locaux à payer, il y a. C’est énorme, c’est énorme. Donc il travaille énormément aussi du côté. Aujourd’hui, il a pas le choix que de continuer comme ça.

Julien LOMBARD : En fait, ce que je voulais dire, c’est que lui est déjà engagé dans une structure, une société commerciale qui fonctionne, qui est encadrée par, comme tu disais, un expert-comptable, des avocats qui a aussi une gestion paie parce qu’il a des salariés. Donc son business est lancé déjà depuis un bon bout de temps et c’est beaucoup de travail. Mais ça, ça roule d’un point de vue juridique, c’est à dire que c’est bien encadré et ça fonctionne. Pour tes deux autres enfants qui étaient auto-entrepreneurs, c’est toujours le cas ? Comment ça se passe pour eux ?

Gaëlle HOUSSEIN : Le troisième, là, je vais changer son statut. Il a quand même énormément de frais en dehors parce qu’il faut savoir que quand même, quand on est streamer, il faut avoir un monteur, il faut avoir quelqu’un qui travaille dans le marketing, il faut avoir, voilà, on a besoin de payer des charges aussi à ce niveau-là. Donc là je suis en train de modifier son statut justement.

Julien LOMBARD : Pour le passer en société ?

Gaëlle HOUSSEIN : Tandis que ma fille qui travaille pour la société, elle est en cdi maintenant on n’est plus en… Elle est en cdi pour pour Gotaga.

Julien LOMBARD : Pour la Sarl Gotaga d’accord.

Gaëlle HOUSSEIN : Parce qu’elle donne énormément aussi.

Julien LOMBARD : Oui bien sûr, bien sûr.

Gaëlle HOUSSEIN : Les dossiers sont très lourds, il ne faut pas croire, c’est énormément de travail.

Julien LOMBARD : Et donc pourquoi tu transformes en fait son statut d’auto-entrepreneur en société ? C’est pour payer les charges. Mais donc justement, l’objectif d’avoir d’avoir une société, elle est multiple. Premièrement, ça permet d’avoir une séparation entre la société qui est une entité à part, qui est une entité externe avec une responsabilité limitée, c’est à dire une responsabilité par rapport aux apports qu’on a dans la société. Donc ça devient une entité indépendante, donc ça protège ton fils de tout risques à titre personnel. La deuxième dans la réflexion j’imagine, mais tu pourras développer là-dessus. Mais la deuxième réflexion c’est de se dire qu’on peut comme ça centraliser et ses revenus au sein de la société et donc les charges, plutôt que d’avoir en fait des charges qui rentrent à titre personnel, des revenus qui rentrent directement sur sur ses revenus globaux, sa fiche d’imposition. Donc ça aussi ça permet de mettre une sorte de tampon là-dessus et de pouvoir équilibrer les comptes sur cette société et est-ce qu’il y a d’autres raisons pour lesquelles tu voulais le changer de statut ?

Gaëlle HOUSSEIN : C’est tout à fait cela. C’est aussi une protection. Et c’est vrai qu’au départ, quand on est auto-entrepreneur, vous pouvez par exemple avoir un des contrats qui s’élève à 1 200 € par mois. Mais si à côté est ce qu’on peut pas enlever des charges en auto entrepreneur. Et à côté vous avez des dépenses pour financer des monteurs ou autres qui s’élèvent à 800 € et qu’à côté vous avez les mêmes charges de base ça va plus. Ça va, plus c’est comme s’il gagnait rien, vous voyez ? Donc c’est pour ça que c’est important qu’il y ait tout ce suivi. Et franchement, les parents devraient être accompagnés dès le départ au niveau juridique. Moi je sais pas, moi je viens d’un milieu médical, je peux vous parler des termes médicaux, mais au niveau juridique, je n’ai pas cette formation, je n’ai pas les termes précis. C’est important d’être accompagné et je trouve que dès le départ, les parents devraient avoir ce conseil juridique.

Julien LOMBARD : En plus, c’est ce que je crois que tu fais déjà dans le cadre de ton de tes activités annexes, c’est que tu suis aussi des parents et des joueurs pour les conseiller, pour les inviter à aller dans telle ou telle direction. C’est déjà un petit peu ce que tu fais en fait dans les rencontres que tu as…

Gaëlle HOUSSEIN : Oui, plus ou moins. On avait été en conférence à Lyon aussi c’était intéressant. C’est important d’apporter un peu dès fois son témoignage, mais auprès de certains parents, mais même auprès de certains joueurs qui m’appellent, je ne sais même pas comment ils ont mes coordonnées d’ailleurs. Ils m’appellent en me disant : “vous savez madame, moi je vais être le futur Gotaga”. Oui, je lui dis tu es en quelle classe ? Est-ce que tes parents sont là ? Parce que l’encadrement parental, familial, il est très important parce que la plupart de ces jeunes joueurs qui peuvent être sélectionnés ou qui se disent moi je suis brillant, ou sur Fortnite, ou sur Call of, ou sur Lol ou sur… Oui, d’accord, mais il y a du monde quand même, il y a du monde, même s’il fait une super année, les jeux changent quand même aussi chaque année. Il faut être toujours sur le qui-vive. Enfin je sais pas, des fois j’ai l’impression qu’il y a des jeunes enfants qui ne sont pas réalistes quoi. Faut juste leur dire voilà, stop ! Assurer aussi vos études, Il y a plein de métiers autour de l’esport.

Julien LOMBARD : Tu parles d’un encadrement multiple en fait, à cet âge-là : c’est l’encadrement familial d’abord surtout qui est important, avec avec les parents, après l’encadrement dans le cadre des institutions, c’est à dire le collège ou le lycée par la suite et après, dans le cadre de l’encadrement aussi associatif, avec ces enfants qui vont aller dans des associations pour aller jouer, se retrouver, jouer en LAN, etc. Sur lequel là aussi il faut y avoir de la prévention, de la formation, de l’écoute, etc.

Gaëlle HOUSSEIN : J’ai envie de dire aussi beaucoup pour les parents, beaucoup de, vraiment d’accompagnement au niveau des parents, que ce soit au niveau des témoignages. Enfin quand j’ai des parents qui m’appellent ou leur ou des enfants qui m’appellent en me disant” oui mais mes parents ne me suivent pas, enfin ils m’interdisent de jouer”. Et parfois j’ai des parents qui me posent des questions en disant “comment je peux faire pour qu’il suive ses études et tout” ? Je dis déjà essayez de comprendre ce qu’il fait, essayez de comprendre sa passion et interrogez-le. Essayez de comprendre ce qui l’anime. N’allez pas par exemple dans sa chambre, couper internet alors qu’il est en pleine game. C’est hyper frustrant. C’est tellement important, c’est tellement important d’essayer de comprendre ce qui anime la passion des enfants.

Julien LOMBARD : C’est vraiment le premier conseil que tu donnes, c’est celui d’être dans l’écoute et aussi de pouvoir partager véritablement ce qu’ils vivent pour pour le comprendre et s’adapter quoi.

Gaëlle HOUSSEIN : J’ai été comme eux au départ, au départ quand je le voyais jouer où maintenant je dis mais bon, c’est bon, là on doit être à table à telle heure, tel machin ceci non, tu arrêtes. J’ai eu les mêmes, les mêmes réflexions, même désaccords. Et à un moment donné, je dis non il va falloir qu’on change parce que le déclic ça a été que finalement on comprenait qu’au fur et à mesure, si on s’adaptait pas à lui, il ne ferait pas l’inverse. Il fallait s’adapter à lui, à son fonctionnement. Parce qu’autrement, les repas, les repas boudeurs, non, c’est plus possible. Donc par contre là, j’ai par exemple mon fils à chaque fois qu’il vient, de toute façon, il a ses devoirs à faire, ça c’est une obligation. Et ensuite il vient me voir, il me dit “est ce que j’ai le temps de faire une game, à quelle heure on mange” ? C’est à dire que maintenant il y a un respect mutuel et je lui dis “bah écoute, si tu veux, tu as le temps de faire une game parce qu’on va manger qu’à 19 h 30″. Voilà. Et là il y a du respect, tout le monde est ok et ça parle bien.

Julien LOMBARD : Plutôt que d’interdire, tu es dans un mode plutôt de bonus, c’est à dire c’est si les choses sont bien faites, tu as le droit de faire telle et telle chose plutôt que de dire non je t’interdis de faire ça, je t’interdis sans comprendre, sans expliquer, sans. Voilà, au lieu d’être dans une confrontation, encore une fois, c’est d’être dans une dans un accompagnement.

Gaëlle HOUSSEIN : Comme pour tout le monde. Plus on interdit, plus on a envie de le faire.

Julien LOMBARD : Exactement. Exactement.

Gaëlle HOUSSEIN : Donc je pense qu’il faut plutôt être dans l’écoute. Et puis des fois c’est pas évident, il faut.

Julien LOMBARD : Donc ça c’est les parents, c’est les parents qui ont des difficultés en effet à communiquer et ont des difficultés à comprendre ce que ce, que fait l’enfant. Est-ce que tu as également des parents qui vont être plutôt dans l’autre extrême, c’est à dire pousser les enfants à faire que du jeu, quitte à délaisser leurs études, quitte à… Est-ce que ça aussi c’est quelque chose ? Parce qu’on entend souvent parler de ça, de parents qui deviennent directement parents, agents sans même comprendre le secteur, sans même comprendre ce que ça a comme conséquences sur l’enfant. Est ce que ça, c’est des choses à laquelle tu as été confronté dans tes dans tes rencontres ?

Gaëlle HOUSSEIN : Oui, on en a rencontré. Je leur ai dit clairement. J’ai peut-être été un petit peu dur avec eux en leur faisant comprendre : est-ce que c’est vous qui voulez la notoriété ou est-ce que c’est votre fils ? C’est dans le sens où certains parents, j’ai l’impression que c’est comme si c’était eux qui jouaient, qui avaient besoin de cette notoriété, de cette reconnaissance, alors que finalement il faut plutôt être dans l’ombre. Mais j’en ai rencontré pas beaucoup, mais j’en ai rencontré.

Julien LOMBARD : Et d’arriver à leur faire prendre conscience aussi des conséquences, c’est ça, en fait c’est protéger l’enfant.

Gaëlle HOUSSEIN : Là, je plains l’enfant parce que du coup, le retirer de tout pour espérer qu’il soit le futur champion, c’est pas c’est pas ma méthodologie.

Julien LOMBARD : D’autant qu’encore une fois, il y a toutes les conséquences que vous même avez vécues, toutes les conséquences d’organisation, d’adaptation, les conséquences juridiques, les conséquences économiques, les sacrifices qui sont, qui sont pour tout le monde. Et ça, on ne s’en rend pas compte lorsqu’on est au début d’une carrière.

Gaëlle HOUSSEIN : Ça c’est le moins qu’on puisse dire, parce que le milieu de l’esport, quand on ne le connaît pas au départ, je vais le dire, c’est un milieu de requins au départ. Des opportunistes, on en a une panoplie.

Julien LOMBARD : Bien sûr.

Gaëlle HOUSSEIN : Donc il faut savoir s’endurcir un petit peu. De temps en temps, on a un petit peu de mal parce qu’on n’est pas dans le sens, on n’aime pas ce côté-là, mais on s’endurcit un petit peu avec le temps. Et d’ailleurs, j’ai ma fille aînée, là, contrairement à moi, quand je la vois négocier les contrats, j’ai pas tellement envie d’être en face d’elle. Ah non, c’est les psychologues machin et franchement, elle est vraiment très dure aujourd’hui, elle se laisse pas marcher sur les pieds. Il y a certaines grosses histoires…

Julien LOMBARD : Des grosses histoires avec justement des négociations difficiles qu’elle avait pu avoir ?

Gaëlle HOUSSEIN : Oui, il y a eu certaines choses. Petite chose marrante, il y a, je ne sais plus, il y a trois, quatre ans, peut-être un peu plus. C’était lors de l’ESWC ou la PGW je ne sais plus. Et je vois dans le métro l’affiche de mon fils quatre sur quatre là. A ce moment-là, ils avaient tous la tête, enfin ils tiraient tous la tête sur les photos, il n’y avait jamais un sourire de toute façon sur leur photo, il fallait qu’ils soient très sérieux et très, bon bref. Et j’ai dit non, non, là c’est pas possible. Donc j’ai contacté, je lui ai dit “ça aussi, c’est le droit à l’image, vous n’avez pas le droit de l’afficher comme ça sans demander d’autorisation”. Je veux dire, c’est pas un pantin donc on l’a fait enlever, on peut pas.

Julien LOMBARD : Bah non, surtout sur le droit à l’image. C’est sûr que c’est…

Gaëlle HOUSSEIN : Et ça on a appris au fur et à mesure du temps, mais moi j’aimerais bien avoir une formation là-dessus. Franchement, j’aurais bien voulu et dès le départ, il faudrait que ce soit une, presque une obligation, que les parents, quand ils signent un contrat, il y a un conseil juridique.

Julien LOMBARD : Donc là, si on prend l’exemple de ton fils qui veut être pro gamer, quelles sont selon toi les prochaines étapes pour lui et auxquelles il doit faire attention d’un point de vue juridique ? C’est à dire que tu vas le placer en tant qu’auto-entrepreneur au départ et puis il va se mettre auto-entrepreneur au départ et puis ensuite créer sa société. Maintenant que tu as cette expérience-là, que tu as eu l’expérience de tes autres enfants, quel est selon toi, les différentes étapes à suivre pour son développement de carrière éventuelle ?

Gaëlle HOUSSEIN : Pour l’instant, aucune. Pour l’instant aucune. Et je pense qu’il n’envisage pas pour l’instant d’être pro gamer. Il s’amuse comme aujourd’hui, il s’amuse, il sait qu’il est encadré avec ses frères et sa sœur, nous. Il s’amuse. Il n’a pas besoin de participer à des LAN, il n’a pas besoin de gagner de l’argent. Et en même temps, il a énormément souffert aussi de la notoriété de son frère. Il a subi du harcèlement lui, au collège. Il en a pleuré plusieurs fois. Il a été poursuivi jusqu’à la maison. On avait dû déménager, Il y a eu des menaces, il y a eu des… Donc je pense qu’il a tellement souffert de ce côté-là que pour l’instant, il est bien comme il est. S’il continue ses études, au contraire, alors là, moi je veux bien. Mais c’est vrai que non, on ne va pas le pousser, sûrement pas.

Julien LOMBARD : Vous allez pas le pousser, ouais je comprends.

Gaëlle HOUSSEIN : Il fait des choses avec son frère déjà. Il peut faire des petites vidéos ou il peut participer à certaines choses avec lui, donc ça lui suffit largement. Il a pas besoin pour l’instant.

Julien LOMBARD : Alors prenons un autre exemple. Prenons en effet un joueur qui vient te voir et qui commence à jouer, qui a l’air sérieux et qui te demande des conseils sur les différentes étapes de sa structuration juridique. Est-ce que tu reprendrais le même exemple que vous aviez fait avec Gotaga, c’est à dire d’abord auto-entrepreneur et ensuite constitution de société et ensuite développement de la société elle-même ? Ou est-ce que tu aurais d’autres conseils aujourd’hui ?

Gaëlle HOUSSEIN : Aujourd’hui, je n’ai pas autant de visu quoi, Parce que moi ça date quand même un peu ce côté mise en place, ça date aujourd’hui. Je vois que dans certaines structures même, il y a des joueurs qui gagnent quand même bien leur vie par rapport à il y a quelques années. Je ne sais pas ce qu’ils ont créé.

Julien LOMBARD : Tu ne sais pas quel statut ils ont.

Gaëlle HOUSSEIN : C’est peut-être pas tout à fait la même chose. Néanmoins, si un jeune joueur venait me voir, je lui dirais tout de suite dès qu’il commence à gagner de l’argent, de tout de suite se déclarer, de tout de suite, faire le nécessaire et de se renseigner pour savoir quelle est la meilleure solution pour lui. C’est plutôt cela.

Julien LOMBARD : D’accord. D’être tout de suite transparent.

Gaëlle HOUSSEIN : Il faut être clair.

Julien LOMBARD : Dans les règles et se renseigner de savoir comment on peut faire pour être justement dans les règles, quel statut il faut, etc.

Gaëlle HOUSSEIN : Tout à fait, mais je pense qu’il faut vraiment que vous tous, avocats, vous vous mettiez vraiment sur le domaine parce qu’ils en ont vraiment besoin tous ces jeunes.

Julien LOMBARD : Il y en a, il y en a déjà des avocats qui sont dans le domaine et qui peuvent, qui peuvent aider.

Gaëlle HOUSSEIN : Il faut vraiment les aider. Dès le départ, ne pas attendre parce qu’ils sont souvent mineurs quand ils sont détectés. Et là, si les parents ne sont pas là, c’est compliqué. Il faut vraiment tout un système qui puisse les aider dès le départ, qui se prennent en charge parce qu’ils ont tendance à fuir. Oh là là, moins ils sont dans les papiers, mieux, ils se portent. Non, non, ils sont dans leur monde quand même. Et c’est ça qui est dangereux. J’ai vu des jeunes qui ne se sont, qui se sont retrouvés sans rien du jour au lendemain parce qu’ils ont été licenciés d’une structure. Voilà, parce que son équipe avait fait de mauvais résultats. Il s’est retrouvé sans rien. Je trouve ça terrible sans revenu, être sur le marché de l’emploi. Parce que non, je trouve ça dommageable.

Julien LOMBARD : Oui, c’est ça. Comme tu disais à un moment, c’est peu d’élus pour beaucoup de candidats, donc c’est toujours aussi beaucoup d’histoires tristes à raconter derrière les quelques personnes qui vont avoir le droit de tel et tel article, telle et telle mise en avant, tel ou tel documentaire, etc. Donc oui, ça c’est sûr, c’est sûr. Et quels sont les conseils que tu donnes à des parents ou des joueurs qui rencontrent des problèmes juridiques pour essayer de trouver des solutions ? C’est de se rapprocher d’associations qui existent, c’est de faire comme toi, d’aller chercher sur Internet pour trouver les réponses. Quels sont les outils qui sont mis à disposition aujourd’hui selon toi, pour aider ces personnes-là ?

Gaëlle HOUSSEIN : Déjà, l’association je ne la connais pas, c’est pour dire.

Julien LOMBARD : Tu veux dire l’association ? Une association qui pourrait les aider ? Est ce qu’il y a des associations qui peuvent soutenir des parents ou des ou des joueurs dans un côté, dans un côté juridique ?

Gaëlle HOUSSEIN : Déjà il faudrait que les parents connaissent les associations.

Julien LOMBARD : C’est ça. C’est l’objet du podcast, c’est d’essayer de faire partager ce genre de.

Gaëlle HOUSSEIN : Je pense qu’à ce moment-là, il faudrait que les associations en question, qu’on puisse les apercevoir, qu’elles soient visibles.

Julien LOMBARD : Par exemple, si tu es joueur ou même parent et que tu deviens membre de France Esports, tu as suffisamment de monde dans cette association pour pouvoir échanger, pour pouvoir partager des expériences et peut être pour pouvoir recueillir des informations et des aides. Et tu en as d’autres…

Gaëlle HOUSSEIN : Oui tout à fait. Oui, on connaît France Esports, c’est certain. Mais nous, il y a quelques années, ça n’existait pas.

Julien LOMBARD : Exactement, exactement. C’est pour ça que je dis aujourd’hui est ce qu’il y a plus de facilité pour aller trouver des informations encore une fois sur Internet ou auprès de structures qui peuvent les aider ? Un club vient voir un joueur pour lui dire “signe un contrat”. Les parents sont peut-être un peu démunis et donc le conseil c’est d’aller voir d’autres personnes du secteur pour pour poser des questions sur ledit club, sur le contrat en lui-même, d’aller voir tout de suite un juriste, un avocat. Est-ce que c’est un petit peu ça la difficulté ? C’est qu’en réalité, il y a, il n’y a pas grand monde à aller voir aujourd’hui, ou alors il faut venir te voir.

Gaëlle HOUSSEIN : Non, pas du tout. Sûrement pas. Non, moi je suis vraiment pour le côté juridique et avocat. Sérieux, je suis vraiment plus dans ceux…

Julien LOMBARD : De ton expérience. C’est vraiment ça qui permet d’être rassuré.

Gaëlle HOUSSEIN : C’est vraiment une assurance que les choses soient bien faites. Oui, bien sûr, on connaît France Esports. Bien sûr, il y a du monde que l’on connaît au sein de France Esports, mais je pense que pour signer des contrats ou autres, même si on peut se renseigner certes vis à vis de certaines structures ou autres, je pense qu’être pris en charge professionnellement au niveau juridique, pour moi c’est ce qui est le plus important.

Julien LOMBARD : C’est la, c’est la base.

Gaëlle HOUSSEIN : C’est personnel, c’est c’est votre enfant, c’est personnel, Il faut que ce soit aussi l’étude de son cas. Ce n’est pas l’étude de plusieurs cas. Ils n’ont pas forcément tous les mêmes contrats, ils n’ont pas les mêmes structures, ils n’ont pas les mêmes formations, ils n’ont pas. Je pense que c’est important d’être bien suivis personnellement.

Julien LOMBARD : Je comprends. Bon, une petite dernière question avant de.

Gaëlle HOUSSEIN : Je ne sais pas si j’ai bien répondu, mais bon…

Julien LOMBARD : Si c’est parfait encore une fois, vraiment, l’objectif c’est c’est que tu partages ton expérience et que cette longue expérience de plus de dix ans dans le secteur et des nombreuses problématiques que tu as pu rencontrer t’amène à dire voilà, le plus important c’est que vous soyez suivis juridiquement par un juriste ou par un avocat pour être en sécurité et pour éviter de rencontrer tous les problèmes qu’on a au quotidien dans le secteur.

Gaëlle HOUSSEIN : Soulager et surtout aussi, pour soulager.

Julien LOMBARD : Et aussi soulager. Bon, donc une petite dernière question, un peu plus d’ouverture qu’est-ce que, qu’est-ce que tu attends ? Qu’est-ce que tu souhaiterais un petit peu dans les dans les prochains mois ou les prochaines années sur le développement du secteur d’un point de vue institutionnel et d’un point de vue juridique ? Est-ce que tu as des attentes particulières là-dessus ?

Gaëlle HOUSSEIN : J’aimerais bien qu’il y ait davantage de respect entre les structures et les joueurs que ce n’est pas parce qu’il que certains joueurs font une mauvaise LAN, un mauvais résultat, que du coup, l’équipe doit split, j’utilise leur terme.

Julien LOMBARD : Une sorte de charte, une charte d’éthique qui serait au niveau de l’éditeur ou…

Gaëlle HOUSSEIN : Voilà qu’il y ait vraiment ce respect et respect des contrats entre les joueurs et les structures. Réciproquement, dans le sens où les joueurs n’ont pas le droit de faire ce qu’ils font aussi parce qu’il y a certaines, il y a certains joueurs qui se prennent pour des très grands joueurs et ils se permettent aussi certains écarts, ce que je trouve un petit peu dommage, comme s’ils avaient toutes les lois. Non, il y a des lois aussi à respecter par rapport aux structures. Comme les structures doivent respecter aussi les contrats des joueurs et ne pas leur dire bon, on fait une rupture conventionnelle parce que vous n’avez pas respecté les résultats qu’on escomptait. Donc voilà, j’aimerais bien que ce soit plus sérieux.

Julien LOMBARD : D’accord. Donc là tu parles véritablement d’une sorte de contrat de travail ou de contrat de prestation de service qui soit légiféré et qui permette qu’en cas d’abus, il puisse y avoir des actions qui soient menées et contre le club ou contre le joueur si c’est le joueur qui abuse.

Gaëlle HOUSSEIN : C’est-à-dire du sérieux et du respect du contrat, c’est une base.

Julien LOMBARD : Et ça, c’est ce qui manque selon toi ?

Gaëlle HOUSSEIN : Je pense, oui. Les contrats ne sont pas respectés. J’en parlais encore avec une maman tout à l’heure. Les contrats ne sont pas forcément respectés. Le milieu de l’esport a progressé très vite, mais le côté juridique des contrats.

Julien LOMBARD : Les contrats, là, tu parles en plus de contrat de prestation de service, c’est à dire que ce n’est même pas des contrats de, c’est même pas des contrats de travail.

Gaëlle HOUSSEIN : Là, je parle de contrats joueurs.

Julien LOMBARD : Oui, c’est ça.

Gaëlle HOUSSEIN : Même au niveau, les contrats sponsors ne sont pas tellement… C’est pas ceux qui ont le plus de problèmes, je dirais.

Julien LOMBARD : Ça se négocie plus facilement.

Gaëlle HOUSSEIN : Au niveau sponsor, ça a plus de facilités pour pouvoir s’arranger au niveau du contrat. C’est différent que les contrats joueurs où ils sont par exemple rémunérés tel montant et puis qu’ensuite finalement on peut leur dire non, on te reprend plus pour le nouveau contrat. Donc tu te retrouves sans structure, sans rien, tu te débrouilles, tu es voilà free agency, c’est ça. Et ça c’est un petit peu voilà, c’est pas respecté.

Julien LOMBARD : C’est sur la fin de contrat, le fait qu’il n’y ait pas de réglementation pour protéger les fins de contrats.

Gaëlle HOUSSEIN : Et pour rechercher une structure ensuite, dès fois il faut s’accrocher, il peut rester six mois. Donc pendant ce laps de temps, le jeune homme n’a pas de revenus à part peut-être Twitch un peu s’il stream. Mais ce que je veux dire, il a la chance aujourd’hui d’avoir des sponsors parce qu’aujourd’hui les sponsors sont quand même beaucoup plus exigeants, ils ne vont pas… C’est très difficile aujourd’hui à seize dix-sept ans, d’avoir des sponsors sérieux. Avant, il y en avait à tire larigot comme on pouvait dire, mais là maintenant, c’est difficile. Ils sélectionnent. Il y a beaucoup de monde sur le marché, donc ce n’est pas évident d’être le joueur sponsorisé.

Julien LOMBARD : Ok, bah écoute, merci beaucoup Gaëlle pour cet entretien. J’espère que ça sera aussi intéressant pour les auditeurs que ça l’était pour moi.

Gaëlle HOUSSEIN : Merci Julien, à bientôt.

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