Episode 8 – Droit à l’esport – Entretien avec Hugo HERTLING

Pour ce nouvel échange, j’ai eu l’opportunité de rencontrer Hugo Hertling, fondateur et directeur général de la célèbre structure esportive Izidream.

Durant ce nouvel épisode, Hugo explicitera en détail le fonctionnement de ce club qui a pour particularité d’être la filiale de la société Izitek, spécialisée dans la digitalisation, la dématérialisation et les nouvelles technologies.

Au cours de cette conversation, Hugo reviendra sur la volonté d’Izidream d’employer ses joueurs sous l’égide du CDD Esportif à la suite de l’obtention de l’agrément esport début 2022. Il nous expliquera alors le choix de la structure qui, face aux difficultés rencontrées avec cet outil contractuel, a décidé d’opter pour le recours aux contrats de prestations de services.

Par ailleurs, nous évoquerons ensemble l’évolution des valeurs portées par Izidream qui souhaite aujourd’hui devenir une structure réputée pour sa politique de formation et d’accompagnement des joueurs et ce, notamment afin de s’appuyer sur son savoir-faire en la matière.

Pour finir, nous traiterons de la problématique des agents de joueurs esportifs qui ne disposent, pour l’heure, d’aucun cadre juridique en la matière, ce qui peut parfois engendrer d’importantes difficultés pour les clubs.

En guise d’ouverture, Hugo détaillera ses souhaits pour l’avenir des clubs esportifs en matière de relation contractuelle et de formation des joueurs, tout en analysant la faisabilité de la création d’un groupement réunissant l’ensemble des clubs esportifs.

Une nouvelle fois, je tiens à remercier Hugo pour cet échange qui fût à la fois pertinent et passionnant !

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Retranscription de l’épisode :

Julien Lombard : Et voilà. Nous passons maintenant à l’entretien, l’entretien avec Hugo. Hugo, qui est le directeur général d’Izidream et que je remercie infiniment d’être présent aujourd’hui pour ce podcast droit à l’esport qui traite toujours des problématiques juridiques rencontrées par les acteurs de l’esport. Bonjour Hugo,

Hugo Hertling : Bonjour Julien, merci pour l’invitation.

Julien Lombard : Merci à toi. Merci de venir nous parler de ton expérience et des problèmes que tu as pu rencontrer mais surtout que tu as pu résoudre avec le temps j’imagine. Je voulais d’abord te poser une question, plus générale et d’introduction, sur un petit peu ton histoire personnelle avec l’esport, comment tu es rentré dans ce monde-là ?

Hugo Hertling : Alors personnellement, je joue aux jeux vidéo depuis que j’ai deux ans, j’ai fait mes 25 années, donc ça va faire 23 ans que je joue aux jeux vidéo. J’ai commencé sans même savoir lire, donc on va dire que je cassais un peu les pieds à ma maman sur la console. Elle a pris beaucoup de temps mais au final, j’ai dû me débrouiller tout seul. Donc j’ai toujours joué aux jeux vidéo. Mon père m’a transmis cette passion depuis que j’ai cinq ans je le regarde jouer à Warcraft III. J’ai joué à WOW à sa sortie, donc quand j’avais six ans. Starcraft à onze. J’ai toujours joué aux jeux vidéo et l’esport en particulier, c’est que, du fait que j’aime jouer aux jeux vidéo et j’aime la compétition finalement, la plupart des joueurs de jeux vidéo qui veulent s’améliorer regardent de la compétition et moi, c’est venu naturellement là-dedans. Donc tout simplement, c’est juste que c’est quelque chose qui baigne en moi et même des fois vraiment juste jouer aux jeux vidéo, ça fait partie de mes passions et c’est ce que je fais au quotidien. J’adore le sport aussi, mais le sport, on ne peut pas en faire autant que le jeu vidéo. Donc simplement ça fait partie de mon quotidien quoi.

Julien Lombard : Ok, super. Et donc comment on passe alors de cette passion à justement à ce que ça devienne un métier ?

Hugo Hertling : Des opportunités. J’ai la chance de partager cette passion avec mon père et lui a voulu y croire après divers entretiens et il m’a proposé de lancer une aventure ensemble. On va dire qu’à 19 ans, le moment où on lance ça, je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait et il m’a fallu pas mal de temps de formation avant que je puisse qualifier ça d’un vrai métier. Mais en tout cas pour moi, pour ma part en tout cas, ça vient juste de la passion. Et si on n’est pas passionné, on ne peut pas vivre, en tout cas essayer de vivre de ça.

Julien Lombard : Et donc dans l’histoire, en fait, ce passage-là entre la casquette joueur et la casquette professionnel, et donc dans vouloir faire ton métier, c’est à 19 ans. C’est à ce moment-là que les premiers échanges avec ton père te font prendre conscience et lui aussi prendre conscience que tu veux faire ça, que tu veux vivre de ta passion et faire ça ton métier.

Hugo Hertling : Non, c’est que globalement, quand j’avais quinze ans, j’avais un meilleur niveau qu’actuellement.

Julien Lombard : Sur quel jeu ?

Hugo Hertling : Sur League of Legends. J’avais des opportunités avec des collègues qui voulaient monter des équipes, etc. Mais j’étais aussi très bon à l’école. On va dire que ça a fait peur à mes parents. Pour eux, l’esport. Mon père s’est intéressé aux jeux vidéo plus particulièrement à League of Legends, même s’il jouait, pour justement recréer un lien social avec moi. Et à quinze ans, il m’a fait comprendre que c’était mieux que je m’investisse plus dans les études plutôt que dans les jeux vidéo. Mais j’ai jamais quitté cette passion. On en a souvent parlé vu qu’il s’est investi avec moi et à 19 ans, lui a eu plusieurs opportunités et rencontres et il m’a dit bah si tu veux, cette fois on peut peut-être lancer un projet et moi travailler avec mon père dans une entreprise de jeux vidéo. C’était juste oui, direct et j’y suis allé tête baissée, sans rien comprendre. Ce n’est pas ma formation de base, ni rien. J’ai appris sur sur le fil, tout simplement.

Julien Lombard : Et alors, comment ça se passe justement ces premières étapes ? C’est à dire qu’on va rentrer déjà un petit peu dans le mélange entre ton histoire, et ce que tu as vécu pour arriver là où tu es, qui est quand même assez extraordinaire d’avoir d’être à la tête d’Izidream, d’avoir créé cette équipe, de voir ce qu’elle est aujourd’hui. Mais déjà, dès le début, on est sur des problématiques juridiques parce que, à 19 ans, on échange avec ton père, qu’est-ce que vous faites ? Vous constituez d’abord une société ensemble, avec un objet social qui est qui est l’esport ?

Hugo Hertling : C’est ça. On a une opportunité avec le PAUC. Donc le club de handball de Aix en Provence qui est en Division 1, qui est très orienté esport, en tout cas, qui croit lui aussi en l’esport. Donc on crée une société, une SAS, avec le club de hand et mon père et moi actionnaires. En partant du constat qu’on voulait professionnaliser la pratique et après s’être renseigné brièvement, je pense que si on doit refaire le parcours, on s’est pas assez renseigné avant de se lancer sur sur la scène. Mais on a eu une opportunité avec les différents clients d’Izitek puis une trouvaille d’une équipe, de constituer une équipe rapidement qui était très forte. Donc on s’est dit c’est le moment, il faut se lancer. On veut accompagner et aider la professionnalisation de ses joueurs parce qu’on récupère des joueurs qui sont, à l’époque l’équivalent d’une Ligue 2, même si c’est encore aujourd’hui un tournoi ouvert avec de très bons joueurs, un très bon prospect notamment Toucouille. Et on se dit nous, on va les accompagner, on va faire d’eux des professionnels comme ce qu’on sait faire avec le PAUC.

Julien Lombard : Juste pour info, Izitek est en fait la maison mère de Izidream.

Hugo Hertling : Izitek c’est la maison mère ouais. Donc maintenant c’est le groupe Izitek. Parce qu’à un moment en 2019, il y avait pas mal de sociétés mais on considérait pas encore ça comme un groupe. Je crois qu’en 2019 on passe de 70 salariés, on est 300 collaborateurs maintenant. Izitek, c’est la maison mère, c’est le groupe Iziktek et on a à peu près une quinzaine de sociétés qui sont autour des métiers du numérique dans le groupe.

Julien Lombard : Tu veux développer un petit peu sur justement Izitek et les différentes activités du groupe ?

Hugo Hertling : On peut le faire rapidement, Izitek à la base, c’est de la location de matériel informatique. Notamment, moi ce que je dis toujours en référence, c’est qu’on a pendant longtemps équipé tous les kikous de France, en tout cas la plupart. Et puis ça fait aussi de la sonorisation, enfin l’installation d’équipements numériques. Après, dans le groupe, on a aussi une captive bancaire, donc assurance et prêt bancaire, si je dis pas de bêtises, on a dû l’ENR, donc de l’énergie renouvelable, on installe des carport et des photovoltaïques, on a du développement d’applications mobiles avec Kreactive. On a un centre de formation depuis deux ans. On a plein de sous métiers qui sont dans le groupe, donc passage de câbles, tirage de réseaux, etc.

Julien Lombard : Il y a un lien dans ce côté justement numérique qui peut être utile dans l’activité d’Izidream, notamment pour mettre en place certains réseaux ou pour justement développer une activité supplémentaire lorsque vous avez fait le gaming house, j’imagine que c’était plutôt utile d’avoir les connaissances et l’expertise de ces sociétés du groupe pour pouvoir pour Izidream.

Hugo Hertling : C’est-à-dire que nous, ça a jamais été un problème de tout ce qui est s’équiper informatiquement ou le parc, problème de réseau. On a toujours eu directement les solutions à n’importe quel problème lié à ce qui est numérique et informatique, donc ça aide énormément. Et en fait ça permet de ne pas se poser la question sur : méthode de financement, comment on va s’équiper, qu’est-ce qu’on va mettre, comment on va accompagner les joueurs ? Directement, on était au top finalement, on avait tout ce qu’il fallait, notamment qu’on avait l’expérience d’une entreprise qui a plus de 20 ans maintenant. Donc on a directement repris les codes d’une entreprise traditionnelle.

Julien Lombard : C’est ça tous les codes, toute l’expertise quoi. Donc première expérience avec Izidream, c’est justement cette équipe, cette équipe LOL.

Hugo Hertling : C’est ça, on lance une équipe LOL qu’on décide de salarier dès le début. Donc je ne vais pas dire de bêtises mais on utilise le CDD esport dès qu’il est lancé. On surpaye un peu les joueurs à cette époque mais dans le but de se faire connaître de la scène sportive. Et on croit en eux, on les accompagne, on les fait venir en gaming house, on les loge, on les nourrit, on leur commence à leur faire un suivi mental et sportif. Ça leur a permis de remporter la division 2 haut la main après quelques mois seulement au sein de Izidream. Donc belle première réussite.

Julien Lombard : Belle réussite esportive en tout cas. Mais voilà donc belle réussite sportive mais coûteuse et coûteuse parce que vous passez par ce système de contrat esport. Voilà, pour annoncer un petit peu l’épisode et l’entretien, on va beaucoup tourner autour de la relation entre le club et le joueur. On a eu des précédents épisodes avec des invités qui avaient leurs casquettes de joueurs, notamment Enki qui est un ancien joueur d’Izidream. Mais c’était bien aussi d’avoir la perspective club et surtout dans cette relation que le club peut avoir avec le joueur. Et là, ce qui est intéressant avec ce que tu dis Hugo, c’est que vous, la première approche dans cette relation là, ça a été de dire : on le fait de manière carrée, on le fait de manière légale avec le contour juridique qui nous a été accordé, qui est ce CDD esportif, mais ce CDD sportif pour le coup, il faut avoir un agrément, ce que vous avez donc obtenu assez rapidement.

Hugo Hertling : Ouais mais si je dis pas de bêtises les premiers, on a mis un peu de temps, mais c’est qu’on les a d’abord salariés au nom du club, pour ensuite le temps d’attendre, d’obtenir l’agrément le temps qu’on obtienne l’agrément, on faisait partie de la LFL, donc on a été promu en Ligue 1. Je crois que c’est 2020, quelque chose comme ça. Et à partir de 2020, on tente de salariés en CDD les joueurs sous l’agrément CDD Esport.

Julien Lombard : Alors, quelles sont les problématiques que vous avez rencontrées à ce moment-là ?

Hugo Hertling : Très coûteux par rapport aux rentrées d’argent, ça, c’est, je pense, tout le, tout l’esport en général, c’est un problème pour toutes les équipes. Ensuite, on a vu que beaucoup de joueurs étaient non informés par rapport aux clauses des contrats de CDD et que c’était des contrats qui étaient beaucoup trop carrés pour la pratique du esport professionnel. C’est à dire que c’est compliqué de faire rentrer les 35 h.

Julien Lombard : Beaucoup trop contraignant.

Hugo Hertling : Pour tous les partis, autant que ce soit pour l’employeur que pour le joueur. On ne peut pas faire rentrer dans les 35 h, ils ont des horaires de matchs qui sont pas dans les horaires de travail traditionnel. Voilà, ils n’étaient pas informés en fait finalement. Et on peut pas gérer en tant que club. Moi j’ai tendance à dire qu’on est un petit club parce que sur les réseaux sociaux, on paraît petit en termes de fanbase, mais en termes d’infrastructures, on est parmi les plus grands de mon point de vue. On va dire que même pour un club comme le nôtre, c’était pas possible de gérer un CDD esport en cas de mercato ou de ça se passe mal avec le joueur.

Julien Lombard : Mauvaises relations ?

Hugo Hertling : Mauvaises relations avec le joueur.

Julien Lombard : Mauvaises relations avec le joueur, baisse de performance, difficultés relationnelles. Enfin voilà ce qui peut arriver dans la vie et dans la relation entre un club et un joueur ou même entre des personnes en tant que tel. C’est que malheureusement, on peut avoir des intérêts qui peuvent être divergents et donc comment on le résout ? Et la problématique du CDD esportif, c’est que ça ne permettait pas de résoudre facilement ce type de problématique.

Hugo Hertling : Non, au contraire, je pense qu’on on verra plus tard dans l’épisode. Mais notre grande force, c’est notre grande chance qu’on a eue sur Izidream, c’est qu’on a tellement été carré sur l’accompagnement des joueurs depuis le début qu’on a eu aucun souci en termes de fin de contrat et rupture de contrat avec n’importe quel joueur, même sous le CDD esport qu’on avait avec eux. Sachant qu’on a fait deux tentatives avec l’équipe League of Legends en 2020 et l’équipe Rainbow Six qu’on avait en 2020-2021.

Julien Lombard : D’accord, quand tu dis deux tentatives, c’est deux tentatives de sortie de contrat, c’est ça ?

Hugo Hertling : On a fait, on va dire, on a deux équipes qu’on a tenté de salarier sous le CDD esport.

Julien Lombard : C’est ce que j’allais poser. J’allais poser la question de savoir si c’était que sur LOL, mais tu as répondu puisque justement ça a été aussi sur Rainbow Six comme comme tentative et là non plus ça n’a pas fonctionné.

Hugo Hertling : Rainbow Six c’était un peu différent. Donc là on a commencé par l’auto-entrepreneur avec les joueurs puisqu’ils commençaient à plus petit niveau. Pareil, on les encadre, on les fait venir en gaming house, on leur fait à manger, ils ont des coachs sportifs, ils ont des coachs attitrés et là ils ont un manager avec eux qui s’occupe beaucoup du projet. Donc il passe donc de Top six, donc sixième de la Ligue française à Top deux de la Ligue française et une qualification en Ligue européenne, donc à l’époque l’équivalent de la LEC pour League of Legends, je crois que c’est EURL. À partir du moment où il monte, on apprend que le club est trop petit pour leurs attentes malgré le fait qu’on les a salariés qu’on les a mis en CDD. On arrive dans un problématique où qu’est-ce qu’on fait maintenant qu’ils sont salariés et qu’ils veulent partir de chez nous ?

Julien Lombard : Et donc ?

Hugo Hertling : Et donc il a fallu trouver un entre deux pour tout le monde, on a dû négocier, on a de la chance. Le manager de cette époque s’est occupé de. Il nous avait promis une grosse sortie buy-out pour vendre la place. C’est pas autant que ce qu’on aurait voulu, mais on a pu trouver un arrangement qui a fait que quelqu’un a racheté le contrat des joueurs et on a pu s’en sortir avec un beau buy-out pour l’époque où c’était.

Julien Lombard : Mais ce qui montre encore une fois qu’il y a eu une nécessité de trouver un accord en commun. C’était finalement une sorte de rupture amiable.

Hugo Hertling : C’était une rupture amiable qui a été plus compliquée à gérer que celle avec les autres.

Julien Lombard : Voilà, c’est ça. Et la difficulté, c’est que vous n’aviez pas d’ouverture pour ce qu’on appelle une rupture unilatérale. Ça veut dire que l’une des parties décidait véritablement de rompre le contrat parce que les conséquences étaient peut-être trop graves pour le club et pour le joueur. Et donc vous étiez obligé de passer par une rupture amiable.

Hugo Hertling : C’est ça. Là, on a de la chance, c’est que c’est les joueurs qui voulaient partir absolument. Donc ça nous a quand même facilité pas mal toute cette période. Néanmoins, on ne voulait pas s’en sortir avec aucun retour sur investissement pour ce qu’on a fait pour l’équipe, surtout qu’on avait un attachement pour les joueurs. 2020, ç’est encore une époque où on était très proches des joueurs. Une erreur qu’on essaie de ne plus refaire. Et ça devient compliqué après de devoir traiter avec eux pendant cette période-là en fait pour l’accompagnement sur l’avenir, qu’est ce qui va se passer.

Julien Lombard : Ouais. Très proche des joueurs. Enfin, l’inverse de très proche des joueurs ne veut pas dire qu’on s’en désintéresse ou qu’on s’occupe pas d’eux. La difficulté pour vous, j’imagine, mais tu me dis si je me trompe, mais la difficulté pour vous, c’est que en fait, vous étiez juge et arbitre, c’est à dire que vous essayez pour le bien de tout le monde, de trouver des solutions. Mais en même temps, vous avez aussi en tant que club, vos propres intérêts que vous êtes obligés de protéger, non pas seulement pour vous à titre personnel, mais pour tous les autres membres du club. Quand je dis club, je veux dire la société et donc les autres jeux. Parce qu’un impact sur R6 va avoir un impact sur les investissements que vous pouvez faire sur LOL ou sur d’autres jeux. Donc tout ça, c’est pas simple à ce niveau-là et c’est la raison pour laquelle c’est toujours mieux d’avoir des contrats qui sont assez carrés, notamment sur les sorties, parce qu’au moins tout le monde sait ce qu’il en retourne et quelles ont, quelles vont être les conséquences et pas que vous, vous ayez à penser à la fois pour le bien de vous et des autres clubs et en même temps pour le bien des joueurs qui ont leurs propres intérêts à protéger.

Hugo Hertling : C’est ça, Ça nous a énormément appris sur cette période. Du coup, la relation des joueurs et ce fut néanmoins une très belle histoire qui s’est passée avec eux parce qu’ils sont montés au plus haut niveau sous les couleurs d’Izidream. Et puis finalement, tout s’est plutôt bien arrangé quoi.

Julien Lombard : Non, non, je comprends. Mais donc là on est en 2020 et donc ça a quand même une conséquence ensuite, sur votre mode opératoire par la suite, non seulement sur LOL, mais aussi sur les autres jeux.

Hugo Hertling : C’est ça. Après ces deux échecs quant aux CDD esport qu’on a essayé d’implémenter, on passe directement à ce que font la plupart des équipes : c’est on cherche des joueurs en autoentrepreneur. Avant cela, on va quand même avoir six mois, sept mois avec beaucoup de départs chez Izidream, de restructurations, de questionnements, de comment on veut avancer. Et on arrive en 2021 où la politique, ça va être d’embaucher des joueurs sur des jeux individuels qui sont moins coûteux en auto-entrepreneurs. Donc c’est là notre arrivée sur des jeux comme Hearthstone, Smash Bros, TFT et Trackmania.

Julien Lombard : Juste sur la partie restructuration. Qu’est-ce que tu veux dire juridiquement, au niveau de la restructuration ?

Hugo Hertling : Ça n’a pas été juridiquement ces méthodes de fonctionnement au sein du club. ?

Julien Lombard : Non non parce que ça aussi ça peut arriver comme toutes sociétés, il peut y avoir une nécessité de restructuration à un moment ou à un autre. Mais ce qui n’a pas été le cas d’Izidream vous, c’était une restructuration opérationnelle en fait. Donc là, vous partez sur des contrats individuels, sur des jeux individuels et donc des contrats qui sont moins coûteux, comme tu dis. Quel a été le processus de rédaction de ces contrats, de négociations avec les joueurs et ensuite, quelles sont les conséquences que tu en as tiré ? Encore une fois, là je reste vraiment sur les plateformes de jeu individuels.

Hugo Hertling : Pour le processus de rédaction des contrats, on est passé par le cabinet d’avocats du groupe. On a essayé de faire des contrats qui étaient relativement simples parce que on est au courant de la volatilité, de l’ambiguïté que peuvent avoir les contrats au sein de l’esport, surtout de l’autoentrepreneur. La définition, c’est quand même qu’il ait possibilité d’avoir plusieurs employeurs a contrario de ce que veut un club esport. Et la deuxième question, c’était ?

Julien Lombard : Justement c’est la négociation avec les joueurs. Est-ce que vous avez fait une appréciation différente par rapport à ce que vous aviez avant ? Est-ce que…

Hugo Hertling : Comment ça s’est passé, c’est que je me suis plus impliqué dans la négociation directe avec les joueurs pour apprendre à les connaître à partir de maintenant. Donc, ce qui nous a réussi, c’est toujours le feeling qu’on avait avec les joueurs, le ressenti est ce qu’ils pouvaient feat avec notre méthode de fonctionner. Donc il y a eu des gros passages de questionnement et donc d’entretiens avec les joueurs. Savoir s’ils allaient s’entendre avec la politique qu’on menait sur Izidream qui étaient d’être plutôt proches et une relation approfondie avec les joueurs. Et surtout, on ne veut pas de mésentente. Si ça va être un cas compliqué, on évite de le récupérer. Si ça se sent directement, on va éviter directement de le récupérer ou en tout cas de lui faire une proposition.

Julien Lombard : Est-ce que à cette époque-là, il y avait des clauses spécifiques du contrat que tu avais pu identifier et qui étaient déjà problématiques ou qui étaient un peu techniques et qui nécessitaient une attention particulière.

Hugo Hertling : En général dans l’esport. Je pense que c’est la problématique de buy-out sur les joueurs qui est technique. On a la chance qu’en France ils ont annoncé qu’ils n’étaient pas très regardants pour le moment sur les contrats esportifs, mais c’est quelque chose. C’est pour ça qu’on limitait beaucoup les contraintes qu’on mettait aux joueurs sur le contrat est vraiment axé sur le terme représentation des équipes et accompagnement d’un joueur. C’est quelque chose qu’on n’a pas trouvé de réponse aujourd’hui.

Julien Lombard : D’autres choses éventuellement sur l’indépendance du joueur, sur la possibilité pour lui de streamer sur d’autres choses, sur d’autres supports, sur ses obligations, les obligations du joueur vis à vis de l’équipe ? Est-ce que ça, ça a toujours été assez fluide ou ça a été des sujets qui pouvaient être parfois un peu complexes pour arriver à bien définir ce qui était attendu d’un côté et ce qui était voulu de l’autre ?

Hugo Hertling : On va dire que ça n’a pas été une problématique chez Izidream parce que on a globalement ciblé des joueurs et nous, ce qu’on attendait d’eux, c’était de faire des compétitions. Donc le contrat était ciblé sur les représentations en compétition avec possiblement pour certains joueurs des bonus de représentation en cas d’heures streamées supplémentaires ou avec des justificatifs. Pourquoi je dis ça ? Parce qu’on a tenté de travailler avec des influenceurs où là, dans ce cas-là, il faut être beaucoup plus précis sur le temps de représentation : qu’est-ce qu’on attend de cette personne ? Et en fait, c’est quelque chose qu’on n’a pas réussi à mettre en place. On n’a pas réussi à trouver les bonnes personnes ou ça n’a pas été bien fait, en tout cas de notre côté, et on n’a jamais réussi à travailler dans ce sens-là pour que ce soit hyper précis, hyper calibré. D’où le process de validation en amont où il fallait quelqu’un qui feat avec notre manière de procéder.

Julien Lombard : Ça c’est vachement intéressant je trouve, parce que, encore une fois, on a souvent l’impression, lorsque on imagine des joueurs professionnels, que grosso modo c’est un all inclusive, c’est à dire que c’est la personne et c’est lui entièrement sur tout. Et ce qui est intéressant chez Izidream, de ce que tu nous dis, c’est qu’on peut faire la part des choses, on peut faire la part des choses entre l’activité du joueur professionnel et donc véritablement sa capacité à être un esportif de haut niveau et qui donc nécessite de l’entraînement, qui nécessite de l’assiduité, de la compétence, de l’engagement, de la compétition en tant que telle et tout le côté image, influence, stream, autre qui peut être séparé, qui peut dire à côté sur cette partie-là, tu fais ce que tu veux, tu es libre de ça. Ce qui d’ailleurs renforce le côté de prestation de service si je peux me permettre Hugo. Ça renforce cette qualification de prestation de service et non pas d’une éventuelle requalification. C’est plutôt dans le bon sens me semble-t-il.

Hugo Hertling : En tout cas pour moi, c’est comme ça qu’il faut s’occuper des joueurs parce qu’ils ont leurs activités annexes pour certains, je vais prendre l’exemple d’Enki, il avait d’autres activités en plus Izidream notamment il essayait de vivre de l’influence. Nous, on n’était pas en capacité de payer ses services d’influence ou en tout cas on l’attendait, on l’a embauché en tant que joueur professionnel, donc il fallait séparer ces parties pour que lui puisse gagner sa croûte à côté et soit libre de tenter de nouvelles activations et d’avoir de nouveaux partenaires.

Julien Lombard : Donc ça, c’est très intéressant. Et donc ça, c’est quelque chose que vous avez mis en place à la fois pour ces fameux jeux de 2020-2021 avec Hearstone et avec Smash, mais c’est quelque chose que vous avez reproduit ensuite dans les autres jeux, et notamment les jeux sur lesquels vous êtes aujourd’hui ?

Hugo Hertling : C’est quelque chose qu’on affine. Je pense qu’au début, ça commence à dater un peu, mais au début on a dû tenter de demander des heures particulières. Mais on voit quand même un coût humain de checker que les heures ont bien été remplies. Qu’est ce qui remplit ? Est-ce qu’ils font son quota de tweets ? Et en fait, on s’est rendu compte que c’était plus simple pour nous. Et en tant que club qui veut s’affirmer comme un club formateur de promotion de jeunes joueurs, c’était mieux pour nous de s’orienter sur vraiment la promotion du joueur en tant que esportif et dans la qualification de son jeu. Qu’il soit juste meilleur sur son domaine. C’était ça notre objectif. Il ne fallait pas qu’on perde du temps à essayer de trouver quelque chose d’autre, à part si le joueur lui le demandait.

Julien Lombard : Donc on est quoi ? On est 2021, on peut dire dans l’évolution ? Voilà, j’aime bien le côté aussi un peu chronologique parce que ça montre aussi une évolution de l’appréciation juridique des choses, même si j’ai l’impression que, en ayant été aussi tôt conseillé par un cabinet d’avocats, ça vous a permis d’être juridiquement plutôt structuré et protégé. Mais là on est en 2021, on est encore un peu covid. Quelles sont à ce moment-là, les approches qu’Izidream à l’égard des joueurs et à l’égard des jeux ?

Hugo Hertling : Si je peux juste rajouter quelque chose en plus du cabinet d’avocats et la structuration, c’est que Izidream a été obligé de se structurer et de faire attention parce qu’on fait partie du groupe Izitek. Le groupe Izitek, ça prend des contrôles fiscaux, les contrôles URSSAF, tout ce qui va avec. On est habitué à ce genre de procédure, donc on sait qu’il faut faire les choses bien au quotidien, même si le secteur de l’esport n’est pas touché actuellement. Nous, on est dans le devoir de faire les choses.

Julien Lombard : Bien sûr, on a connu d’autres groupes qui avaient des équipes pour ne pas les nommer LDLC qui avait aussi cette problématique-là de faire partie à la fois d’un groupe encore plus fort qui regroupait plus de gens et qui donc avait l’obligation d’être au carré du côté de l’esport. Et ça, c’est exactement ce que vous faites.

Hugo Hertling : Ce qu’on essaie en tout cas. 2021 On commence à se lancer. Esportivement parlant, on est de plus en plus reconnus, en tout cas en tant qu’équipe. C’est le début, peut être des équipes d’influenceurs. Nous, on trouve que ça roule du côté sportif, mais on a un problème qui est le revenu. Évidemment, vu qu’on n’a pas de business model à proprement dit, on attend les revenus médias de la plupart des jeux, ça ne tombe pas. Donc on se reconcentre sur notre idée de base qui était d’encadrer la pratique esportive. Et en 2021, nous on crée la Izibox, donc c’est un module esport. Enfin un module gaming transportable de trois mètres sur six mètres, un petit peu un style de conteneur équipé de six postes de gaming qui a pour objectif de faciliter l’accès à l’esport au plus grand nombre. Et donc moi, ma vision des choses quand on l’a créée, c’était mettre ça dans les mairies, possiblement accompagner d’un club de sport qui s’occupe de la box pour créer des clubs de sport amateur. On en est là en 2021 et à côté de ça, on continue à se développer sur les jeux vidéo, enfin sur les jeux compétitifs. Donc on va être en LFL, première fois qu’on va mettre énormément de budget pour une équipe, ce qui ne va pas être très fructuant et on va continuer de se développer sur les jeux annexes pour continuer d’assurer une notoriété comme on peut avant l’arrivée des équipes d’influenceurs.

Julien Lombard : Les jeux annexes justement, c’est lesquels ?

Hugo Hertling : Sur 2021, on doit annoncer Hearthstone, Trackmania. C’est ceux que j’ai cité. Hearthstone, Trackmania Smash Bros.

Julien Lombard : Et Izibox, pour bien le comprendre aussi, d’un point de vue juridique, vous créez une autre société au sein toujours de Izitek ou c’est une des activités d’Izidream ?

Hugo Hertling : C’est une des activités d’Izidream, on décide de mettre dans le business plan et business model d’Izidream. Et pour la faire, on va utiliser l’ensemble des métiers du groupe du numérique. Donc passage de câbles, installation des PC, commandes, sécurité. L’ensemble des métiers d’Izidream, on va les mettre au service pour créer la box.

Julien Lombard : Excellent ! Et comme c’est au sein d’Izidream, est-ce qu’avec les joueurs vous leur demandez aussi de participer à la promotion d’Izibox ?

Hugo Hertling : On leur demande de participer à la promotion des événements qu’on fait sur place. C’est à dire qu’à l’époque, en 2021, on a les joueurs qui sont entièrement sur place, logés à la gaming house, donc au bureau Izidream puisqu’on a des chambres et un espace de vie et on leur demande de participer aux événements pour promouvoir le système>.

Julien Lombard : Ce qui est normal uisque ça fait partie d’Izidream. Donc c’est quelque chose qui est tout à fait logique actuellement.

Hugo Hertling : Actuellement c’est des choses qu’on continue à faire avec les joueurs.

Julien Lombard : Peut-être petite parenthèse mais quel est le retour sur la Izibox au niveau justement des mairies, au niveau des communautés là-dessus ? C’est quelque chose qui fonctionne bien, vous êtes contents ?

Hugo Hertling : Ça commence à bien marcher après trois ans, donc ça prend énormément de temps. En même temps, les discussions et négociations avec la mairie sont très très longues. On a fait beaucoup de tests, il y a eu beaucoup de formats différents d’accompagnement et là on commence à trouver une bonne piste. Donc on en a vendu quelques-unes, moins que nos espérances de la vente, mais on en a mis en place quelques-unes. Là, ça commence à plus décoller. C

Julien Lombard : C’est quand même quelque chose de fixe, c’est à dire qu’on est sur une Izibox qui a vocation à rester un an ou deux ans sur site, ou c’est quelque chose qui a vocation à un peu plus bouger ? On a un événement dans telle mairie, on en a besoin pendant, je sais pas moi, une semaine ou deux semaines ou un mois, on fait venir la Izibox et ensuite on la rend ?

Hugo Hertling : Alors nous, ce qu’on fait à Rognac, celle qui est la plus installée, qui tourne le mieux, c’est que en général, ils ont un événement ou deux par an, donc ils la gardent sur un lieu fixe et on la bouge 1 à 2 fois dans l’année pour leurs différents événements au sein de la commune.

Julien Lombard : Donc il y a à la fois une partie de la location et en même temps une prestation de service pour justement la mise en place, l’installation, le retrait et la vérification.

Hugo Hertling : Si je ne dis pas de bêtises dans le contrat, on leur doit un ou deux déplacements dans l’année.

Julien Lombard : C’est ça, là pour le coup, vous avez fait dans le même contrat une location prestation en fait. Ok, donc ça c’est une volonté aussi d’un point de vue business, de pouvoir développer la Izibox. Et alors la partie compétition esportive d’Izidream, ou est ce qu’on en est à ce moment-là sur cette relation des joueurs dont tu parlais, sur cette volonté à la fois d’être moins proche peut être émotionnellement pour être moins arbitre et quand même comprendre qu’il y a des intérêts divergents, mais en même temps être plus accompagnateur du joueur pour lui permettre de mieux appréhender les obligations et les droits qu’il peut avoir au titre du contrat. Comment les choses se passent à ce moment-là ?

Hugo Hertling : Donc 2021, c’est l’époque où on est encore très proche des joueurs en termes de relations humaines. Donc là, on va dire, la grosse différence, c’est qu’on va commencer le processus d’accompagnement des joueurs à côté de leur carrière, notamment. À ce moment-là, il y a encore beaucoup de joueurs, on comprend pas trop comment ils sont payés dans les autres équipes, dans les équipes précédentes. Voilà, on cherche un petit peu, on ne trouve pas d’auto-entreprises. Donc on va être dans ce processus d’information et de respect des clauses contractuelles qu’on doit avoir auprès d’un Etat finalement. Donc, on va être dans ce processus où on va les accompagner à créer des auto-entreprises, les informer de comment ça marche ou en tout cas essayer de voir qu’est -qui a cloché dans des anciennes équipes, pourquoi à certains moments, ils ont eu des problèmes de paiement. On va commencer à les informer et à les accompagner sur comment ils doivent gérer administrativement leur carrière. C’est là surtout 2021. C’est le gros point qu’on fait. C’est une année qui était compliquée en termes de résultats, mais très forte en émotions. On a eu des belles périodes, des belles rencontres et c’est là où on va se rendre compte que les joueurs trouvent que c’est un cadre exceptionnel qu’on met en place, mais nous, on n’est pas très doué pour faire des choix compétitifs qui marchent. Pourquoi je dis ça ? C’est que, en 2020, la première équipe qu’on met en LFL, on garde les quatre mêmes joueurs, sauf un qui a voulu partir. D’ailleurs à cette époque-là, il va dans une autre équipe alors qu’il était en CDD. Donc on a terminé le contrat à l’amiable alors qu’on aurait pu réclamer quelque chose en contrepartie. Donc on monte cette équipe avec les quatre joueurs avec qui on leur a donné une chance. On fait zéro victoire pour quatorze défaites et en fait voilà, on est trop attaché dans la continuité de travailler avec les mêmes joueurs pour essayer de leur fournir une carrière qui soit stable. Et on va faire cette erreur jusqu’en 2022. Donc de 2020 à 2022, on va apprendre à accompagner les joueurs et on leur fait un peu trop confiance ou en tout cas on leur donne trop de crédit pour qu’on ait des résultats compétitifs qui soient satisfaisants.

Julien Lombard : Juste un truc, quand tu poses la question justement aux joueurs en essayant de savoir comment ça se passe dans les autres équipes, ça veut dire que vous avez assez peu de relations avec les autres équipes ? Il n’y a pas de discussion, même informelle, sur comment les choses se passent, quelles vont être leurs problématiques, quelles vont être les vôtres, comment éventuellement en discuter pour trouver des solutions en commun. Ça n’existe pas tant que ça ?

Hugo Hertling : Pas chez Izidream. Je pense que certaines grosses équipes un peu plus, mais chacun gère un petit peu à sa manière. Parce que vu qu’il n’y a pas de modèle établi dans l’esport et vu que nous on fait partie d’un groupe, d’autant plus, on peut vraiment pas avoir les mêmes méthodes que la plupart des équipes.

Julien Lombard : Parce que je dis ça, je triche un peu parce que comme c’est un sujet que j’essaie de porter sur les groupements d’entreprises ou justement de clubs, d’organisateurs, de joueurs, que ça soit en mode syndicat, que ça soit en mode association ou union. C’est pour ça que j’essayais de voir s’il y avait des échanges.

Hugo Hertling : 2021-2022, ça n’allait pas encore, ça commence pour moi parce qu’après je suis pas dans les plus grosses équipes qui sont au niveau européen. 2023-2024, c’est un des plus forts sujets à ce niveau-là, c’est beaucoup plus important, mais ça reste entre les équipes du même échelon.

Julien Lombard : Je comprends si on le si on le fait par analogie avec le sport, ce qui n’est pas anormal non plus.

Hugo Hertling : Non, ce n’est pas normal du tout puisqu’en plus on n’a pas du tout les mêmes problématiques.

Julien Lombard : Oui oui, c’est vrai. Donc on est en 2022. Donc il y a un changement de paradigme de la part d’Izidream sur la volonté d’avoir en effet plus des résultats et peut être d’être un peu plus attentif sur les contrats et sur la relation avec les joueurs.

Hugo Hertling : Simplement, on est rétrogradé en division deux sur LOL, ça joue beaucoup en fait, on se rend compte que on n’a peut-être pas la bonne approche en termes de construction d’équipe. On est persuadé que l’approche relation-joueurs et l’accompagnement qu’on peut mettre en place, que ce soit au niveau structurel, tout ce qu’il faut, ça marche parce qu’on a que des retours positifs de tous les joueurs, mais on voit que les résultats ne suivent pas. Donc on arrive en 2022. Là, on est en division 2 et on gagne les deux splits en continuant ce qu’on a mis en place. Donc l’accompagnement des joueurs, leur créer des auto-entreprises, leur expliquer comment ça marche et on fait la même stratégie sur l’ensemble des jeux. On a un joueur qui s’appelle Modzai, qu’on doit recruter dans ces eaux-là, qui explose au niveau européen. Il fait plus de 60 tournois dans l’année, donc je vous laisserai faire le calcula fait énormément. Tout simplement. Donc on se rend compte que c’est une équipe qui est forte pour accompagner finalement juste les joueurs à performer.

Julien Lombard : Alors comment le formaliser ça justement, est ce que c’est quelque chose que vous avez mis en place ? Est-ce que c’est quelque chose sur lequel vous travaillez aujourd’hui, sur cette formalisation de l’accompagnement ?

Hugo Hertling : Ouais parce qu’en 2022, c’est quelque chose, on se rend pas compte, on le touche pas bien du doigt, mais il faut 2023 et qu’on se fasse une nouvelle fois rétrograder en division 2 pour que ça soit essayé d’être formalisé. Mais globalement, c’est le chemin qu’on décide de prendre depuis cette année où on a envie de se positionner en tant que club formateur référent en tout cas dans l’accompagnement des pépites françaises sur le plan esportif. Donc là, c’est juste faire en sorte de continuer à faire ce qu’on fait au quotidien avec les joueurs, c’est à dire l’accompagnement à la création d’auto-entrepreneur, les informer sur les aspects juridiques, qu’est-ce qu’il faut accepter dans un contrat ? Leur dire simplement par exemple c’est tout bête, mais mes joueurs Smash Bros, je suis obligé de leur dire avant de signer le contrat lis-le, pose toi cinq minutes, dix-quinze minutes, lis-le avec quelqu’un que tu connais. Même si vous nous faites confiance, prenez le temps de lire ce qu’il y a marqué.

Julien Lombard : Alors là, la question qui se pose c’est quid des agents à ce moment-là ? Parce que à vouloir avoir cette double casquette fait que soit on a des joueurs qui ne sont pas représentés et à ce moment-là, ils sont un peu livrés à eux-mêmes et donc vous êtes obligé de faire tout le travail des deux côtés, soit ils sont représentés et à ce moment-là, votre bienveillance peut parfois être confrontée à l’intérêt du joueur, mais peut être aussi parfois pire de l’agent, non ? Comment ça se passe là-dessus ?

Hugo Hertling : Alors les agents, ça arrive surtout, Je pense qu’il y en avait avant, mais là on commence à en côtoyer c’est 2022. A savoir que, on a la chance sur la plupart des jeux individuels où nous on continue d’avoir un accompagnement avec les joueurs même s’il y a des problématiques dans la scène esportive, les joueurs sont individuellement sur les plus petits jeux sont très rarement représentés. Donc quand c’est moi qui fais les négociations, c’est un peu plus simple. Et pour l’accompagnement, voilà, créer un lien avec le joueur ç’est d’autant plus simple. Mais je me rappelle avoir eu une négociation avec un agent qui disait qu’il ne croyait pas dans les projets familiaux, ce qui est compréhensible parce qu’il y a eu beaucoup de problèmes dans l’esport, notamment contractuellement. Je sais qu’avec par exemple TrainHard, mais je sais que notre approche, ce n’est pas l’approche majoritaire, en tout cas pour la plupart des agents. Donc en 2022, on commence à rencontrer les agents et en 2022, c’est la continuité de l’explosion des salaires des joueurs. Donc on a l’impression de ne plus avoir affaire à des agents. Surtout qu’il n’y a pas d’agrément pour être agent de joueur esport. Demain, toi et moi on peut se dire bah voilà, je connais un joueur, il veut bien être que je sois son représentant, je deal avec n’importe quelle marque, n’importe quelle équipe, demander ce que je veux au joueur. Il n’y a pas d’agrément, il n’y a aucune juridiction là-dessus. Et on a l’impression en 2022 que les joueurs, ils sont là pour le mercato. Faire signer au plus offrant le joueur.

Julien Lombard : Les agents sont là pour le mercato, les agents sont là pour le mercato.

Hugo Hertling : Et on va plus en entendre parler jusqu’à prochaine, soit pendant l’offseason. Donc le moment où on va renégocier les contrats, où il va y avoir peut-être d’autres approches, d’autres équipes, où jusqu’à l’année prochaine en fait.

Julien Lombard : C’est à dire que c’est là où tu distingues, en tout cas, toi, ce que tu vis véritablement, c’est quand tu parles encore une fois de l’accompagnement des joueurs, c’est que tu te retrouves toi, équipe, à devoir accompagner les joueurs. Mais c’est pas accompagner les joueurs au sein de l’équipe, c’est les accompagner personnellement et individuellement pour, comme tu dis, la création d’entreprise pour s’assurer qu’ils respectent le paiement des différentes cotisations sociales, que s’ils ont des questions par rapport à je sais pas, des choses bêtes, mais la prévoyance, la retraite, des choses comme ça, là, là-dessus, c’est vous qui êtes en front pour pouvoir vous occuper de ça. Et dès qu’il s’agit de passer sur un mercato ou un offseason de négociations, à ce moment-là, les agents réapparaissent et font en fait le filtre. Mais un filtre qui n’est pas forcément positif entre vous et les joueurs, c’est ça que tu vis au quotidien ?

 

Hugo Hertling : En tout cas, c’est ce qu’on vit en 2022, l’impression que ça donne. Il y a vraiment beaucoup plus d’agents à ce moment-là. On a l’impression qu’il y a eu un gros filtrage qui s’est fait au fil des années notamment. Je dis ça parce que là, depuis deux ans, j’ai eu au moins cinq ou six joueurs qui étaient représentés par le même agent. Donc on a pu voir que c’est un gros filtrage qui a été fait alors qu’avant c’était beaucoup plus éparpillé, mais c’était compliqué de trouver le juste milieu entre ce qu’on pouvait proposer aux joueurs et qu’est-ce que l’agent il allait demander en fait, sachant qu’aujourd’hui il y a encore des agents. Enfin il y a certains joueurs, ça fait quelques temps qui sont représentés par un agent qui, encore au début de l’année, n’était pas représenté par une entreprise pour pouvoir émettre des facturations.

Julien Lombard : Et tu peux avoir des problématiques aussi où tu vas avoir des agents qui vont demander à faire partie du contrat qui lie le club aux joueurs. Et ça, c’est une vraie problématique.

Hugo Hertling : En fait c’est exact ce que tu dis, c’est que nous, on est au quotidien avec les joueurs pour leur expliquer comment ça marche, tout ce qu’on disait. Et en même temps, l’agent va vouloir qu’on émette une facturation à son nom sur une base du salaire du joueur et donc qu’on ne paye pas la totalité au joueur. Sauf que, il y a environ un an, deux ans, on n’avait pas réfléchi à la situation et cette année je me suis dit c’est pas normal que l’agent nous émette une facture et que nous on ait à le payer.

Julien Lombard : Bien sûr, c’est pas votre relation, ce n’est pas votre relation. La relation c’est l’agent est un mandataire du joueur. Donc on a le joueur qui est un mandant qui donne à son mandataire un certain pouvoir de représentation et donc le contrat qui doit être signé, c’est entre le mandant et le mandataire et pas du tout entre le mandataire et la partie co-contractante, c’est à dire le club. C’est pas possible.

Hugo Hertling : C’est ça. Et donc on est arrivé dans une situation où on en discutait, c’est on nous a demandé de faire des contrats tripartites entre le joueur, l’agent et le club. Sauf qu’il y a peut-être deux ans, on se disait pourquoi pas ? Parce qu’on réfléchit pas à la situation. Depuis cette année, on s’est rendu compte que c’était pas à nous d’interagir directement, en tout cas dans le paiement et dans la manière de fonctionner avec l’agent. A ce titre-là, on voit que l’esport commence à être structuré au niveau professionnel, mais on peut avoir des cas comme avec les agents. On se rend compte qu’on est loin d’une structuration qui est juridiquement correcte.

Julien Lombard : Et donc ce que tu dis là, depuis 2023-2024, c’est que tu constates qu’il y a des agents qui sont un peu plus professionnels par rapport à ça.

Hugo Hertling : En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il y a moins d’agents, on a l’impression, donc forcément, c’est qu’il y a un tri qui a été fait par les joueurs dans ce qu’ils proposent, finalement. Parce que, vu que nous, on les voit toujours que pendant la période de mercato, j’espère qu’ils font un meilleur suivi que seulement se voir pendant certaines périodes.

Julien Lombard : Et ça tu as un écho de la part des joueurs justement là-dessus ?

Hugo Hertling : Pas tellement. J’aurais dû peut-être demander avant de venir.

Julien Lombard : Non mais c’est pas ça mais c’est…

Hugo Hertling : J’en entends très rarement parler et même quelqu’un, dont je suis assez proche c’est Viking, c’est un joueur qui était chez IziDream là-dessus sur l’année 2021, on était très proche des joueurs et c’est notamment pour ça que je ne veux plus le recruter sur IziDream parce que je m’estime trop proche de lui pour pouvoir établir un contrat avec lui. C’est que même, il me disait qu’il avait l’impression que son agent avait des fois capoté son mercato.

Julien Lombard : Là ça commence à devenir problématique à ce moment-là. Là, on a vu un peu cette période 2022-2023, maintenant, 2023, 2024. Quelles sont un peu les objectifs d’Izidream sur la continuité de cette relation joueur-club ? Qu’est-ce que vous avez envie ? Qu’est-ce que vous cherchez à faire ?

Hugo Hertling : Finalement tout ce dont on a parlé de 2023 2022, ce fait qu’on soit bon en accompagnement des joueurs, en fait, c’est des choses qu’on se rendait pas compte que c’était une force. Donc 2024, on se rend compte que c’est quelque chose qui peut être l’identité du club. Donc on a décidé de dire aux joueurs cette année, nous les joueurs, qu’on recrute, notre objectif, ça va être de vous accompagner au meilleur niveau, faire en sorte que vous gagnez, vous faciliter la vie, donc vous aider dans toutes vos démarches, tout l’accompagnement, tout ce qu’on continue à faire. Mais par exemple, sur League of Legends, notre objectif, ça va pas être de promouvoir l’équipe en Division 1. Ça va être simplement de montrer que le club est bon pour former des joueurs et donc créer un business model autour de ça. C’est notre première année. Il va y avoir beaucoup de problèmes contractuels, notamment parce que je sais qu’en Division 2, on ne peut pas contracter un joueur pendant deux ans par exemple. Donc le business model d’achat revente de joueurs qu’on peut se faire dans le foot ou dans les autres sports, ce n’est pas possible de notre côté, il va falloir trouver d’autres méthodes. L’objectif est clair sur 2024, c’est s’affirmer en tant que club référent dans la formation de joueurs.

Julien Lombard : Clubs formateurs comme les très très grands clubs formateurs qu’on peut avoir dans le foot comme Lorient, comme Le Havre. Des clubs qui sont très connus pour justement former ensuite des très grands joueurs qui vont exploser au niveau européen et au niveau mondial.

Hugo Hertling : C’est ça parce que nous, on a les infrastructures, on a les équivalents d’une infrastructure presque de niveau européen, on a 800 mètres carrés de bureaux, une salle de sport, quelqu’un qui s’occupe de la communication en CDI, quelqu’un qui s’occupe du graphisme en CDI, un manager en alternance qui devrait passer en CDI si tout va bien. Donc ils ont un encadrement extrêmement fort. Donc en fait l’avantage chez nous c’est qu’ils vont pouvoir se permettre encore de faire des erreurs parce qu’on n’est pas médiatisé à la hauteur des grandes équipes, mais ils auront tout le passage d’un an de professionnalisation parce qu’on va leur apprendre à des pros que ce soit gestion de leur image, gestion de leur administration, gestion de la performance sportive. Et puis une fois que normalement on espère qu’ils auront quitté notre équipe, bah là c’est le moment où ils n’auront plus de raison de ne pas performer en fait. Peu importe quel grand club ils vont rejoindre.

Julien Lombard : Ok, c’est clair. Non, c’est clair, c’est un beau projet là-dessus, C’est un beau projet qui, je trouve, a vraiment tout son sens dans l’évolution de la professionnalisation de l’esport, c’est ça, C’est de se dire on va dire on est encore sur un écosystème très jeune, déjà jeune par l’âge, mais jeune aussi par l’histoire de l’esport compétitif. Et on essaye de monter en gamme, de monter en puissance des joueurs à la fois au niveau de la formation professionnelle et esportive, mais aussi humaine. Et c’est un petit peu tout ce que fait Izidream là-dessus en tout cas, c’est le credo que vous que vous avez pris.

Hugo Hertling : C’est ce qu’on essaie de faire. En effet, ça s’est fait du constat que tous les joueurs qui sont passés par chez nous, ils nous ont dit : “on a eu une expérience incroyable” et ça se répète. Maintenant les joueurs ils ont le choix entre rester au bureau à l’année pour l’équipe League of Legends puisque c’est le plus facile, parce qu’ils ont un calendrier qui est clair et qui est établi, Ils ont le choix entre rester dans les communautés d’Izidream pendant quelques temps, donc trois mois, le temps de la saison, ou d’avoir des périodes obligatoires de bootcamp. Donc venir au bureau pendant un mois afin de respecter leur intimité. Comme ça on est vraiment adaptable et adapté à n’importe quel type de joueur. En fait, une fois qu’ils vont rejoindre une équipe de plus haut niveau, ils ont eu les deux conditions et ils sauront que voilà qu’est ce qui est le mieux pour eux et qu’est ce qui marche bien.

Julien Lombard : Sur cette casquette justement de formation. Est ce qu’il y a quelque chose que vous essayez de développer, de rechercher, comment dire, d’être un centre de formation agréé ou quelles sont les évolutions justement administratives que vous essayez de mettre en place là-dessus ?

Hugo Hertling : Alors, la partie Izidream compétitive, on se dit quand un joueur rentre dedans, c’est déjà trop tard, c’est qu’il va faire pro. Quand on va les repérer ou en tout cas qu’on va les recruter en Division 2, on sait qu’en général ils ont de l’avenir. Nous, l’objectif, cela va être de traiter la division 3 et l’avant division 3, donc sur 2024-2025 ou peut-être plus tard, on espère. En tout cas, on a des pistes pour essayer de créer des premiers espoirs d’études dans les lycées voisins. Première piste. Ensuite, on va essayer de traiter la formation de joueur semi-professionnel. Donc là, l’avantage, c’est qu’on a un groupe dans le groupe, on a un CFA et on aimerait proposer un parcours à des joueurs qui ont un avenir peut être professionnel, pour qu’ils puissent se tenter un an à l’expérience du professionnel tout en ayant un diplôme. Un titre RNCP donc, qui est reconnu par l’État à la fin de leur année. Ça, c’est ce qu’on essaie de mettre en place, c’est ce qu’on aimerait mettre en place. En tout cas, c’est mon utopie et c’est ce qui se fait déjà dans les clubs de sport où par exemple au foot, à la fin du centre de formation, on a un titre d’animateur sportif ou quelque chose comme ça.

Julien Lombard : Allier les deux quoi.

Hugo Hertling : Pour moi c’est la suite du développement du esport professionnel. C’est être capable de fournir à des jeunes un parcours qui va leur permettre de se réorienter si, ça ne marche pas.

Julien Lombard : Bien sûr et ce côté animateur esportif, justement, c’est quelque chose qui ensuite va permettre à ce qu’on ait des personnes qui, ayant été formées, vont mieux accompagner les joueurs esportifs, ce qui va permettre de faire grossir la masse de plus en plus de personnes qui sont entre guillemets professionnelles dans le sens où ils auront déjà eu cet aperçu-là grâce à l’animateur et qu’eux-mêmes vont peut-être aussi devenir animateur. Et tout ça, ça va faire grossir la base. Et je pense que c’est vraiment ça l’avenir de l’esport, c’est faire grossir la base et la faire grossir d’une manière professionnelle et pas seulement d’une manière un petit peu disperse et qui fait qu’on va avoir en fonction des clubs, en fonction des lieux, en fonction des personnes qui font n’importe quoi, soit des personnes qui font bien les choses. Et ça rendra encore une fois l’image de l’e sport encore plus, encore plus forte et encore plus réussie.

Hugo Hertling : Ça permettra aussi de montrer, je sais que souvent dans l’esport, il y a cette problématique parent-enfant. Ça va permettre aussi aux parents d’être plus informés sur qu’est-ce que son enfant peut faire en fait. Par exemple, au début sur Izidream, on venait souvent me voir en disant” mon fils, il est super fort, voilà, il mérite peut-être des pros, qu’est-ce qu’il doit faire, etc”. Mais il s’avère que l’enfant peut être il est platine, mais pour les parents il est hyper fort l’enfant, il pense qu’il est très fort. Mais quelqu’un qui va devenir pro avant quelqu’un qui devenait pro, c’est quelqu’un qui monte dans les équivalents de top 1 % sans même vraiment penser à être professionnel. Sauf que personne n’est informée sur le fait de qu’est-ce que ça représente d’être pro et qu’est-ce qu’il faut pour être pro en tout cas, notamment les parents qui ont tendance à avoir peut-être à bloquer les jeux vidéo ou pas à comprendre ça. Enfin, il y a une désinformation qui est totale pour tout le monde.

Julien Lombard : On a deux écoles pour discuter de plus en plus avec les parents et de les recevoir aussi dans ce podcast, je vais dire deux écoles négatives. C’est l’école des parents qui refusent aux enfants l’accès aux jeux vidéo parce qu’ils considèrent que c’est quelque chose de mauvais et de malsain pour eux. Et l’école des parents qui en fait poussent plus leurs enfants que les enfants eux-mêmes souhaiteraient se développer juste soit par l’appât du gain, soit parce qu’ils comprennent pas du tout quel est le milieu et les conséquences de ce milieu-là.

Hugo Hertling : Par la formation de tout ce cycle-là, je pense qu’on pourra aussi informer de plus en plus la partie amateur qui est encore très peu développée et qu’on essaye de développer petit à petit aussi du côté d’Izidream notamment avec la boxe et ces parcours-là.

Julien Lombard : Ok, bah écoute, merci beaucoup Hugo, J’ai quelques petites questions de fin d’entretien que j’aime bien poser à chacun de mes invités. La première question c’est quels sont les conseils que tu donnerais à tous les auditeurs qui nous écoutent lorsqu’ils font face à des problématiques juridiques ? Quels sont les conseils que tu peux leur donner là-dessus ?

Hugo Hertling : Alors nous ce qui a beaucoup marché sur Izidream, qui n’est pas du tout du cadre juridique, mais en tout cas qui nous a permis de nous en sortir à chaque fois, c’est qu’on a toujours été très transparents avec la plupart de nos interlocuteurs. On a toujours dit la vérité, on n’a rien caché et ça nous a sauvé pas mal de reprises. Sinon tout simplement consulter des experts parce que seul, on peut avoir uniquement des problèmes. Récemment, je sais qu’il y a une étude de cas qui est l’équipe de TrainHard qui n’a pas payé à hauteur de milliers d’euros ses joueurs. Il n’y en a que quelques uns qui ont pu être remboursés et encore pas à la hauteur de ce qui avait été promis. Donc bien s’entourer et ne pas signer n’importe quoi et juste s’entourer de personnes qui s’y connaissent vraiment.

Julien Lombard : Je pense que, au-delà de l’accompagnement, c’est vrai que le fait de dire les choses comme elles sont, et notamment par rapport à l’administration, par des co-contractants, ça permet quand même d’apaiser les choses et de trouver des solutions amiables. C’est quelque chose d’assez assez important là-dessus, je suis d’accord. Quelles sont tes attentes sur sur l’avenir de l’esport et notamment d’un point de vue juridique et institutionnel ?

Hugo Hertling : C’est très compliqué. Il y a tellement à creuser sur l’esport, c’est que par exemple, les équipes de Division 1 ne jouent même pas sur les mêmes bases contractuelles. Il y a des équipes qui sont contractualiser en Allemagne quand d’autres doivent utiliser des contrats qui sont français. Donc c’est essayer d’uniformiser en tout cas d’amener un cadre à la structure professionnelle qu’on peut avoir. Actuellement, il n’y a rien qui répond aux attentes d’un joueur professionnel et il n’y a rien qui répond aux attentes des équipes, notamment parce que c’est trop cher, c’est pas assez flexible. On est obligé de passer par des contrats qui ne sont pas ceux qui devraient être.

Julien Lombard : L’uniformisation des contrats.

Hugo Hertling : Ouais un contrat qui réponde aux attentes des joueurs et des équipes.

Julien Lombard : Est-ce que tu penses que c’est quelque chose qui peut se faire justement au niveau au niveau national, avec, là, les dernières évolutions de structuration qu’on a pu voir ? Tu vois l’intérêt de l’État pour l’esport, la question de la TVA qui est tombée à 5,5, la question du passeport talent qui permet plus facilement à des équipes comme la tienne de pouvoir embaucher des joueurs étrangers. Est-ce que c’est dans cet esprit-là qu’il faut avancer ou c’est plus à l’égard des éditeurs ?

Hugo Hertling : En tout cas, ce qui est sûr, c’est que nous, en France, on a fait des pas en avant, on a beaucoup d’équipes et d’acteurs qui travaillent très bien et énormément pour faire avancer les choses. C’est qu’il y a de plus en plus de personnes dans le collège de France Esports par exemple, qui essayent de faire bouger les choses. Après, le problème des éditeurs, c’est qu’ils ne sont pas en France. Pour moi, il y a tellement de parties qui doivent prendre. Je ne sais pas, je ne saurais même pas répondre. C’est que je sais qu’en France on travaille énormément dans ce sens. L’Etat a déjà mis en place certains changements qui peuvent nous aider, mais j’espère juste que ça va continuer dans ce sens-là. Voilà. Simplement, il y a les éditeurs. Je ne suis même pas sûr. Fin moi pour moi, j’ai l’impression qu’on ne peut rien attendre d’eux en fait. Donc le seul moyen de pousser c’est…

Julien Lombard : Ils viendront accompagner plutôt qu’initier.

Hugo Hertling : Et j’ai l’impression qu’en France en tout cas, on a beaucoup d’acteurs et beaucoup de personnes qui sont moteurs de ces changements.

Julien Lombard : Et là justement, le côté institutionnalisation, est ce que tu espères typiquement une sorte de groupement des clubs ou de syndicats des clubs qui permettrait de mieux appréhender les différents problèmes des uns et des autres et d’essayer d’y répondre d’une manière commune ? Tu y crois à ça à l’avenir ou pas ?

Hugo Hertling : Pas trop, parce qu’actuellement, aucun club n’a le même business model et aucun club ne cherche les mêmes moyens de financement. Tous les clubs cherchent de l’argent simplement et personne, presque personne n’a le même business model. Donc on aurait trop des avis divergents.

Julien Lombard : Les besoins sont les mêmes mais mais les objectifs sont différents.

Hugo Hertling : Exemple quand on était en LFL, ça argumentait sur la possibilité de faire un tweet ou pas, alors pour eux c’est leur business model parce qu’ils vendent leur image. Moi je n’en ai rien à carrer, c’était un tweet, c’est pas ça qui va me faire gagner de l’argent. La différence entre les clubs est trop importante pour. Il faut qu’ils se réunissent dans tous les cas. Mais il faut que les sujets collent à tout le monde. Et les sujets de contractualisation peut-être. C’est des sujets qui peuvent plus unir.

Julien Lombard : De toute façon, il y aura toujours des sujets communs malgré tout. Mais comme tu dis, comme l’objectif principal est de récupérer des fonds et que comme tu dis, les business model ne sont pas les mêmes, ça va être compliqué dans cette optique-là d’arriver à se mettre d’accord. D’où la difficulté de se retrouver avec un groupement.

Hugo Hertling : C’est le seul point que je vois. Après, dans un monde utopique, c’est sûr que tout le monde est groupé et on avance ensemble. Mais il y a tellement de travail et tellement d’avis divergents.

Julien Lombard : Comme tu as pu le dire aussi pendant l’épisode, il faut toujours garder le contact, il faut toujours échanger avec les uns et les autres parce que au moins ça permet de créer de l’émulation et des idées pour peut-être trouver des terrains d’entente. Moi je trouve que ta problématique sur la question de la formation et ta problématique sur le socle contractuel sont à mon avis des sujets qui sont communs à tous. Alors c’est peut-être pas la priorité de chaque club, mais c’est certain que c’est une problématique qui doit être résolue par les clubs, par le secteur, avec les joueurs, avec les éditeurs, éventuellement avec l’aide de l’État s’il y a besoin. Mais ça reste des problématiques centrales.

Hugo Hertling : En tout cas, nous, c’est le chemin qu’on a décidé de prendre parce que, comme j’ai dit, je sais qu’en France, on a vraiment beaucoup de chance sur les acteurs qui sont impliqués dans le développement de l’esport. Chacun s’arme d’une mission et essaie de faire avancer dans son sens. Peut-être qu’à un moment on arrivera à se regrouper, peut-être qu’à un moment quelqu’un trouvera la meilleure façon de marcher dans un club. Mais en tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’en France, à mon avis, on va être dans les pays à créer quelque chose qui est plus pérenne que les autres.

Julien Lombard : Merci beaucoup Hugo.

Hugo Hertling : Merci Julien.

Julien Lombard : Pour pour cet échange. J’espère que c’était aussi intéressant pour les auditeurs que ça a été pour moi. Et puis j’imagine qu’on suit Izidream sur ces prochaines compétitions, que ça soit sur LOL et sur les autres jeux.

Hugo Hertling : Merci beaucoup de m’avoir invité. C’était la première fois que je réalisais un exercice comme ça donc j’espère que ça a été. Pour Izidream n’hésitez pas à nous suivre. Nous on est sur le championnat Division 2 qui va terminer donc fin mars on est dans les premiers donc la partie formation marche assez bien pour publier un petit peu ce qu’on fait à côté. Avec les missions locales Aix en Provence, on a lancé un projet qui est la Gaming House d’Insertion, la GHINS, qui a pour but de réinsérer professionnellement certains jeunes. Donc si vous voulez checker, aller voir un peu ce que font les missions locales, n’hésitez pas parce que je trouve que c’est très sous coté et moi aussi avant d’y aller je pensais pas que ça serait aussi bien. Et je trouve qu’on est, en tout cas en tant que représentant d’Izidream, je suis hyper fier de porter le projet de ce projet-là, donc n’hésitez pas à aller voir aussi.

Julien Lombard : On n’hésitera pas. Moi non plus, je n’hésiterai pas à y aller. Merci encore Hugo.

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