Episode 6 – Droit à l’esport – Entretien avec Romain SOMBRET

Pendant une trentaine de minutes, j’ai pris grand plaisir à discuter avec Romain Sombret, président et fondateur de MCES, un club qui, dès la création de sa branche professionnelle en 2019, s’est fait une place dans la plupart des jeux esportifs majeurs comme Fortnite ou League of Legends. Il est d’ailleurs devenu le premier club esport français à obtenir l’agrément ESUS, un label accordé aux entreprises de l’Economie Sociale et Solidaire.

Nous avons pu évoquer de multiples sujets juridiques au cours de cet entretien, en évoquant tout d’abord la création et le développement de la structure MCES par le biais du recours au mécanisme juridique de la levée de fonds qui a joué un rôle clé dans l’évolution de cette société.

A la suite de cela, nous avons débattu sur l’intérêt du contrat esportif en pratique puisque MCES avait pu bénéficier de l’agrément autorisant le recours à ce type de contrat avant de finalement se tourner vers la conclusion de contrats de prestations de service avec ces joueurs. Une partie de notre synthèse juridique sera notamment dédiée à ces contrats et, en particulier, aux clauses de buy-out, qui ont été instaurés par les clubs pour limiter la volatilité des joueurs, s’inspirant alors des clauses libératoires dans le monde sportif.

Enfin, Romain nous partagera ses pistes d’amélioration pour l’écosystème esportif sur les problématiques des mineurs et des cashprizes tout en insistant sur la nécessité de développer le cadre juridique de l’esport pour favoriser son attractivité auprès des investisseurs et du public.

J’espère que vous passerez un agréable moment en écoutant cet échange. Pour ma part, je tiens à vous adresser mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année et à remercier chaleureusement Romain pour cet entretien passionnant !

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Retranscription de l’épisode :

Julien LOMBARD : Bonjour Romain,

Romain SOMBRET : Salut Julien.

Julien LOMBARD : Merci de participer au podcast « Droit à l’esport », podcast qui a donc vocation à essayer de répondre aux problématiques juridiques que les acteurs de l’esport rencontrent au quotidien. Alors Romain je te laisse te présenter un petit peu et nous expliquer comment tu es rentré dans cet écosystème de l’esport ?

Romain SOMBRET : Merci également pour l’invitation. Moi je suis arrivé dans l’esport il y a quatre ans maintenant, après avoir passé pas mal de temps dans le monde sportif en tant que gérant de complexe privé de foot à cinq, une activité qui s’est pas mal développée ces dernières années, et sur des sujets aussi de formation d’académies en Afrique puisque je suis au conseil d’administration d’une association qui s’appelle Diambars, qui forme des jeunes en Afrique, qui les emmène le plus loin possible dans les études. Et puis quelques-uns de ces joueurs-là sont transférés ensuite en Europe pour venir alimenter les plus grandes équipes françaises. Le PSG et l’OM ont des joueurs qui viennent de ces académies. Donc j’avais ce background, on va dire du sport professionnel ultra normé par la FIFA et j’étais sur ces sujets là jusqu’en 2017. Mon fils, qui a treize ans à l’époque est fan de ballon mais fan aussi de Fortnite et tous ses copains à l’école ne parle que de ça. Et quand ils font des petites fêtes à la maison. J’entends beaucoup ce sujet revenir avec mon épouse. On se dit voilà l’expérience qu’on a développée dans le monde du sport qui soit au niveau académique, formation, transfert, etc.

Romain SOMBRET : Ou au niveau plus privé avec les salles de foot à cinq peut certainement se transférer dans ce domaine. On comprend assez rapidement qu’il y a un super outil qui est l’esport, le jeu vidéo, la passion, l’engagement qui est généré par ça. Et on se dit que ça peut être un super prétexte pour faire plein de choses dans l’éducation, le sport, etc. Donc on crée Mon Club Esport sur cette idée là en se disant en fait, on va utiliser la passion du jeu vidéo pour ramener les jeunes vers le sport et on va un peu sur le modèle du foot à cinq en fait. On va créer des gaming centers dans des lieux sportifs et on va réconcilier les deux pratiques qui, à ce moment-là, sont plutôt en opposition. Quand j’arrive là-dedans, c’est soit tu es dans le sport, soit tu es dans l’esport. Mais est ce que l’esport est un sport ? La grande question de l’époque, on n’ose plus trop maintenant quand même.

Julien LOMBARD : Non, non, on essaie de l’écarter pour avancer sur d’autres sujets, mais oui.

Romain SOMBRET : Voilà, est ce que ça doit être olympique, etc. Tous ces sujets qui sont un peu -1 peu moins saillants aujourd’hui. Et on se dit au contraire, il y a des jeunes en fait. Et ces jeunes, qu’est-ce qu’ils font ? Ils vont au ciné, ils écoutent de la musique, ils jouent aux jeux vidéo, ils font du ballon, du foot, du tennis. Donc essayons de faire des choses un peu malignes et essayons de comprendre comment on peut travailler là-dedans. Donc ça veut dire Mon Club Esport. Pourquoi ? Parce que les ligues de foot qu’on a, on les a appelés mon club football avec l’idée d’y créer des sentiments d’appartenance, un club très familial où c’est pas seulement je viens jouer au foot à cinq ou seulement, je viens faire de l’esport, mais c’est un lieu social en fait. MCES veut dire Mon Club Esport donc on se lance là-dedans en 2017, juste l’idée réunit quelques copains. Tout le monde est super chaud, personne ne comprend trop. Je suis dans une génération ou si tu veux, à 45 balais, tu dis waouh ! Il y a des mecs qui regardent d’autres gars qui jouent aux jeux vidéo. Voilà, c’est ça le point de départ. Et puis petit à petit, on se fait notre propre opinion et on arrive à convaincre des gens autour de nous qui ne connaissent pas forcément le domaine, mais qui comprennent que ce qu’on est en train de faire peut avoir du sens. Et donc voilà, première, premier move, on fait une petite levée de fonds avec des copains, 70 000 € entre potes.

Julien LOMBARD : Ce qui est drôle, c’est qu’on est déjà dans un problématique juridique.

Romain SOMBRET : Complètement.

Julien LOMBARD : C’est à dire que tu as cet échange là avec des personnes autour de toi, tu es déjà dans le business avec le développement des structures de foot à cinq, avec le développement de l’association, etc. donc tu vois comment les choses fonctionnent. Mais la première étape pour développer MCES, c’est de se dire ok, on discute autour de soi avec des gens qui pourraient être intéressés et ensuite on passe sur une première étape juridique qui est donc une levée de fonds et la création d’une société.

Romain SOMBRET : Exactement. Et là, cette étape-là, c’est assez simple, effectivement. Moi, j’ai créé des boîtes avant, je vais voir mon expert-comptable, je me mets d’accord avec mes potes et je lui dis voilà, on met 70 000 €, voilà la répartition du capital, on crée une SARL et c’est assez simple. Jusque-là, c’est pas une grosse levée de fonds et du coup c’est plutôt entre potes. Et puis.

Julien LOMBARD : Pardon mais tu pars sur une SARL alors pas une pas une SAS par exemple.

Romain SOMBRET : Sur la première, je pars sur une SARL, je suis pas forcément bien conseillé, mais je suis… Expert-comptable tu vois. Donc c’est plutôt lui qui me dit voilà.

Julien LOMBARD : No comment sur le rôle des experts-comptables dans la partie juridique.

Romain SOMBRET : Voilà mais bon, tu as bien compris. Et puis donc on continue à travailler ce sujet-là. Et puis un jour, je vais aux Etats-Unis, je suis associé dans un business aux Etats-Unis, sur du foot à cinq, avec des copains qui sont des Français qui sont là-bas. Et puis on boit une bière et un de mes copains il se trouve à des gros moyens parce qu’il a été un des premiers employés de Facebook et donc il a fait fortune en revendant des actions. Et il me dit ah ouais non mais c’est sérieux ton truc, C’est cool et tout. Mais tu sais, aux États-Unis, ça cartonne vraiment, donc tu devrais accélérer mais crée une équipe esport pro parce que c’est ça, c’est là où il y a un vrai business qui va se développer dans les années qui viennent, etc. Et il me dit et moi écoute, si tu veux, je te donne 1 million d’euros pour démarrer et là c’est plus pareil. L’échelle fait que forcément. Donc je reviens en France, j’avais des gens autour de moi qui m’avaient dit aussi qu’ils voulaient participer au tour de table et donc on organise des réunions, la partie marketing, on va dire de la levée de fonds, on fait parler du projet et très rapidement, je comprends que mon expert-comptable ne sera pas suffisant pour accompagner une levée de fonds de cette ampleur-là. Et donc on se rapproche d’un cabinet plutôt spécialisé dans la levée de fonds start up. Même moi, à ce moment-là, je découvre. Je découvre ce que veut dire seed, une série A une série B. J’apprends tout ça sur le tas. Là, on est sur un système effectivement où on crée une SAS avec un pacte d’associés des ratchet, des BSA, des ABSA, tout ça je ne connaissais pas du tout. Et là, là, je me suis appuyé sur un cabinet plutôt réputé sur Marseille, qui m’a accompagné tout au long de cette première levée de fonds où on lève 1 900 000 € auprès de, donc 1 million aux Etats-Unis, chez mon pote, et puis ensuite trois familles ici qui veulent s’associer aussi.

Julien LOMBARD : Donc là, avec ton pote, juste pour savoir pour le contexte, lui c’est un avocat américain qui travaille dessus, où il a quand même un contact en France ?

Romain SOMBRET : Non, lui, lui, il a un avocat américain qui relie les documents qu’on lui envoie. Mais il me fait confiance et c’est l’avocat de mon avocat qui fait toute la documentation juridique française.

Julien LOMBARD : Parfois, c’est vrai d’expérience, les Américains sont quand même encore plus pointilleux que les cabinets français et la négo est souvent plus complexe. Les documents sont souvent aussi plus complexes que ce qu’on pourrait avoir en France, donc c’est pour ça que je posais la question.

Romain SOMBRET : Complètement, on l’avait vécu d’ailleurs quand on a créé la boîte ensemble là-bas. De toute façon, la boîte est créée en France, elle est domiciliée en France. Donc c’est swapper un peu tous ces conseils locaux en disant non, non, mais je le fais, je mets de l’argent juste vous me dites, vous vérifiez que. Mais voilà. Donc ça a été plutôt vraiment côté France que ça s’est fait une grosse charge de travail du côté du cabinet d’avocats, une grosse facture aussi, parce que les avocats, c’est pas cadeau.

Julien LOMBARD : Ça va avec.

Romain SOMBRET : Je découvre aussi ce monde, je découvre ce monde, moi si tu veux, l’avocat, je ne vais pas citer son nom, il est très sympa, mais, quand je l’appelle moi je crois que c’est un pote et puis à la fin du mois, je vois que chaque appel de huit minutes m’a été facturé, donc je découvre aussi tout ça. Mais en même temps.

Julien LOMBARD : Ouais je comprends.

Romain SOMBRET : Voilà, tu comprends. Mais en même temps, il y a un vrai service et je regrette pas parce qu’à chaque fois ça amène beaucoup de valeur ajoutée.

Julien LOMBARD : Après après, il y a des lettres de mission, c’est à dire les avocats, c’est un petit peu comme comme tout prestataire en soit, c’est à dire qu’il y a des missions, on s’organise comme le souhaite le client. Alors là où tu as raison Romain, et c’est vrai que c’est important à mon avis de le dire, c’est que, on a parfois pas l’impression qu’on peut négocier avec un cabinet d’avocat et que grosso modo ils nous envoient une lettre de mission ou alors ils nous envoient même pas de lettre de mission, il nous dit “bien sûr, je peux m’en occuper” et puis il commence à travailler directement et donc on a l’impression qu’on est un peu pris par le flux et le flot des affaires voilà. A la fin, on se retrouve avec une facture et on ne comprend pas comment elle est tombée, on ne comprend pas comment on est arrivé à ce montant-là, etc etc. Je pense que c’est important, comme toi tu as eu cette expérience là aussi, que les auditeurs se disent mais l’avocat doit être clair dans la présentation des services qu’il va proposer, dans le coût de ses services et dans le mode de fonctionnement de ses services. Est ce qu’on est sur un forfait ? Est ce qu’on est sur un taux horaire ? Est ce qu’on est sur un mix des deux ? Est ce qu’on est avec des honoraires de résultat ou pas ? Enfin, il y a il y a plein de modalités possibles, comme n’importe quel prestataire, et chacun doit pouvoir discuter librement de ces choses-là.

Romain SOMBRET : Et tu as entièrement raison. Et ensuite j’ai fait rentrer un directeur financier qui est beaucoup plus rompu, qui lui, connaît tout ça, donc qui maintenant a mis en concurrence, en fait. Mais tu as raison de dire qu’au départ, moi pourtant, j’avais un peu d’expérience dans le business, un avocat, j’en avais qu’un et je lui faisais confiance. Mais effectivement, il faut les challenger, il l’accepte tout à fait, c’est le business traditionnel donc effectivement. Mais des fois on a un peu cette, se dire, voilà, c’est un conseil. Donc voilà. Et donc ils nous ont beaucoup aidés sur cette levée de fonds où là il y a eu beaucoup d’administratif, de juridique. C’est assez compliqué et complexe, même en termes simplement administratif des kawas à gérer pour tous les personnes qui rentraient. Parce qu’au final, ça faisait une vingtaine de personnes qui rentraient. Je t’ai dit trois blocs tout à l’heure, mais il y avait à chaque fois plusieurs personnes. Il y a eu la constitution d’un business club aussi qui est venu s’ajouter à ça. Donc on a réuni une vingtaine de personnes qui ont mis 15 000 € dans une société qui ensuite elle-même est rentrée au capital. Donc, il y a eu, il y a eu pas mal de boulot, créatif de structuration de la boîte.

Julien LOMBARD : Au niveau de la gouvernance, vous avez prévu quoi ? Un président classique ou il y avait un comité de direction, ou il y avait une sorte de directoire ?

Romain SOMBRET : Dans cette première étape là, président classique avec un comité de direction simple. Et dans l’étape d’après, parce qu’on a refait une levée ensuite, on a mis en place un conseil stratégique, comité d’orientation stratégique exactement.

Julien LOMBARD : On donne le nom qu’on veut, mais c’est l’idée, quoi.

Romain SOMBRET : Voilà, exactement. Mais ça aussi, tu vois, c’est des trucs que j’ai appris. C’est très différent de monter une start-up avec beaucoup d’investisseurs que de monter des foots à cinq où moi, j’étais seul à piloter et donc toute cette partie-là, je l’ai appris sur le terrain et on apprend beaucoup sur le terrain, en fait. Donc grosse charge juridique là-dessus, sur la levée de fonds aussi, puisqu’on est sur ces sujets-là, quand même, dans les rendez-vous que j’ai fait, certains conseils d’investisseurs que j’avais trouvés quasiment convaincus, convainquaient leurs clients de ne pas venir dans l’esport pour la principale raison du manque d’encadrement juridique, en disant “non, non, mais regarde les contrats de travail, c’est que de l’auto-entrepreneuriat, un jour ça va tomber sur l’écosystème”. Donc ce manque de structuration dont on va parler aussi, je pense à la fin de l’entretien de l’esport où ce manque de cadre, il n’est pas rassurant pour des investisseurs. Donc souvent les investisseurs qui viennent, en tout cas aujourd’hui, c’est des profils risqueurs quoi. Ces mecs qui se disent “ok, on y va”. Mais tu vois, déjà dès le départ, j’ai souvenir d’un ou deux rendez-vous. Conseil de mon investisseur disait il ne faut pas y aller parce que manque de structuration, les éditeurs, les compétitions, les joueurs, tout ça, c’est pas assez structuré.

Julien LOMBARD : Je comprends. Il y a toujours un travail de pédagogie. C’est ça que tu veux dire. Il y a toujours aussi un travail de pédagogie à faire auprès des investisseurs…

Romain SOMBRET : Oui et puis, c’est vrai que je prends l’exemple du foot parce que je te disais au départ que moi je venais de là, en foot, ce n’est pas compliqué, on forme un joueur. Le joueur, il a passé de treize ans à 18 ans dans ton centre de formation, tu le vends à un club, toute sa carrière à chaque fois qu’il y a un transfert, il y a un mécanisme de solidarité qui fait que tu vas être rémunéré pour ça. Tu peux pas te faire voler ton joueur, tu peux. Après, bien sûr, il y a des cas particuliers, mais il y a un cadre en tout cas qui fait que l’investissement que tu vas mettre sur la formation va être rémunérée. En tout cas, il y a un cadre juridique qui n’existe pas du tout dans l’esport. Et moi le positionnement de MCCS, c’était de dire, on va faire de la formation, on va faire les pépites de demain, etc. Donc ça a été et c’est toujours un peu un frein au développement du monde amateur, au développement de centres de formation, parce qu’on n’a aucune garantie que nos joueurs pourraient ensuite être une source de revenus qui viendraient juste financer.

Julien LOMBARD : Oui, c’est ça. Il serait lié avec le club. Ou alors, même s’il n’est pas lié avec le club, à une clause qui est respectée par les autres clubs et qui permette justement de récompenser le travail fait par par le formateur à l’origine.

Romain SOMBRET : Il y a un peu ça quand même dans l’écosystème, moi ça m’a surpris, cette espèce de gentlemen’s agreement entre les équipes qui fait qu’effectivement il y a des clauses de buy-out qui sont juridiquement absolument fausses, qui valent rien, mais qui sont respectées par les équipes, en tout cas par les grosses équipes. J’étais assez surpris que le club qui voulait mon joueur n’attaque pas le contrat en disant “non mais ça vaut rien”. Tu connais le le sujet je pense. Voilà. Donc il y a ça dans l’écosystème aujourd’hui.

Julien LOMBARD : Non, non. Mais ce qui est à mon avis fondamental parce que comme tu dis, compte tenu de la fragilité juridique, en tout cas perçue par certains conseils en investisseurs, il y a des bémols à faire là-dessus. Parce que comme on le sait, on peut se raccrocher aux branches du droit, même si ce n’est pas spécifique à l’esport, il y a toujours un cadre juridique qui existe quelque part, donc on peut toujours trouver des solutions. Mais dans cet esprit-là, pour ceux qui disent que c’est une sorte de château de cartes qui peut s’écrouler à un moment ou à un autre, c’est certain que la solidarité entre les clubs ou au sein même de l’écosystème est fondamentale pour conserver une certaine confiance dans la façon de gérer les choses.

Romain SOMBRET : Ouais complètement. Mais c’est un peu friable, c’est à la bonne volonté.

Julien LOMBARD : Tout à fait.

Romain SOMBRET : Donc c’est pas toujours rassurant pour des investisseurs. Ensuite, on a continué, juste pour finir sur la partie levée de fonds, effectivement, on a refait une levée de fonds deux ans après, où là on a fait rentrer un fonds d’investissement qui est le fonds d’investissement de la région Sud.

Julien LOMBARD : Donc là un institutionnel là quand même.

Romain SOMBRET : Un institutionnel voilà et on est encore monté d’un cran en termes de besoins juridiques, avec tout un tas de choses qui n’avaient jamais été demandées par mes actionnaires, qui étaient plus des business angels sur les premiers tours. Où là, effectivement, c’est là où on a mis en place un comité d’orientation stratégique avec un rythme mensuel de réunions avec des KPI à rendre, toute une partie plutôt financière. Puis ils ont un peu challengé le pacte d’associés, ce qui n’avait pas été fait par les autres avant pour y mettre des clauses qui étaient liées à leurs propres besoins. Donc là aussi, il y a eu cette partie négo où là l’avocat a un rôle primordial, ton avocat. Donc eux, ils avaient leurs avocats. Pour ceux qui ne savent pas, voilà, forcément, chaque partie à son avocat. Ton avocat a un rôle primordial qui est pas seulement juridique, qui est aussi c’est lui le bad guy, toi tu es le good guy dans la relation. Donc il y a ça qui est absolument indispensable à garder. Là l’avocat que j’avais était un super bad guy, donc c’était top et c’est vachement sympa cette période-là, de closing un peu, mais qui est une vraie. L’avocat il faut se dire c’est un copain avec qui on va ensemble faire des affaires, enfin moi en tout cas, c’est comme ça que je considère avec qui je travaille.

Julien LOMBARD : Oui comme tu dis, ça dépend des gens, mais c’est sûr que le binôme et la force du binôme permet d’avancer, sinon c’est compliqué. Et avec la région sud, alors, qu’est ce qui a été apporté d’un point de vue, là pour le coup, on est en effet avec un institutionnel, quelles étaient les demandes supplémentaires que n’avaient pas les business angels ou que n’auraient pas des personnes privées ?

Romain SOMBRET : Les conditions de sortie, des clauses de revoyure donc un vrai objectif de temps imposé que les autres ne m’avaient pas demandé. La plupart des investisseurs étaient venus en disant “fais de ton mieux et on verra bien”. Donc là, on a une clause de revoyure en 2025 je crois. Des négos sur en cas de vente, personne ne s’était vraiment posé la question. C’était dans le pacte d’associés de façon assez standard, des questions sur le pilotage de l’entreprise aussi. Si moi je quitte la société.

Julien LOMBARD : Question d’image aussi ou pas ?

Romain SOMBRET : Non pas particulièrement. Ils sont pas trop venus sur ce sujet-là. Plutôt des questions liées au management parce que la boite est détenue en grande partie par Sandra et moi, enfin par ma femme et moi, et forcément, ça tient sur nous. Donc voilà des questions effectivement de reprise en main en cas de décès, donc des sujets que tu n’avais pas forcément envie de te poser avant, mais ça vaut le coup de se les poser quand même.

Julien LOMBARD : Je comprends.

Romain SOMBRET : Voilà donc plutôt plutôt autour de ça, puis après sur la revente, voilà des conditions qui étaient plus liées à leurs propres habitudes que mais qui étaient acceptables.

Julien LOMBARD : Ok, donc là on arrive avec ce troisième tour de table et donc avec MCES qui est bien constitué, bien posé, qui a eu cette expérience de pouvoir avancer dans la dans la structuration interne et donc le développement. Tout au long de ces structuration j’imagine, MCES avance.

Romain SOMBRET : Exactement. On avance donc très très rapidement, on veut être clean. Moi voilà. Donc on se fait agrémenter par la Direction Générale des Entreprises. On est en 2018, donc ça vient de sortir à peu près. On fait un dossier, on est agrémenté, on se met en relation avec France Esports.

Julien LOMBARD : Agrémenté pour le contrat de travail, on parle bien de…

Romain SOMBRET : Voilà ouais, c’est ça, c’est ça. On se met en relation avec France Esports pour voir un peu les bonnes pratiques. On essaie de rencontrer un maximum de personnes pour comprendre l’écosystème. On recrute du monde puisque les fonds qu’on a levés, c’est essentiellement pour recruter des gens au management. Donc là on recrute nos lignes de management en CDI, donc on est sur du droit du travail standard. Et puis arrive la question des joueurs où j’entends d’un côté le marché qui me dit “non mais tout le monde est en auto-entrepreneur, mais il y a un contrat qui est sorti”, donc nous on fait les good guys et nos premiers joueurs on les prend sous le contrat.

Julien LOMBARD : Le CDD esport.

Romain SOMBRET : Le CDD Sport. Exactement. Sauf que au bout de six mois, un joueur démissionne, s’en va et me plante. Sauf que j’en ai un autre qui qui joue plus et qui s’en fout, qui a plus envie et que c’est compliqué de le licencier et qu’en fait on n’est pas dans. Les joueurs, ne sont pas des professionnels, c’est des gamins qui s’amusent, qui deviennent pros, qu’on paye pour qu’ils s’amusent. Et donc le contrat déjà sur l’esprit, il n’est pas forcément adapté. En plus de ça, il y a des horaires qui ne sont pas du tout en ligne. Ils jouent le samedi, ils jouent dimanche. Donc si vraiment on considère que c’est un travail, on est totalement hors des clous. Ils jouent 60 heures par semaine, donc il y a plein de choses qui font que c’est pas très adapté. Et puis des fois, puisqu’on est dépendant d’un éditeur de jeu pendant trois mois, l’éditeur de jeu, il n’y a pas de compet, donc on a des joueurs qui ne travaillent pas, qui peuvent s’entraîner un petit peu bien sûr.

Julien LOMBARD : Tout à fait.

Romain SOMBRET : Donc on revient en arrière, puis on se dit finalement on va faire comme tout le monde, beaucoup de monde traite plutôt en prestation de service et on retravaille nos contrats. Donc on crée un contrat de prestation de service, toujours avec des avocats bien sûr pour être clean. Un contrat de cession de droit à l’image à côté qui nous permet de gérer les deux. Voilà, sur les aspects juridiques contractuels, ça a été essentiellement, ça en fait, voir que le contrat n’était pas adapté.

Julien LOMBARD : Et n’était pas adapté justement comme tu l’as vu par la pratique, c’est à dire par la pratique que tu en as faite, c’est à dire que ce n’est pas une considération, je vois le contrat et j’ai l’impression que ce n’est pas adapté, c’est que je vois le contrat, je l’applique et en fait, au quotidien, ça ne marche pas.

Romain SOMBRET : Non, ça ne marche pas. Un autre sujet aussi, c’est la compétition qu’il y a entre les équipes et un joueur qui a 18 ans, à qui on propose 1 500 € net, qui nous coûte 2005. Lui, il préfère aller à 2003 en auto-entrepreneur, à l’équipe d’à côté. Et donc ils ne comprennent pas que c’est protecteur pour eux et ils ont presque l’impression que c’est nous qui leur volons voilà. Ils sont pas matures là-dessus. Donc on fait un travail avec les parents, il y a des groupes de travail avec les parents pour expliquer, etc. Puis c’est très international. Donc on a un autre sujet, on recrute un joueur suédois, un joueur estonien, un joueur machin pour lui faire un contrat de travail en France. On essaye, on essaye, mais c’est une catastrophe. Donc on dit bon, écoute, tu as une entreprise en Suède ouais ? Ben facture nous une presta. Et après on découvre aussi, parce que ça c’est un autre sujet juridique, que c’est de notre responsabilité de faire en sorte que nos joueurs sous contrat payent leur URSSAF côté auto-entrepreneur. Donc on doit aussi mettre en place un suivi de chacun de nos joueurs, de chacun des contrats sur le paiement de ces taxes.

Julien LOMBARD : Sur la partie droit à l’image, cette problématique là et sur la partie du contrat de prestation de service. Il y a aussi généralement la question de la dépendance et donc la vérification de savoir comment le joueur tire d’autres revenus que celui-là. Enfin, il y a énormément de jalons à vérifier au quotidien et c’est sûr que ça c’est un gros travail en interne à faire.

Romain SOMBRET : Et parfois on est aussi face à des, alors on est aussi tombé sur des joueurs mineurs. Autre complexité on a contacté la Caisse des Dépôts et consignations pour voir quel statut avaient les joueurs d’esport mineur. Récemment, les youtubeurs ont été reconnus, je crois. Est-ce que ça peut être considéré comme des artistes ? Je te parle d’un joueur mineur. Je vais te donner des cas très concrets d’un joueur mineur qui habite à Bordeaux, qui est chez les parents, qui va à l’école, qui joue le soir, qui s’entraîne le soir avec des coachs à nous, qui jouent le week end en compétition, mais pas dans une relation de travail avec lui, plutôt dans une relation effectivement de droit à l’image. La Caisse des Dépôts et Consignations ne savent pas. Ils considèrent que c’est pas des youtubeurs mais que c’est pas des sportifs professionnels, donc très compliqué. On a géré ça. Parfois les parents ont monté des boîtes qui gèrent les droits d’image, nous facturent une prestation, mais c’est flou. Moi, je préférerais avoir un cadre où le gamin, il a quatorze ans, il est esportif, il est rémunéré par des équipes parce que c’est comme ça, parce qu’il a du talent, c’est carré, c’est droit, c’est nickel, Il n’y a pas ça aujourd’hui. Donc on est, on bricole à chaque fois au cas par cas.

Julien LOMBARD : On bricole. Et puis c’est aussi au bon vouloir des personnes, de la compréhension de chacun. Comme tu dis le joueur c’est déjà un truc, mais les parents aussi pour essayer de leur expliquer, pour essayer de leur faire comprendre, pour essayer qu’eux-mêmes fassent attention et s’occupent de leurs enfants s’ils peuvent le faire. Mais bon, comme eux aussi bossent.

Romain SOMBRET : Bien sûr. Mais tu vois, il y a ce sujet. Tu as raison Julien. Il y a le sujet, moi mon DAF par exemple, moi j’avais tendance à faire confiance aux parents, mais mon DAF me disait non mais il faut qu’il bloque l’argent sur un compte, donc il doit ouvrir un compte bloqué, etc. Et on était souvent face à des parents cleans qui disaient non mais attendez ! Et d’ailleurs il allait voir la banque, c’était pas possible, ils allaient voir la Caisse des Dépôts, c’étaient pas possible. Donc on était bloqués, c’était tendu du coup, parce que nous on disait “mais nous on veut pas verser l’argent si on n’est pas sûr que l’argent va être pour l’enfant”. Et les parents disaient “mais c’est mon fils”. C’est des vraies situations.

Julien LOMBARD : Mais exactement, mais c’est exactement ça. Et ça, ça s’est amélioré depuis le temps. Tu parles là, sans doute de 2018-2019, est ce que ces dernières années, on a un peu plus de visibilité ?

Romain SOMBRET : Non, juridiquement, pas plus que ça. Nous, on a progressé dans notre discours, dans ce qu’on dit, on est plus carré, on sait ce qu’on peut faire, pas faire, on connaît le point de vue des parents, donc ça va mieux. Maintenant, on arrive avec un cadre qui est le nôtre en disant “voilà, nous on vous propose ça, on l’a fait avant avec tel joueur, tel joueur, ça a marché”, donc c’est plus clean de notre côté, mais c’est nous quoi. Enfin, c’est pas…

Julien LOMBARD : La Caisse des Dépôts et Consignations par exemple. Vous avez toujours pas un contact sur place ?

Romain SOMBRET : Non, non. Et puis tu passes trois coups de fil différents, trois personnes différentes, tu as trois versions différentes, donc ça n’a pas évolué de ce côté-là.

Julien LOMBARD : Donc la problématique du mineur se pose toujours au quotidien quoi. Au niveau des cashprizes ou au niveau des paiements, des prestations ou des.

Romain SOMBRET : Alors tu as raison, les cashprizes nous, je parle notamment de Fortnite. Les cashprizes, on ne les touche pas, c’est eux en direct qui touchent les cashprizes. Ça c’est un vrai autre problème, c’est que ces cashprizes viennent des quatre coins du monde.

Julien LOMBARD : J’avais entendu que Epic était en négociation, en discussion avec la Caisse des Dépôts justement, et que donc…

Romain SOMBRET : C’est possible.

Julien LOMBARD : Il y avait un sujet qui se posait, mais en tout cas c’est pas résolu aujourd’hui.

Romain SOMBRET : Et du coup, un autre problème qu’on a eu, juridique, certains enfants arrivaient à gérer l’école en parallèle de leur carrière professionnelle, nous on a toujours poussé plutôt pour un message d’équilibre, c’est à dire nous on a toujours dit “qu’il continue ses cours, on va adapter, nous, nos entraînements à son rythme de vie, etc etc”. Néanmoins, souvent, les enfants, eux, qu’est-ce qu’ils ont envie ? C’est pousser plus loin encore leur performance. Et donc ils arrivent à convaincre les parents qu’il faut qu’ils aillent plus à l’école et qui passe par le CNIL. Et donc on a eu des cas comme ça où le CNIL demandait “oui ok, mais est ce qu’il est vraiment sportif, professionnel, à quelle fédé est-il rattaché, etc”. Parce qu’on est incapable de prouver aujourd’hui. France Esports a fait des discussions à chaque fois du cas par cas. Mais comme il n’y a pas un statut vraiment de esportif professionnel en France, c’est à chaque fois du cas par cas.

Julien LOMBARD : C’est du bricolage comme tu dis, c’est voilà, tant qu’on n’a pas un cadre, on ne peut pas anticiper, on ne peut pas protéger, encadrer les choses de manière définitive entre guillemets ou à tout le moins plutôt précises. Et donc on est obligé de s’adapter. Et là c’est au-delà du juridique. Mais avec ta casquette de président de MCES, c’est surtout le temps passé, j’imagine, à la fois par toi, à la fois par tes équipes, pour essayer d’avoir cette présentation des choses auprès de tout le monde et donc cette éducation qui est à donner auprès de chacun des intervenants, du joueur, des parents, des banques, des organisateurs d’événements de la Caisse des Dépôts comme tu disais, du monde du monde éducatif, etc. Et de l’autre de gérer aussi le business de la boîte. C’est à dire que les compétitions soient faites, que les joueurs puissent être bien entraînés, d’aller chercher des partenaires, etc etc. C’est un équilibre complexe et à mon avis pas facile pour le club aujourd’hui.

Romain SOMBRET : Qui nous fait perdre beaucoup de temps mais qui freine aussi. Je pense à un exemple. On a signé avec un grand club du nord de la France où on a géré la collaboration sur FIFA, c’est le LOSC voilà. Eux, leur problématique, c’était une problématique juridique, c’est à dire qu’eux, un auto-entrepreneur qui jouent pour eux, c’est pas possible en fait. Dans les règles d’un club de foot, c’est pas possible. Donc ça freine ce business là parce que du coup ils sont obligés de sous-traiter cette prestation à un partenaire, il se trouve que c’était nous, qui lui est capable de prendre ce risque. Mais pour eux, c’était très clair, c’était impossible d’aller dans l’esport tant qu’il n’y a pas un cadre juridique sur les contrats, les compétitions, etc etc. Donc ça freine beaucoup d’investisseurs potentiels, investisseurs, clubs ou investisseurs autres pour venir dans notre dans notre domaine. Ce flou-là, il est mal perçu par les gens extérieurs.

Julien LOMBARD : Donc ça c’est un des sujets vraiment centraux que tu as au quotidien.

Romain SOMBRET : Que j’ai au quotidien et je suis aussi chez France Esports. Qui fait l’objet de beaucoup de discussions avec les pouvoirs publics. Une des complexités de l’esport aujourd’hui, c’est qu’on est dans trois cases différentes. C’est bien et c’est gênant. On est dans les industries culturelles et créatives, on est secrétariat d’Etat au numérique et on est au sport. Donc en fait, on est un objet comme ça, dont on sait pas trop à qui est ce qu’on doit le structurer, comme le cinéma parce que c’est le jeu vidéo et donc c’est de la création artistique. Est-ce que c’est du numérique ? Et on est plutôt sur la réduction de la fracture numérique ou est-ce que c’est du sport parce qu’il y a des compètes ? Et donc ces institutions qui prennent beaucoup de temps, comme tu peux l’imaginer, pour légiférer et ensuite avoir effectivement faire passer des lois qui permettent de structurer tout ça. Mais, mais c’est en tout cas un travail en cours. Il y a eu des avancées quand même sur certains points qui parfois sont mineurs mais qui peuvent résoudre pas mal de problèmes pour des équipes pros, notamment l’obtention des visas par exemple, qui est facilitée quand tu es sportif professionnel. Donc voilà, le mouvement est en cours, il va falloir une vraie volonté politique pour que ça avance, pour que l’écosystème ait les moyens de faire remonter ses besoins, d’exprimer ce qu’il faut faire et qu’on arrive à rentrer dans la loi.

Julien LOMBARD : On avait d’autres sujets qui auraient pu être intéressants, mais on aura l’occasion de se revoir sur les transferts notamment ou sur d’autres choses. Mais sur les questions un peu classiques de fin d’entretien, j’aime bien solliciter l’invité sur déjà les conseils que toi tu peux donner aux auditeurs qui nous ont écouté, ont vu que tu avais pu résoudre quand même pas mal de choses à la fois dans la création, la structuration de la société. Et puis on parlait de bricolage, mais en même temps, c’est du bricolage qui marche puisque a priori il y a une bonne entente à la fois entre ton club et les joueurs et également les autres clubs. Donc il y a un écosystème qui fonctionne. Quels sont toi les conseils que tu donnes justement lorsqu’un auditeur est confronté à des problèmes juridiques vraiment du quotidien ?

Romain SOMBRET : D’abord, il faut s’y intéresser un minimum, même si moi j’ai plus une casquette d’entrepreneur et c’est pas des sujets qui m’attirent naturellement on va dire. Je considère au départ que c’est plus une perte de temps que… Mais on est obligé de s’y intéresser. Donc qu’il faut, faut avoir une couche pour être capable de parler avec des spécialistes. Et ensuite il faut s’entourer d’experts, de spécialistes, de gens qui connaissent, qui savent. Moi, le meilleur recrutement que j’ai fait, c’est pas un joueur, c’est mon directeur financier. Depuis qu’il est là, ma vie a changé. Parce que lui, même si c’est pas un avocat, il connaît, il sait et il sait comment faire. Donc c’est hyper important de s’entourer de personnes qui savent, qui connaissent, qui donnent un avis éclairé ou qui vont aller chercher les bonnes infos au bon endroit parce que c’est un flou et que c’est pas évident. Donc il faut s’y intéresser, il faut s’entourer et puis après on est dans une phase de l’esport où il faut accepter, je disais ça prend du temps, mais je l’accepte. Il faut convaincre, il faut discuter, il faut expliquer aux parents, aux jeunes. Il Faut passer du temps là-dessus, même si pas du temps productif pour une entreprise, ça rapporte pas d’argent, mais ça fait partie de ce que, à mon sens, chaque entrepreneur dans l’esport doit doit faire.

Julien LOMBARD : Sur l’avenir juridique et législative de l’esport. Tu parlais du point central du contrat de travail et de la nécessité d’arriver à pouvoir échanger et discuter avec ces trois pôles sur lequel se trouve l’esport. Qu’est-ce que tu vois là ? Est-ce que les déclarations d’Emmanuel Macron, par exemple, rassurent ou en tout cas donnent des perspectives plutôt positives pour l’avenir ?

Romain SOMBRET : Complètement. Et pas que les déclarations. Ces déclarations arrivent après un travail de lobbying qui a été fait et de discussions en amont avec les équipes des différents candidats d’ailleurs. Et là je pense qu’on est sûr effectivement l’équipe qui a le plus pris conscience du sujet. Je sais pas si tu as vu d’ailleurs, il avait le pull Vitality 24 h avant d’aller voter, on l’a tous vu.

Julien LOMBARD : J’ai vu oui.

Romain SOMBRET : Ce qui prouve qu’au moins c’est de la politique après donc on est conscient de…

Julien LOMBARD : Il s’est trompé de club mais au moins.

Romain SOMBRET : Il s’est trompé de club. Ouais non mais c’était une belle série bleu blanc rouge en plus. Donc à minima, il est conscient qu’il y a un sujet. Ses équipes sont conscientes qu’il y a un sujet, il y a une vraie volonté. Mais il y a des sujets de structuration du monde amateur…

Julien LOMBARD : Ça viendra avec.

Romain SOMBRET : Ouais, ça vient avec. Je pense que le sport quand même à cent ans d’existence, à des règles qui sont, on ne peut pas tout prendre comme ça parce que l’esport appartient à des éditeurs, etc. Évidemment, Mais en tout cas, il y a quand même des choses qui peuvent être copiées-collées dans le monde de l’esport pour donner lieu à des financements. Parce qu’après c’est aussi, c’est à dire tu vois, un club comme nous, même un petit club amateur ne peut en aucun cas aller chercher des subventions alors que n’importe quelle école de danse va pouvoir le faire. Donc il va falloir structurer tout ça pour que le monde amateur, à mon sens, c’est un des grands enjeux du quinquennat qui vient, d’attirer des compétitions mondiales pour faire rayonner la France. Oui, bien sûr. C’est génial, c’est top ! Et ça, c’est super pour le public.

Julien LOMBARD : Mais ça c’est le haut du panier.

Romain SOMBRET : Ça c’est le haut du panier. Mais il y a aussi des discussions, heureusement, notamment à travers France Esports, avec des personnes plus grass roots qui réfléchissent à comment on va pouvoir aussi accompagner le développement de l’esport amateur.

Julien LOMBARD : Donc ça, c’est une des choses importantes à tes yeux sur le développement du monde amateur pour repartir en fait du bas, quitte à ce que les deux se rejoignent.

Romain SOMBRET : Exactement. Voilà la grande différence du sport. Le sport s’est construit par la pratique amateur d’abord, puis ensuite est devenu professionnel, de l’argent est arrivé. Là l’esport, on est sur un modèle à l’inverse, où le haut du panier s’est créé avant tout le reste. Et l’esport amateur existe évidemment.

Julien LOMBARD : Grâce à des passionnés justement.

Romain SOMBRET : Voilà, grâce à des passionnés bénévoles qui font ça bien, mais sans cadre. Je te prends un exemple tout bête, un coach d’esport aujourd’hui peut très bien être fiché au fichier des personnes qui ont fait des choses pas bien. Voilà, sans aucun contrôle.

Julien LOMBARD : Des agressions sexuelles.

Romain SOMBRET : Voilà des agressions sexuelles. Donc il faut aligner et pas réinventer la roue. On est sur du droit commun. C’est les mêmes problématiques que le sport notamment. Donc il y a beaucoup de choses à aller chercher pour appliquer quoi.

Julien LOMBARD : Il y a eu, c’est vrai, la réforme sur le contrôle d’honorabilité qui a permis.

Romain SOMBRET : Voilà, pardon, j’avais pas le terme.

Julien LOMBARD : Mais c’est vrai, qui a permis en effet de pouvoir inclure ce contrôle-là dans l’esport. Il y a une nécessité d’avancer sur ces sujets-là et comme tu dis, de rapprocher certains aspects du sport sur l’esport, des aspects fondamentaux pour le développement du secteur.

Romain SOMBRET : Exactement.

Julien LOMBARD : Merci Romain pour cet échange.

Romain SOMBRET : Merci Julien, c’était très sympa.

Julien LOMBARD : À bientôt.

Romain SOMBRET : Merci Julien.

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